THE SECESSION SESSIONS : ÉRIC BAUDELAIRE AVEC MAXIM GVINJIA À BÉTONSALON
« THE SECESSION SESSIONS » : ÉRIC BAUDELAIRE AVEC MAXIM GVINJIA À BÉTONSALON
Le centre d’art et de recherche Bétonsalon accueille le projet de l’artiste Éric Baudelaire avec Maxim Gvinjia « The Secession Sessions » jusqu’au 8 mars 2014 pour une série de rencontres, de débats et la projection quotidienne de son film Lost Letters to Max.
Le projet commence par une série de lettres écrites à son ami Maxim Gvinjia, ancien ministre des affaires étrangères de la République d’Abkhazie. État sans État, après une guerre de sécession en 1992-1993, l’Abkhazie est reconnue par la Géorgie en 2008. Correspondance à sens unique, Éric Baudelaire ne reçoit pas les lettres de Max que la poste abkaze ne transmet pas à l’international. À certaines heures, il est possible de rencontrer Maxim Gvinjia, représentant de « l’Anambassade d’Abkhazie », mise en scène d’un État imaginaire.
À partir des questions épistolaires d’Éric Baudelaire prenant la forme d’un script, Maxim Gvinjia enregistre ses réponses qui deviendront la voix off de Lost Letters to Max. 74 lettres en 74 jours ponctuent ainsi le documentaire de questions sur les limites d’un Etat, sur ce que c’est de vivre dans un Etat sans existence internationale, de rêver dans un Etat fantôme. Éric Baudelaire revient en Abkhazie en 2013 et 2014 au terme de la correspondance. Que filmer alors ? Les images sont parfois tremblantes, chargées d’une délicate spontanéité et de pudeur. Hésitante, la caméra remonte certains immeubles en ruines cherchant ce qu’elle peut montrer, suggérer ou non de la guerre ou de l’ambiguité géopolitique. Ainsi Éric Baudelaire demande-t-il à son ami : « Max, est-ce que la guerre a à faire dans notre histoire ? ». Impliqué dans l’intimité de Max, le film interroge ici la position de l’artiste, son engagement ou sa partialité « (…)sans chercher à écrire une impossible historiographie objective ». Quelle place pour le témoignage de l’artiste aussi bien distant du film à produire que de cet État fiction, étranger.
L’intérêt du projet d’Éric Baudelaire se situe dans cette correspondance intime avec un ancien ministre des affaires étrangères, en décalage dans le temps et le medium où se dire : la lettre d’une part, l’enregistrement sonore de l’autre. À l’existence ambiguë d’un État, de sa création, Éric Baudelaire déclarant « prendre acte de ces narrations contradictoires » fait bifurquer le politique en prudence et délicatesse.
Flora Moricet
Jeudi 27 février 2014 à 20h30 :The Ugly One d’Eric Baudelaire (101min, 2013) / Une histoire dite par Masao Adachi
Samedi 1er mars 2014 / 15h : Session 7
Une Sécession épistolaire
Morad Montazami & Eric Baudelaire
Samedi 8 mars 2014 / 15h : Session 8
Réinventer l’État ?
Une conversation entre Alain Badiou & Pierre Zaoui
Visuels : Eric Baudelaire, Lost Letters to Max, film still, 2014 © Eric Baudelaire