FESTIVAL D’AVIGNON. « COIN OPERATED » : JONAS & LANDER FONT LEUR CIRQUE AU BAR DU IN

79e FESTIVAL D’AVIGNON. « Coin operated » de Jonas&Lander – Le Mahabharata (Bar du Festival) – Les 8, 9, 10 et 12 juillet à 20h et 22h30 – Le 11 juillet à 20h – Durée annoncée : 50 mn
Jonas&Lander, un duo de chorégraphes portugais, proposent ici une performance abordant les rapports entre l’homme et le cheval. Au-delà de ce sujet le programme annonce un « spectacle interactif qui s’en prend avec brio à la société mercantile et à l’exploitation animale ». Vaste sujet qui doit faire appel à l’imagination des spectateurs tant la proposition se résume à peu de choses.
Le public fait patiemment la queue pour entrer dans la salle de spectacle lorsque deux énergumènes déboulent. En slip-corset-bretelles d’un blanc immaculé qui tranche avec les peaux mates, maquillage improbable, les deux protagonistes volettent comme des mouches sur des gyropodes à roulettes au milieu d’un public ébahi et imposent des selfies ponctués de cris gutturaux. Le ton est donné.
Dans la salle un accueil sommaire. Quelques bancs rapidement pleins. On s’assoit par terre ou l’on reste debout. Nos deux lurons semblent se provoquer dans des duels équestres sur leurs petites roulettes puis prennent place, immobiles, sur deux chevaux mécaniques de manège blancs. Le public comprend vite qu’il faut payer pour que le spectacle prenne vie. Des spectateurs se hasardent timidement à glisser une pièce de un euro dans la machine et les chevaux s’animent. Des chevaux sur lesquels Jonas et Lander se livrent à une succession de facéties. L’un chante, plutôt bien d’ailleurs, accompagné par son compère à la guitare. On se livre à des acrobaties sur fond de chants portugais. Des jets de sang pudiquement cachés par une toile évoquent sans doute l’aspect guerrier de la cavalerie. Puis des sacs isothermes Monoprix contenant des cônes glacés au chocolat leur sont donnés. Des cônes qui, mis sur le front des chevaux évoquent des licornes. On rit. On barbouille enfin les chevaux de crème au chocolat, peut-être une évocation de la maltraitance animale.
Mais ces étranges facéties s’interrompent régulièrement. Il faut remettre des pièces dans la machine pour faire redémarrer le système et les spectateurs s’y emploient avec jubilation. C’est sans doute le clin d’œil attendu pour dénigrer cette horrible société mercantile – l’une des intentions des créateurs – dans laquelle tout se paye. Un symbole bien édulcoré car il semble que l’on n’ait rien sans rien, quels que soient le régime et la société.
L’autre intention du duo était de dénoncer l’exploitation animale. Celle-ci apparait en filigrane au travers de ces chevaux de manège qui ne manquent pas de rappeler que la domestication de l’animal a tout d’une mécanisation, au point de faire supporter sans broncher à ces montures formatées et soumises toutes les extravagances de leurs cavaliers.
Un spectacle de fantaisie, surprenant et non dénué d’humour, qui peut donner à réfléchir mais qui ne va pas très loin. Un bref moment de ce Festival qui passe comme un coup de vent décoiffant expédié en 35 minutes – pour une durée annoncée de 50 minutes. Cela n’est pas plus mal car la plupart du public est debout et parce que tout a été dit.
Jean-Louis Blanc
Photo C. Raynaud De Lage / Festival d’Avignon





















