CHOREGIES D’ORANGE. « GALA VERDI », DEUX STARS MONDIALES DE L’OPERA POUR CELEBRER VERDI

CHOREGIES D’ORANGE 2023. Gala Verdi – Spectacle donné le 24 juillet 2023 dans le Théâtre Antique – Direction musicale : Michelangelo Mazza à la tête de l’Orchestre philharmonique de Nice – Soprano : Anna Netrebko – Ténor : Yusif Eyvazov – Mezzo-soprano : Elena Zhidkova – Baryton : Elchin Azizov.

Si les Chorégies ne présentent qu’un opéra cette année, ce « Gala Verdi » offre une belle compensation avec la venue à Orange pour la première fois de ce couple désormais mythique que le programme annonce comme « les deux plus grandes stars actuelles de l’opéra », à savoir la soprano russe Anna Netrebko et le ténor azerbaïdjanais Yusif Eyvazov. Ces deux monstres sacrés sont pour l’occasion accompagnés de la mezzo-soprano Elena Zhidkova et du baryton Elchin Azizov afin de nous proposer trios et quatuors dans un programme qui donne à écouter des extraits d’opéras figurant parmi les plus belles pages de verdi. Un programme judicieux et varié qui aborde plusieurs facettes de l’œuvre du compositeur et qui vient en complément de la « Nuit Verdienne » présentée il y a deux ans avec un trio masculin, Roberto Alagna, Ludovic Tézier et Ildar Abdrazakov. On peut toutefois regretter l’absence de « Celeste Aida » annoncé sur le programme initial et d’extraits des opéras dits de la maturité.

Ici pas décors ni de mise en scène, seules les voix et la musique sont là, c’est-à-dire l’essence même de l’opéra. La présentation est sobre et élégante et le mur seul, mis en valeur par des éclairages aux couleurs changeantes, sert d’écrin aux chanteurs qui s’emparent de cet immense espace par leur présence et leur talent.

C’est Anna Netrebko qui ouvre le bal en Lady Macbeth dans une longue robe rouge et un grand voile qui flotte au vent pour interpréter « Nel di della vittoria », ce moment de l’opéra où les terribles intentions se dévoilent. Dès les premières notes une voix puissante, colorée et limpide envahit la cavea et dévoile une aisance dans tous les registres et un vibrato parfait. On découvre rapidement le caractère unique de cette voix exceptionnelle, pour ne pas dire divine.

Puis c’est au tour de Yusif Eyvazov de saisir avec beaucoup de charisme le rôle du Duc de Mantoue, désespéré par la disparition de Gilda, dans « Ella mi fu rapita ! » de Rigoletto. La voix est puissante, expressive, claire et transmet l’émotion. Enfin voici les quatre interprètes réunis pour le célèbre quatuor de Rigoletto « Un di, se ben rammentomi… » dans lequel Gilda découvre la trahison du Comte. Une belle mise en espace dans laquelle chaque duo occupe un côté de la scène.

C’est ensuite dans le duo « Invano Alvaro » de « La forza del destino » que nos deux  azerbaïdjanais se rencontrent pour une interprétation solide et sans faille qui traduit toute l’impétuosité de la scène avec un jeu de scène expressif.

Enfin parmi les titres mis à l’honneur dans ce programme figure « Il Trovatore » avec le célèbre air d’Azucena interprété par Elena Zhidkova, le duo « Udiste ? Come albeggi » et surtout, pour clôturer la soirée, le remarquable trio « Tace la notte… », sans doute le plus beau de Verdi et le plus attendu par le public. Une interprétation qui transmet toute la force et l’aspect dramatique de la scène.

La soirée se termine brillamment par un bis, le célèbre duo « Libiamo » de « La Traviata », qui clôture ce spectacle à dominante dramatique sur un ton festif et qui donne l’occasion aux chanteurs d’esquisser quelques pas de valse et au public de taper dans ses mains pour exprimer son enthousiasme.

L’Orchestre philharmonique de Nice, dirigé par Michelangelo Mazza, sait établir un bon équilibre avec la scène et valoriser les voix en donnant souvent la prédominance aux chanteurs. Une incursion dans les œuvres de maturité de Verdi, le ballet de l’acte III d’Otello, lui permet de briller, en particulier par l’importance que l’œuvre donne aux instruments à vent.

Le public est conquis par la découverte de ce couple de légende, véritables perles rares de la scène, et par cette soirée lyrique d’exception qui nous rappelle que, malgré l’éclectisme du programme des Chorégies ces dernières années, l’opéra en reste l’essence même et le fondement.

Jean-Louis Blanc

Photo C. Gromelle

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