MONEY : QUAND LA FINANCE PARLE AU PEUPLE

Théâtre-national-MONEY-[1]

Correspondance à Bruxelles.
MONEY : Création de Françoise Bloch / Cie Zoo Théâtre- Belgique / texte collectif / Théâtre National – Bruxelles, jusqu’au 19 octobre / Du 22 au 24 octobre à L‘Ancre / Eden de Charleroi et du 12 au 16 novembre au Théâtre de Liège.

La finance est une langue étrangère pour le commun des mortels. Françoise Bloch propose un discours théâtral, entre pédagogie et responsabilisation, pour tenter de comprendre de quoi il en retourne depuis plus de quarante ans. Angoissant et étourdissant mais décapant !

Tout est affaire de langage dans la vie et encore plus au théâtre. Il en est de même avec le très mal connu « monde de la finance » : Actions, obligations, fonds d’investissement, holding, SICAV … . Derrière ce vocabulaire abstrait et pourtant entendu maintes fois dans les médias, se cache une terrible réalité : celle d’un système financier opaque qui continue à prospérer et dont nous serions les complices, bien malgré nous, pour quiconque possède un compte en banque ! Le client étant roi, il participe à son échelle, conscient ou inconscient, à l’enrichissement des entreprises et des fonds d’investissement qui contrôlent ces mêmes entreprises. Il pensait épargner son argent, de fait il l’investit, par le biais de mécanismes complexes et fort mal expliqués (fond de pension par exemple) pour toujours plus de profit.

Un homme entre dans une banque et demande, peut être naïvement, où va son argent ? Que devient-il ? Est-il bien placé ? A qui profite-t-il ? Autant de questions auxquelles même un simple conseiller aura du mal à répondre, tant la diversification et la complexité des placements incitent tout un chacun à faire confiance aveuglément à sa banque.

La parole est d’or (et d’argent) dans ce spectacle, formidablement interprété par une troupe multipliant les personnages, tantôt experts et banquiers tantôt simples usagers à la recherche d’explications rassurantes. Jérôme de Falloise, avec son potentiel comique et son ton parfois grave, est irrésistible quand il joue un directeur de fond d’investissement. Benoit Piret, Aude Ruyter et Damien Trapletti complètent joliment et avec charme la distribution de cette œuvre collective.

Notons également l’importance de la scénographie, sans effet superflu, conçue par Johan Daenen, faite d’un écran, de tables et de chaises de bureau sur roulettes qui permettent aux acteurs d’exécuter un ballet, une ronde du monde, comme une course sans fin vers le profit. De très belles images qui parlent d’elles-mêmes. Françoise Bloch en chef d’orchestre réussit une fois de plus son pari, nous divertir et nous faire réfléchir.

On rit, beaucoup, et puis une distance s’installe, qui peut nous mettre mal à l’aise. Nous sommes aussi complices de ce mal qui ronge jour après jour nos économies mondialisées, la spéculation sans fin. Moralité : Soyons un peu plus responsables et investissons-nous d’avantage dans l’humain, autre source profitable du développement de nos sociétés.

Philippe Maby

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