THEATRE SANS ANIMAUX, AU ROND POINT : DESAPPOINTEMENT

Une-piece-de-Jean-Michel-Ribes_portrait_w858[1]

THEATRE SANS ANIMAUX / Texte et mise en scène Jean-Michel Ribes / Théâtre du Rond Point / du 23 janvier au 23 mars 2013.

Théâtre sans animaux est l’une des créations de Jean-Michel Ribes qui a remporté un véritable triomphe parmi le public. Créée en 2001 et mise en scène pour la première fois au Théâtre Tristan Bernard, la pièce est présentée aujourd’hui sur le plateau du théâtre du Rond Point. Une nouvelle reprise prometteuse, avec la proposition d’une partie de l’équipe originelle, dont Annie Gregorio, couronnée par le Molière lors de sa première interprétation.

L’histoire écrite par Jean-Michel Ribes met en valeur les petits moments décalés de notre existence, ainsi, comme dans un souvenir surréaliste, le merveilleux prend vie à partir du quotidien. À travers les huit contes de Théâtre sans animaux, Jean-Michel Ribes célèbre le non-sens et invente un nouveau langage loin de toute rigidité et conformisme. Comme déjà souligné par l’auteur, ces histoires deviennent alors un hommage à tous ceux qui luttent contre l’enfermement morose de la mesure.

La pièce, porteuse d’un discours subtil et actuel, invite le spectateur à sortir d’une réalité déjà construite, immuable et prévisible. Toutefois, nonobstant la richesse du texte, cette nouvelle mise en scène semble au contraire avoir étouffé tout message. Le jeu d’acteur, lourd et parfois caricatural, écrase totalement les mots du texte. Les caractères des personnages des huit contes ont peine à émerger dans leurs nuances. Accablés par l’interprétation des acteurs, ces personnages se ressemblent tous puisque ils sont effectivement joués presque tous de la même manière. Ainsi nous entendons parler, bouger, vivre l’acteur sur le plateau tout en nous demandant où est vraiment le personnage du conte. Il est vrai que le spectateur vit à plusieurs reprises de véritables moments d’hilarité, cependant la richesse du texte reste difficilement saisissable.

Les huit contes, générateurs d’un monde absurde et comique, sont réduits à des aventures banales, ce que tend à appuyer une scénographie parfois trop spectaculaire. Avons-nous vraiment besoin de tout ce spectaculaire et de tout ce bruit pour raconter une histoire ? Comment pouvoir entendre les questionnements des personnages quand l’attention du spectateur est capturée ailleurs ? La pièce se noie dans l’excessif et la scène théâtrale se transforme peu à peu en un plateau de télévision. Une question prend alors tristement place : est-ce cela le secret d’autant de popularité ?

Malgré tout il ne faut pas négliger la capacité de Jean-Michel Ribes à toucher et faire s’intéresser au théâtre contemporain un public assez large, notamment de néophytes. Sa démarche artistique est marquée par un esprit de démocratisation de l’art et de valorisation de la jeune création contemporaine : Jean-Michel Ribes reste un protagoniste considérable pour la scène culturelle actuelle. Les choix artistiques et la fine programmation du théâtre du Rond Point, dont il assure la direction depuis 2002, représentent un véritable point de repère pour le théâtre contemporain. C’est pourquoi, en tant qu’adepte du travail de Jean-Michel Ribes, défenseur d’une écriture dramatique contemporaine des auteurs vivants, cette mise en scène suscite autant de désappointement.

Cristina Catalano

Laisser un commentaire

  • Mots-clefs

    Art Art Bruxelles Art New York Art Paris Art Venise Biennale de Venise Centre Pompidou Danse Festival d'Automne Festival d'Avignon Festivals La Biennale Musiques Opéra Performance Photographie Théâtre Tribune
  • Archives