PRATO : MOVING IMAGE IN CHINA (1988-2011)
Correspondance à Pise.
Prato : Moving Image in China (1988– 2011) / Centre Luigi Pecci, Prato (Firenze, Italie).
Le Centre pour l’Art Contemporain Pecci de Prato, en collaboration avec le Minsheng Art Museum de Shanghai, présente la première grande exposition internationale de l’art vidéo chinois : Moving Image in China (22 Avril – 1 Août). Une sélection de plus de quarante œuvres qui racontent sa naissance et son développement, de la première vidéo produite par Zhang Peili aux dernières productions de la star internationale Yang Fudong.
Il ya cinquante ans les premières vidéos expérimentales ont fait leur apparition dans l’Ouest et aujourd’hui, en effet, la vidéo est l’un des nombreux médiums utilisés par les artistes. Situation très différente en Chine, où la possibilité d’utiliser la technologie vidéo est un phénomène relativement récent avec pas plus de 25 ans d’histoire.
L’exposition offre le premier aperçu international sur l’évolution d’un art qui est né seulement après la mort de Mao, avec la propagation rapide de la télévision à la fin des années ‘80, bientôt devenue la principale source de divertissement et de contrôle politique. Juste contre elle et contre l’influence idéologique déjà exercée sur la masse, se tourne l’attention des premiers vidéo-artistes chinois comme Zhang Peili, le père de l’art vidéo en Chine. Dans le travail de 1988, 30 x 30, pendant 180 minutes il casse un miroir, il le reajuste avec la colle, pour le casser de nouveau jusqu’à ce que la surface réfléchissante perde sa fonction première de reflet fidèle de la réalité. Ainsi l’artiste, en jouant sur les possibilités limitées de réalisation et d’exposition, a baptisé la première période expérimentale et conceptuelle.
Avec le nouveau millénaire, l’expérimentation vidéo a commencé à prendre la forme de véritables installations, au moyen d’une meilleure connaissance de la grammaire du medium. Le Baby Talk (1996) par Wang Gongxin, est un lit-bébé en fer, contenant du lait. Sur la surface sont projetées des photos qui illustrent les visages et les grimaces des parents de l’enfant. Au centre, un trou où le lait est aspiré rappele la sensation de l’allaitement maternel.
C’est d’une performance également que traite la vidéo de Lin Yilin, Safely Manuevering across Lin He Road (1998), qui enregistre la construction lente et inutile d’un mur au milieu d’une route très fréquentée.
Projetée sur un écran, sur le mur, sur un sol tourné en mosaïque, ou sur un lit éclaboussé de lait, la rétrospective nous ramène vers l’évolution des outils et du contenu, de l’apparition de la caméra dans les années 90, jusqu’au développement de l’infographie, et la fusion de ces nouveaux médias avec le cinéma, le théâtre et la poésie.
Parmi les travaux les plus oniriques de cette période, se distinguent Last Experimental Flying Object par Ye Linghan, ou Cosplayers par Cao Fei, dont l’auteur fait pénétrer dans les quartiers pauvres la génération nouvelle de super-héros virtuels, seul soulagement pour les jeunes restés en dehors du miracle économique.
La rupture avec le passé n’est pas absolue, comme en témoignent les vidéos réalisées avec la peinture et le dessin, et les œuvres de Feng Mengbo, qui avec Not Too Late clôt l’exposition. L’artiste, point de référence dans le domaine des médias numériques, fait interagir l’intelligence générée par d’un robot avec l’expérience calligraphique chinoise.
Présente parmi les œuvres exposées, la référence à la caractéristique du souvent aliénant tissu urbain et social de la Chine, avec des oeuvres comme Recycling Cinéma par Ellen Pau, Shouting par Xu Zhen et Untitled (The Dancing Partner) par Liu Chuang. Ne manque pas le thème de la relation entre la Chine et la culture occidentale avec The West par Qiu Zhijie, et des réflexions sur la course folle du « communisme capitaliste » dans The Factory (Chen Chieh-jen, 2003), document vidéo construit comme un film, où une usine de vêtements, fermée depuis des années, revit avec la présence sinistre des ex-salariées.
Une salle entière est enfin consacrée à The nightman cometh (2011) par Yang Fudong, le vidéo-artiste chinois le plus international : cadre raffiné et poétique en noir et blanc, où une belle figure féminine se tourne de temps en temps pour nous regarder, en tournant le dos à un fond sur lequel tombent des flocons délicats de neige. Les racines historiques et symboliques de la Chine sont insérées dans un paysage fantastique et mythique, que l’artiste appelle «néo-réaliste» dans son mélange de passé et le présent, projeté dans une dimension intemporelle et fait de héros, paradis, et tempérance.
Daniele Ricci
Visuels : 1/ Chen Chieh-jen, Factory 2/Cao Fei, Cosplayers 3/ Gongxin, Baby talk / Copyright les artistes – Courtesy Centro Luigi Pecci Prato.
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