INFERNO

DISPARITION : Richard Artschwager.

L’artiste américain Richard Artschwager est mort le 9 février dernier à New York à l’âge de 89 ans. A la fois Pop et Minimaliste, Artschwager occupe une place à part dans l’histoire de l’art de ces cinquante dernières années. Le Whitney Museum de New York venait tout juste de fermer le 3 février la grande rétrospective qui lui avait été consacrée.

L’art de Artschwager se situe au confluent de plusieurs techniques et disciplines : ce sont généralement des œuvres à deux dimensions, ni vraiment peintures, ni sculptures, mais des objets bi ou tri-dimensionnels qui mixent les deux et se retrouvent souvent à la frontière de la sculpture, du meuble ou du morceau d’architecture, le tout avec une rigueur chromatique et des esthétiques fonctionnalistes empruntées à la production mobilière en série : formica, bois industriel, faux-bois, plastiques et autres matières synthétiques.

Richard Artschwager est né en 1923 à Washington. En 1935, la famille s’installe au Nouveau-Mexique et en 1941, Artschwager entre à la Cornell University, pour étudier la chimie et les mathématiques. Il participe à la seconde guerre mondiale en Europe où il est blessé. Il va rester en Europe jusqu’en 1947 où il repart pour les Etats-Unis. C’est alors qu’il reprend ses études puis s’installe à New-York comme photographe. Suivent plusieurs périodes où, exerçant plusieurs métiers, successivement il renonce puis revient à l’art, pour définitivement en 1958 s’y consacrer, après la destrucvtion de son atelier de fabrication de meubles.

Après une petite période de peinture abstraite, il entame ses séries de petits objets en bois et formica. En 1961, il commence à travailler avec du celotex et cette expérience des matériaux nouveaux sera déterminante. Utilisant le bois industriel et le formica, les objets qu’il produit alors sont des volumes géométriques épurés mais complexes, au chromatisme réduit.

En 1965, une première grande exposition personnelle chez Leo Castelli à New York le fait connaître du public de l’art. En 1968, il initie la série des « BLPs » qui sont de simples formes noires faisant repères pour l’architecture qu’elles ponctuent et signalent. En 1968, la galerie Konrad Fischer de Düsseldorf les montre pour la première fois en Europe.

Artschwager a produit une oeuvre singulière, difficilement classifiable et plutôt froide, souvent dépourvue de sensualité. Une esthétique à la fois radicale et ironique, parfois même politique, comme lorsque il exécute ces portraits de Bush et d’Oussama Ben Laden en 2003, oeuvre qui fit scandale à Londres.

Il sera passé par les plus grandes galeries américaines, la dernière en date étant Gagosian qui le représente. Une rétrospective au Centre Pompidou en 1989 avait permis au public français de découvrir cette oeuvre décalée. Ses participations nombreuses à Documenta et autres manifestations prestigieuses lui avait ouvert la voie à une consécration internationale, parachevée par sa dernière rétrospective au Whitney en 2012

Ludivine Michel

Visuels : Richard Artschwager : 1&2/ vues de l’installation au Whitney 2012/13 3/ table with pink tablecloth-1964 4/ pianofart 5/ book sculpture 6/ Piano 2011 / Copyright Richard Artschwager / Courtesy Gagosian Gallery.