BIENNALE DE VENISE 2015 : POURQUOI TANT D’ARTISTES AU PAVILLON ITALIEN ?

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Correspondance à Rome.
56e Biennale de Venise : pourquoi tant d’artistes au Pavillon Italien ? par Raja El Fani

Enfin annoncés ce matin (le 26 mars, ndlr), au ministère de la Culture à Rome, les noms des artistes du pavillon italien, à seulement un mois et demi avant le début de la Biennale de Venise. Ils sont nombreux comme à chaque édition: quinze en tout, un peu plus que la dizaine prévue au départ par le curator Vincenzo Trione qui réplique aux plus perplexes que son pavillon n’est pas une collective mais le fruit d’une vision critique.

Un artiste par pavillon c’est pourtant devenu un standard et c’est aussi une démarche rationnelle, une manière univoque et transparente pour chaque pays de confirmer sa ligne culturelle officielle tout en suivant une hiérarchie. L’Italie ne s’y résigne pas, craignant sans doute des mécontentements, et transmet une image du pays sans référence culturelle officielle. Ce qui veut dire aussi que l’Italie n’a pas encore établi son identité contemporaine qui devrait être le fondement d’une Exposition Universelle, à Milan cette année.

Et pour souligner davantage cette incertitude culturelle – qui est aussi une pénalité économique pour le pays – le curator Trione a interprété le thème de la Biennale imposé par Enwezor, et qui oscille entre Histoire et actualité, en intitulant son pavillon «Code Italie 2015: code génétique, style et mémoire». Au cours de la conférence, Trione est allé jusqu’à prétendre que l’art est génétique chez les italiens.

Le coût du projet est de 750 mille euros dont la moitié sont des fonds publics, Alitalia et Milan Expo 2015 ont aussi contribué au financement du pavillon qui n’a pas eu le soutien du monde l’art. Toutes les œuvres du pavillon italien seront inédites et spécialement commissionnées, ce qui résout beaucoup de choses.

Voici donc un classement des artistes choisis:
Les doyens du passé italien sont Kounellis et Paladino. Chacun représente les deux derniers courants artistiques italiens du Pop Art au Post-Moderne : Kounellis est issu du Pop romain et passe par l’Arte Povera qui siège au nord de l’Italie, et Paladino est l’un des principaux artistes de la Transavanguardia réunis par le critique Achille Bonito Oliva. Il y aura aussi de la même génération un cas isolé, apprécié des critiques français Jean Clair et Georges Didi-Huberman, Claudio Parmiggiani qui connut le fameux peintre Morandi.

Vient ensuite la génération suivante avec des noms moins connus, exceptée Vanessa Beecroft l’italo-anglaise connue pour ses performances de femmes nues, sortie de l’école de Brera (les Beaux-Arts de Milan), une des deux seules femmes de la sélection avec Marzia Migliora. On note en passant une poignée d’artistes déjà intégrés comme Andrea Aquilanti de la galerie romaine Apart et le duo Alis/Filliol de la Fondation Sandretto de Turin. Puis les artistes Paolo Gioli et Aldo Tambellini en rapport avec le cinéma cher à Trione qui vante d’ailleurs le soutien personnel de Bernardo Bertolucci et s’offre, réalisé exprès pour la conférence, un clip de l’acteur-réalisateur Mimmo Calopresti proche de Valeria Bruni-Tedeschi.

Enfin, bien que surpeuplé, le pavillon italien a le mérite de présenter des artistes vivants mais sans aucun rapport et désormais résignés aux amalgames.

Raja El Fani

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