FESTIVAL D’AVIGNON. « TERMINAL », FABLE ECOLOGIQUE SUR LE FIL DU RASOIR

78e FESTIVAL D’AVIGNON. « Terminal (L’État du Monde) » – Texte de Inês Barahona sur une mise en scène de Miguel Fragata – Au Cloître des célestins du 15 au 21 juillet à 22h – Durée : 1h30 – En portugais surtitré en français et anglais.
La terre a-t-elle encore une chance de survie et pouvons-nous changer quelque chose à notre sombre avenir ? Telle est la simple question posée par Inês Barahona qui part du principe qu’il n’y a pas à se poser la question du devenir de la terre alors qu’il est évident que c’est déjà trop tard ! Feux, climat, extinctions à grandes échelles, tout démontre que c’est la fin.
Sur scène six comédiens dont deux musiciens nous racontent l’Homme et la Terre et comment nous en sommes arrivés en un monde et une humanité se retrouvent proches du précipice. Mais malgré cette noirceur annoncée, les comédiens nous parlent aussi de cette certitude que tant que l’on parle de solutions, face à face, rien n’est perdu. Et même si « Terminal » peut désigner une fin, il peut aussi être ce lieu d’où peuvent partir de multiples chemins vers le futur.
Le théâtre devient un soir l’image de ce que l’Homme peut faire, non pas pour sauver ce qui est déjà mort, mais pour se réinventer afin de ne pas disparaître.
Alors qu’en 2021, la compagnie proposait le spectacle jeune public « L’état du monde (un dur réveil) » qui mettait en exergue la nécessité et l’importance de gestes éco-responsables au niveau individuel,force est de constater qu’en quelques années le discours à complètement changé puisque ces gestes n’ont, semble-t-il, pas permis de changer quoi que ce soit au destin de l’Humanité. Reste donc la parole pour essayer encore et encore d’inventer un possible futur. On peut, selon ses convictions et son vécu, avoir été pour ou contre telle ou telle proposition écologique » permettant de changer la dérive du climat ou notre empreinte en terme de pollution mais là n’est plus le propos du texte qui part du principe que les jeux sont faits et que le retour en arrière n’est plus possible.
Malheureusement ce « Terminal » nous fait plutôt entrevoir une tour de Babel où les arbres morts jonchent un sol aride et où les hommes ne parviennent toujours pas à s’écouter et à trouver des solutions. Plutôt qu’une réelle réflexion sur des pistes d’avenir, le spectacle devient vite extrêmement verbal et un peu vain. Mais n’est-ce pas aussi le souhait des auteurs que de montrer que seule la parole à de l’importance et que, tant que l’écoute et la parole existent, l’espoir d’une solution est encore possible ? Car seul le silence induirait une disparition totale et certaine. Un corps n’est vivant que par son mouvement et le temps qui passe nous montre le chemin d’un futur en construction. Même si le propos peut parfois paraître simpliste, voire enfantin, on ne peut qu’adhérer à cet élan mêlé de craintes mais aussi de beaucoup d’espoir en l’Homme. Un spectacle qui nous place aussi sur le fil du rasoir ou sur celui d’un équilibriste qui, tout en risquant de tomber à chaque pas, continue d’avancer.
Pierre Salles
Photo C. Raynaud De Lage / Festival d’Avignon





















