INFERNO

79e FESTIVAL D’AVIGNON. « Magec/The Desert » – Radouan Mriziga – Du 7 au 12 juillet au Cloître des Célestins – 22h. RElâche le 10 juillet

Bestiaire

Radouan Mriziga aime le désert et se propose de nous y emmener, nous qui sommes assis dans les gradins du Cloître des Célestins…

Il aurait pu mettre du sable ou des photos de dunes, des leurres auxquels il n’a pas fait appel car, non seulement il compte sur l’imaginaire du spectateur, mais sur la sphère juchée au-dessus du plateau, sorte de reflet de notre imaginaire…

Tapis blanc au sol, une sphère-écran et rien d’autre. Des personnages masqués avec des symboles animaliers qui surgissent. Des récits en toutes les langues qui défilent. Des entrées lentes en contre-jour, des masques d’animaux, des figures étranges dotées de chapeaux ronds, d’instruments de musique, un bestiaire imaginaire, une sorte de codex qui rappelle des êtres connus…

Une danse de gnous ou de gazelle un peu laborieuse, tout cela installe un faux climat d’une chorégraphie qui se voudrait réaliste, mais qui peine à passionner quand soudain, dans le dernier quart d’heure, surgissent les corps dopés des danseurs quelques minutes avant bridés, qui enchainent une danse astucieuse, dans une composition efficace d’une générosité certaine – je n’ai jamais vu des danseurs autant sourire en dansant que dans cette pièce !

Les danseurs prennent le sol. Le hip hop se mêle à la danse contemporaine… Il y a un flow qui se dégage… et l’on se dit que c’est dommage que Radouan Mriziga, avec ce talent qu’on descelle, perde un peu de temps dans une entrée en matière un peu naïve qui nous perd car le dernier quart d’heure est de toute beauté, même si la composition est encore un peu toujours frontale, les six danseurs forment un groupe plein d’énergie.

Un spectacle qui convainc même si le chorégraphe ne sait ni finir ni commencer une pièce… À découvrir, quoi qu’il en soit…

Emmanuel Serafini

Photo C. Raynaud De Lage / Festival d’Avignon