ORCHESTRE NATIONAL DE MONTPELLIER : TUBBY LE TUBA & PRE-HISTOIRES NATURELLES

OLYMPUS DIGITAL CAMERA

Orchestre National de Montpellier L-R : Tubby le Tuba de George Kleinsinger, précédé des Pré-histoires naturelles d’Aline M.Marteville / Montpellier / du 7 au 9 février 2013.

Présenté en partenariat avec le festival des Mardis Graves (autour du mardi gras et qui fait la part belle aux instruments graves), le programme présenté en scolaires et séances tous publics du 7 au 9 Février par l’Orchestre National de Montpellier (O.N.M.) se plaçait sous le signe des musiques contemporaines puisque Tubby le Tuba est un conte musical crée en 1942 et nous avons pu assister à la création mondiale des Pré-histoires naturelles, Un Microvoyage par des miniatures RedouTableauLudiques. Deux musiques totalement différentes qui balayent le pire et le meilleur de la musique récente.

En effet, le conte de Kleinsinger est à la fois honteusement niais (l’argument ténu ne tient pas la route), peu musical (les mêmes courtes mélodies reviennent inlassablement), débilitant (on dit poum poum au lieu de parler de basse continue), illogique (le conte fini comme il commence, sans résolution du problème), incomplet (on ne nous présente pas tous les instruments). En plus des soucis du conte, qu’il est honteux pour un orchestre national de programmer, le chef prend toute la place (battue grandiloquente qui empêche les enfants de se concentrer sur la musique) et surtout, on filme en direct le conte ! Aucun intérêt donc d’aller voir l’orchestre puisque la vidéo prend toute la place et attire le regard. Quelle imbécilité de mettre en avant le visuel pour qu’il écrase le charnel et le sonore. À croire que l’orchestre n’a aucune idée des priorités pédagogiques… Évidemment, comme on a fait l’économie d’un metteur en scène, les musiciens se lâchent (se relâchent) et font grimaces et mimiques dignes de mauvais clowns. De quoi confondre O.N.M. et M.J.C.

Heureusement, la « vedette américaine » sauve la mise avec un conte musical ambitieux et profondément contemporain. Comme pour les histoires naturelles ou les bestiaires (ceux de Poulenc, de Ravel…), se rencontrent plusieurs animaux, ici anciens ou disparus, autour de trois instruments : le Cimbasso, le contrebasson et le Cor des Alpes ! Ces trois instruments graves, profondément théâtraux dans leurs factures en imposent et dès l’entrée, on sent les enfants fascinés par ces monstres monodiques.

Entre les psychodiaires (terme désuet qui regroupe les bêtes mi-animales / mi-végétales) à la musique contemplative, qui se laisse voguer dans l’eau comme les anémones ou les éponges ; les tricératops à la violence furieuse (bravo au percussionniste qui passe d’un accessoire à l’autre en toute célérité) et les gangs kourous bondissants d’humour, la partition regorge de petits jeux redoutables. Une scie égoïne se dissimule au centre des violons tout comme des baguettes au creux du piano. L’écriture étant souvent sombre et dissonante, la pièce ne cesse de s’amuser dans la facture, les règles imposées, l’interprétation (une des miniature est jouée uniquement avec les embouchures).

En plus de la composition, Aline Marteville à retranscrit la musique dans un conte qu’elle a elle-même magnifiquement illustré. Les images ont été projetées sur un fond, ce qui permet aux enfants (mais aussi aux adultes) de visualiser très rapidement ce qu’est un Microraptor Gui ou un Axolotls. L’image fixe permet, d’autant plus qu’elle est ici plus figurative qu’illustrative, de nous embarquer dans l’univers de l’artiste, sans pour autant nous interdire l’accès à notre propre imaginaire.

Seuls petits regrets : la difficulté de nuisance sonore du contrebasson le rend plus discret que ces congénères Cimbasso et Cor des Alpes qui montent en fortissimo bien facilement. Autre désappointement, l’œuvre ne devait durer que 15 minutes, étant destinée aux classes de maternelles. Cela nous laisse peu de temps pour entrer dans l’univers et se laisser porter par les vagues musicales comme les tortues luth. L’œuvre sera certainement rejouée en région et serait alors rallongée, pour le plaisir de notre imaginaire.

Bruno Paternot

http://www.opera-orchestre-montpellier.fr/pdf/jp/CP%20Tubby%20le%20tuba%20et%20Prehistoires%20Naturelles.pdf
http://mardigraves.free.fr/textes/2013/index.html
http://www.opera-orchestre-montpellier.fr/francais/jp_concert_educatif.html

Photo : Daniel Tosi (chef d’orchestre), Denis Lardic (Contrebasson), Jean-Charles Masurier (Cor des Alpes), Yves Lair (Cimbasso), Aline Millet-Marteville (compositrice) et Jean Ané (Directeur artistique des Mardis Graves) / Crédit photo : Philippe Kermac.

Laisser un commentaire

  • Mots-clefs

    Art Art Bruxelles Art New York Art Paris Art Venise Biennale de Venise Centre Pompidou Danse Festival d'Automne Festival d'Avignon Festivals La Biennale Musiques Opéra Performance Photographie Théâtre Tribune
  • Archives