RIP ARLES 2025. OCTAVIO AGUILAR, « TAJËËW ET KONTOY »

RIP ARLES 2025. Octavion Aguilar – Espace Monoprix – 7juillet/5 octobre 2025 – 9h30/19h30

Le lieu du mythe signifie dans le travail artistique d’Octavio Aguilar la possibilité de reconstruire les mémoires de Santiago Zacatepec, son lieu d’origine et de résidence actuel. Tajëëw et Kontoy sont les noms des ancêtres du peuple Ayuuk, dont l’origine est tracée par la transmission orale d’une génération à l’autre. Aurea Romero, sa grand-mère, constitue la figure clé qui l’a guidé dans la compréhension de sa généalogie culturelle. Sa conversation avec elle et d’autres habitants de sa région lui ont permis de reconstruire un récit qui résiste aux divers processus de colonisation symbolique.

La conscience qu’a l’artiste de la valeur de ses racines indigènes prend sens dans son œuvre à travers la reconnaissance de sa langue maternelle. En tant que locuteur de l’espagnol et du mixe, Aguilar explore la relation image-texte tel un binôme qui lui permet de complexifier son identité. Ainsi, la langue mixe, ayuuk ou langue de la montagne, représente son sentiment d’appartenance à une culture locale.

Dans ce projet, l’artiste utilise la photographie comme fil conducteur d’une installation audiovisuelle. Sur les photographies qui composent le projet, les amis d’Aguilar interprètent Tajëëw et Kontoy à partir de codes visuels propres à l’imaginaire ayuuk. Cette visualité est constituée de différents moments qui permettent de régénérer une mémoire diluée par le passage du temps et les processus de ségrégation culturelle auxquels ont été soumis les groupes indigènes tout au long de l’histoire au Mexique.

Le travail d’Octavio Aguilar s’inscrit dans une étape récente du panorama des arts visuels en Amérique latine, dans laquelle les voix indigènes élaborent leur discours à la première personne. « Ni de gré ni de force » et « Jamais vaincus » sont quelques-uns des slogans à travers lesquels se manifeste, dans ce projet, le désir d’une autonomie indigène. Dans son œuvre, la photographie représente un moyen de maintenir vivant le passé et de le faire cohabiter avec un présent mondialisé. Elle représente également un pari en faveur de la coexistence linguistique dans le monde actuel marqué par l’érosion des différences. En ce sens, le rôle de l’artiste au sein de sa communauté se rapproche peu à peu de la figure d’un mëja´aytyëjk [personne âgée] qui tisse entre eux à la fois des mots et des images afin de construire une sphère publique basée sur l’écoute et la transmission de savoirs locaux.

César González-Aguirré

Images : 1 & 2 : Octavio Aguilar. Tajëëw, ja tsa´any [Tajëëw, le serpent], 2020. Avec l’aimable autorisation de l’artiste / Parallel Oaxaca.

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