FESTIVAL D’AVIGNON. UNE PREMIERE SERIE DES « VIVE LE SUJET ! » QUI LAISSE SUR SA FAIM

78e FESTIVAL D’AVIGNON. VIVE LE SUJET ! TENTATIVES – Série 1 – à 10h30 et 18h00 du 4 au 7 juillet 2024 – Jardin de la Vierge du Lycée st Joseph.
Après plus de vingt ans dans le jardin dit « de la Vierge » du Lycée St Joseph d’Avignon, la SACD et le Festival renouvellent leur sujet en le déclarant « Vive» et surtout « tentatives » ce qui est sans doute l’indication à prendre le plus au sérieux et avec deux possibilités de voir le même programme à 10h30 et 18h00 sur une durée plus courte de 4 jours…
Et pour cette première série, les deux organisateurs ont invité la danseuse et chorégraphe Anna Massoni et le slameur et poète Félix Jousserand.
DES PETITS GESTES DE RIEN DU TOUT…
La première tentative est celle de « un ensemble (morceaux choisis) » proposé par Anna Massoni qui est accompagnée de la danseuse polonaise Ola Maciejewska, spécialiste des « Danses serpentines » de Loïe Fuller, un ensemble de mouvements quotidiens qui, à force d’être faits, perdent leurs origines et entrent dans la résonnance du corps des danseuses. Toujours le même décor dans la cour avec ce plancher gris et ce magnolia au lointain… Anna Massoni est à la face, elle est debout, pliée en deux, touchant ses pieds, puis jambes croisées, un poing levé puis deux comme pour porter une pancarte ou un flambeau… Au lointain Ola Maciejewska apparaît, vient rejoindre l’autre danseuse, se place derrière et aussi commence cette série de petits gestes sous le bruit persistant des grillons. Les mouvements sont sans emphase, ils se font naturellement, sans idée de performance. Radical, austère, cette tentative apaise de si bon matin mais ne subjugue pas, ce qui manque au bout d’un moment.
LA GUERRE (PRESQUE) OUBLIEE
La seconde proposition est « Le siège de Mossoul – épopée contemporaine » qu’interprète Félix Jousserand, accompagné par le violoncelliste Bruno Ducret qui a l’art de transformer cet instrument comme on ne l’a jamais vu… Une courte pièce qui, comme son nom l’indique, va nous parler de la guerre en Irak, notamment de la prise de Mossoul. Une voix off prévient « il faut reculer pour apprécier le tableau » de près on ne voit que les détails et c’est ce que fait Félix Jousserand en arpentant la petite scène du Jardin de la Vierge et ne nous rappelant les épisodes de cette guerre entre les forces occidentales, notamment américaines et celles de Daech et, je ne sais pas si nous saturons de toutes ces guerres, mais en écoutant ces épisodes pourtant souvent évoqués dans les films à la gloire des forces armées américaines, dans des livres pour évoquer Daech et son inexorable montée de 2013 à 2019, des documentaires… on est presque surpris de découvrir tout cela pourtant si proche de nous… et c’est ce qui rend le projet un peu complexe car la narration et sa forme ne permettent finalement pas d’entendre la position de Félix Jousserand. Il gagnerait à être plus statique pour qu’on se concentre sur les mots… Il finit avec une chanson en arabe de façon forte et poignante à tirer les larmes. Sans doute un peu décalé avec une actualité déjà surchargée d’autres guerres et de bien d’autres batailles à mener.
Emmanuel Serafini
Photo C. Raynaud De Lage / Festival d’Avignon





















