FESTIVAL D’AVIGNON. « ZIGGY STARDUST », CONTE MUSICAL ENGAGE ET POETIQUE

77e FESTIVAL D’AVIGNON. Ziggy Stardust – Trilogie 72 – De et avec Léonie Pernet – Concert donné au Festival d’Avignon 2023 le 16 juillet dans la cour du Lycée Saint-Joseph.
Ziggy Stardust est ce personnage de légende conçu et interprété par David Bowie dans les années 70, une créature humaine à l’intelligence extraterrestre qui cherche à transmettre à l’humanité un message d’amour et d’espoir. Une humanité qui n’a plus que cinq ans à vivre.
Léonie Pernet, musicienne électronique et chanteuse française se réapproprie cette œuvre de David Bowie pour recréer un conte fantastique, engagé et poétique dans l’air du temps, sur fond de fin du monde. Elle réinterprète avec liberté l’album « The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars » qui fit la célébrité de son créateur en 1972. Elle se tourne ainsi vers l’afrofuturisme – la science-fiction africaine – et se présente comme un nouveau Ziggy Stardust, extraterrestre non binaire parti se réfugier en Afrique, au Niger d’où son père est originaire, pour porter un message d’espoir. Une Afrique qui est désormais un corps céleste en orbite autour du soleil.
Ce spectacle a été créé au dernier printemps de Bourges en coréalisation avec le Festival d’Avignon dans le cadre d’un rapprochement artistique d’autant plus pertinent que la multidisciplinarité devient souvent la règle dans le monde du spectacle vivant. Rapprochement politique et culturel également dans la mesure où ces villes œuvrent pour une coopération culturelle entre les villes moyennes et où Avignon soutient activement la candidature de Bourges au titre de Capitale européenne de la Culture pour 2028.
Léonie Pernet, pantalon bariolé, veste chatoyante, coiffure afro, incarne sur scène ce personnage mi-humain mi-extraterrestre et enchaîne les chansons avec sa voix un peu rauque, tantôt sombre et grave, tantôt tendre et poétique. Elle nous délivre ce conte fantastique qui apporte un message d’espoir à cette humanité, à cette Afrique qui vit dans la souffrance, la faim, la migration, la crise climatique.
Au risque de décevoir les fans de David Bowie et les amateurs de rock, Léonie Pernet, libérée de toute contrainte ou devoir de mémoire, propose une forme musicale originale basée sur une musique électronique soutenue par des instruments traditionnels. Jean sylvain le Gouic est au synthétiseur et à la basse et Yovan Girard est au synthétiseur et au violon, un violon tour à tour fou, mordant ou poétique. Un éclectisme musical dans lequel Léonie Pernet n’hésite pas à jouer elle-même de percussions africaines et d’un piano de concert classique pour émailler son spectacle. Une touche de fantaisie est apportée avec humour par Oko Ebombo qui incarne un David Bowie africain avec sa crinière rouge et qui chante en duo avec Léonie Pernet. On retient enfin en clôture du spectacle et hors contexte une chanson de sa composition que nous offre Léonie Pernet au piano, un très beau moment d’émotion et de poésie.
Ce conte musical fantastique, engagé et poétique que nous délivre Léonie Pernet remporte l’adhésion du public composé de jeunes à la découverte d’une forme musicale originale et, semble-t-il, de fans de David Bowie venus retrouver les émotions vécues dans leur jeunesse il y a maintenant un demi-siècle.
Toutefois cette œuvre raconte une histoire et on peut déplorer une absence de surtitrages qui s’avèreraient utiles pour ceux qui ne connaîtraient pas l’œuvre de David Bowie – ils se font nombreux – ou qui ne maîtriseraient pas parfaitement la langue de Shakespeare. Reste la musique et la voix de Léonie Pernet qui enchante ce soir-là la cour du Lycée Saint-Joseph.
Jean-Louis Blanc
Photo C. Raynaud de Lage





















