INFERNO

LIEUX : Le Théâtre de verre / Paris XVIIIe / Métro Max Dormoy.

Le Théâtre de verre, il faut le mériter. Pour le trouver, il ne faut pas désespérer. Ne surtout pas se laisser décourager par le manque d’indications, ni par le portail fermé. Parce qu’une fois qu’on l’a franchi, on se retrouve un peu ailleurs. Hors du temps et du monde, à Marx Dormoy mais aussi un peu à la campagne.

On est accueilli par des fleurs et des lapins, des plantes et des poules, dans une cour qui peut faire office de jardin pédagogique pour les petits et les grands du voisinage. Ensuite, c’est un espace de près de 1000m2 qui se déploie sur plusieurs bâtiments. La salle d’accueil dessert plusieurs salles, dans une ambiance chaleureuse : on peut y boire un verre en grignotant des empanadas, s’installer dans un canapé tout en regardant les mosaïques exposées. C’est aussi l’endroit où l’on se réunit pour partager un moment après les représentations, en rapprochant les tables. Et puis ce sont des salles plus ou moins grandes pouvant accueillir des installations ou des expositions, des spectacles de théâtre, de danse, de cirque, de tout ça à la fois, des performances, des formes hybrides. Des propositions co-créées par les compagnies en résidence.

Parce que le Théâtre de verre n’est pas uniquement un lieu de diffusion, mais aussi un espace de création mis à la disposition d’artistes émergents ou non, la règle d’or étant de pouvoir offrir des conditions de travail décentes à tous, ou presque. Et il est possible de tout faire, quasiment, et d’emprunter les différents ateliers pour s’adonner à la photo, à la sérigraphie, au graffiti ou à la peinture. Ou pourquoi pas de disposer du studio de musique.

Pas d’inquiétude à avoir pour les amateurs, qui peuvent suivre les nombreux cours et stages qui sont proposés : yoga, taïchi, jeu clownesque, tango, claquettes, danse africaine, …. Et quand on en aura marre de faire du sport ou de devoir suivre des instructions trop rigoureuses, on pourra toujours aller se déhancher sur du hip hop et de la musette au bal populaire organisé une fois par mois.

Lieu de vie, de découverte et de festivités, il se proclame d’une exigence artistique mais défend aussi des valeurs éthiques. En accueillant diverses associations, en valorisant un engagement militant de lutte contre la précarité artistique et sociale, contre la marginalisation. C’est un travail mené depuis des années par le Théâtre et l’Association Co-Arter, puisque avant la configuration actuelle il était installé dans des locaux inoccupés, rue de l’échiquier. Chassés du 10ème par la SNCF qui a souhaité récupérer sa propriété, ils se sont installés rue de la Chapelle, devant composer avec de nouvelles craintes et recommencer un travail de familiarisation avec l’environnement.

Si le Théâtre de verre a d’abord eu du mal à se faire intégrer dans le quartier, il en est maintenant un lieu essentiel de rencontres et de création. Mais il est fragile, susceptible de se briser à tout instant, puisqu’une nouvelle menace d’expulsion pèse sur lui et le poussera peut-être à fermer ses portes ou à devoir trouver d’autres locaux en décembre.

Ce devrait pourtant être bientôt les 10 ans du lieu et de l’association Co-Arter, alors aidons-les à les fêter. En les soutenant, en allant y boire un verre, voir un spectacle, danser, dire bonjour. Gageons que nous serons reçus chaleureusement et que nous reviendrons.

Caroline Simonin

THEATRE DE VERRE 17 rue de la Chapelle 75018 Paris / métro: Marx Dormoy / theatredeverre@hotmail.fr / tel. 09 52 68 84 16 / Plus d’infos : http://www.theatredeverre.fr