FESTIVAL D’AVIGNON. « QUI SOM ? », UNE BOUFFEE D’OXYGENE DANS CE MONDE INQUIETANT
Posted by infernolaredaction on 5 juillet 2024 · Laissez un commentaire

78e FESTIVAL D’AVIGNON. « Qui som ? » Conception et mise en scène Camille Decourtye, Blaï Mateu
Trias – Compagnie Baro d’evel – du 03 au 14 Juillet à 22h dans la Cour du Lycée Saint Joseph – durée : 2h30.
Chaque festival d’Avignon a son lot de spectacles loufoques, poétiques ou d’une dinguerie absolue et pour le coup la compagnie Baro d’evel nous offre un mesclun de ces trois types de spectacles. Issus du cirque, les deux metteurs en scène et interprètes Camille Decourtye et Blaï Mateu Trias apportent chacun à leur manière une pierre essentielle à cet édifice en constant équilibre, comme sur le fil de la vie, l’un insufflant couleurs et rythme et l’autre, issu de la grande famille des clowns, offrant à chaque instant des gestes, postures et mimiques d’une drôlerie absolue.
Sachant inviter de beaux talents, les deux créateurs ont su créer cette compagnie qui semble s’être appropriée tous les arts du spectacle en s’affranchissant de toutes les contraintes, décomplexée en tout dans une vision du monde la plupart du temps onirique mais toujours drôle et bienveillante.
Les comédiens performeurs sont à la fois tous différents et œuvrent de concert pourtant à donner sens à l’ensemble. Chaque individualité construit le monde sous les yeux d’un public tantôt ébahi, comme un enfant assistant à la création du monde, tantôt dans un rire franc et bruyant. Difficile de résister aux premier, second et troisième degré de ces fous rêveurs qui savent réveiller les âmes d’enfants des spectateurs et qui ne cessent de répéter que tout n’est pas perdu, pourvu que chacun ouvre les yeux aux autres.
Les scènes s’enchainent sans interruption, seul le rythme changeant permet de respirer et l’on passe alors d’une pitrerie absolue sur laquelle plane le talent d’un Monty python, d’un Buster Keaton ou d’un Groucho Marx mais également une poésie douce-amère à la manière de Philippe Quesne. Tout est ici délicieusement décalé et permet à chacun d’entrer dans ce monde imaginaire avec curiosité et délectation. Sans narration, la mise en scène mise plus sur l’évocation que sur une histoire trop évidente et c’est au travers de magnifiques images et d’une scénographie millimétrée que le sens apparait. Comment ne pas tomber sous le charme de ce champ de posidonies indéniablement vivantes qui entraîne les spectateurs au fond des océans ? Le public devient alors témoin de toutes nos horreurs et de tous nos excès mais découvre aussi un lieu d’espoir où le mieux reste possible en ouvrant nos cœurs et nos yeux.
L’ensemble de la performance tend alors à démontrer que l’Homme peut sans cesse se relever en s’entraidant et en gommant les différences dans l’adversité. Les images se gravent dans l’imaginaire de tous les spectateurs, parfois à la limite de la grivoiserie, mais justement toujours à la limite entre le vulgaire bon enfant et le génie comique, absurde ou poétique, celui que touche du doigt ce spectacle.
Une magnifique proposition qui procure une bouffée d’oxygène et d’espoir en ces temps pleins de noirceur. Une compagnie sachant donner la pêche et l’envie d’avancer en prenant les autres par la main sans les laisser sur le bord de la route. Une expérience à vivre pendant et après le spectacle.
Pierre Salles
Photo C. Raynaud De Lage / Festival d’Avignon
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