FESTIVAL D’AVIGNON. « VIVE LE SUJET ! » : UNE SERIE 3 QUI RELEVE ENFIN LE NIVEAU

78e FESTIVAL D’AVIGNON. « VIVE LE SUJET ! TENTATIVES » – série 3 : « CANICULAR » – Rebecca Journo & Diane Barbé / « TRACE » – Michael Disanka & Christina Tabaro – 18 – 21 juillet 10h30 & 18h00 Jardin de la Vierge Lycée St Joseph.

Pour sa troisième tentative de cette 78ème édition, le Festival et la SACD touchent au but avec deux tentatives assez fortes…

CHRYSALIDE

La première « Canicular » nous est proposée par la chorégraphe et danseuse Rebecca Journo. On l’avait appréciée dans son solo « La ménagère », découvert dans la programmation de La Belle Scène St Denis en Juillet 2021. Dans cette pièce, Rebecca Journo réussissait une performance répétitive, entêtante, en faisant jusqu’à l’écœurement les gestes d’une ménagère, évoluant sur un damier, dans une blouse jaune, les cheveux pris dans son col roulé… Une pièce toute en tension qui jouait avec nos nerfs…

Ici la chorégraphe, fine observatrice de la faune du sud, se métamorphose en cigale… C’est criant de vérité. On s’y croirait ! La danseuse est au sol. Les côtes se contractent. Les poumons se gonflent et on y est… L’animal nous apparaît. Le costume et le bonnet aident à s’imaginer, à la manière d’un Kafka, la métamorphose mais, commençant à connaître l’animal Journo, on se dit qu’elle est capable d’un véritable transfert et la bande son délivrée en direct par Diane Barbé comme Mathieu Bonnafous dans « La ménagère », réhausse la proposition par une ardente attention aux souffles courts de la danseuse qui se libère de sa chrysalide jusqu’à se retirer sa propre peau sur le corps… poétiquement sidérant… Douée, Rebecca Journo sait captiver… Certain qu’elle ne finira pas grillée au soleil comme ces pauvres bêtes crissantes…

DIX FOIS MORTE

Avec « Trace », les artistes Christina Tabaro et Michael Disanka, tous deux formés en République Démocratique du Congo (RDC) font tomber sur la scène de la cour du Jardin de la vierge un sacré pavé dans la marre…

Michael Disanka arrive tout de noir vêtu, un tapis blanc à la main et une petite maison de paille pointue dans l’autre… Et il déclare qu’il a « une vision titubante du monde »… il n’est pas le seul ! Il clame qu’il faudrait « couper le fil, quitter le monde qui nous oppresse »… Soudain, surgit de nulle part, un petit homme de couleur, flottant dans ses bottes immenses en caoutchouc vertes, short sombre, chemise blanche et affublé d’un violon qu’il porte comme une arme. Tout un symbole. Alors qu’un autre homme torse nu en longue robe rouge a fait son entrée, Christina Tabaro, elle aussi tout en noir, corsage vert, arrive et scande-t-elle aussi des adresses puissantes au public. Elle parle de ces atrocités au Congo, près du Lac Kivou, ce qu’elle a vécu.

Michael Disanka fait le parallèle avec Gaza, avec l’Ukraine, met en cause le rôle des puissances mondiales dont l’Oncle Sam, dénonce l’exploitation des ressources de ce pays sans que la population n’en profite, même un peu… C’est trente minutes d’une intensité forte avec quelques vérités bonnes à dire sinon à entendre.

Emmanuel Serafini

Image : « CANICULAR » Rebecca Journo & Diane BarbéPhoto C. Raynaud De Lage / Festival d’Avignon

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