COLLECTION LAMBERT AVIGNON : LE VERRE ET LE VENT A L’HONNEUR

Collection Lambert Avignon – Exposition « Même les soleils sont ivres » – Jusqu’au 31 août 2025.
Le verre et le vent à l’honneur
Pendant le Festival, on a plaisir à venir à la Collection Lambert, le musée d’Art contemporain d’Avignon qui bénéficie de la donation du grand galeriste Yvon Lambert, ce qui permet au Musée de disposer d’un nombre impressionnant d’œuvres d’artistes contemporains ou décédés il y a peu, plaçant la collection Lambert dans la petite liste des musées qui comptent…
Et cette année, avec le changement de direction, une nouvelle mise en scène de l’espace dans le bâtiment avec, dès l’entrée, un bar, mais surtout l’impressionnante librairie d’art, une incroyable collection d’ouvrages sur l’art et les artistes à faire pâlir bien des musées… Immédiatement accessible dès la billetterie, ce nouvel endroit et le petit salon dans le jardin transforment vraiment l’expérience muséale en une villégiature rafraichissante. On doit cette métamorphose au nouveau directeur François Quentin qui a eu là une bien bonne idée.
Évidemment, ce qu’on demande à un Musée, c’est de proposer des expositions et, là aussi, La collection Lambert fait fort en combinant une rétrospective d’œuvres sous le nom de « Même les soleils sont ivres » avec « Un chant d’amour », un temps fort consacré au délicat Jean-Michel Othoniel.
Dans un musée basé sur une collection privée, il y a les œuvres permanentes mais dont on ne se lasse pas comme, dès l’entrée, la sculpture de lettres rouges de Jenny Holzer qu’on regarde avec un attachement particulier puisqu’on la suit jusqu’à l’entrée ou les commissaires ont mis, dès la première salle, des œuvres d’un bleu pastel de Jean-Michel Othoniel en regard de pièces de Cy Twombly comme pour y voir bien clair.
Les œuvres d’André Cadere sont mises en scène avec celles de Carl André, notamment ces sols en cuivre posés sur les angles de certains murs du Musée.
C’est aussi le moment de revoir des pièces de Richard Tuttle, Robert Mangold et ces trois pièces V, X, W posées au mur. On n’échappe pas aux œuvres de Sol LeWitt, présent dans le musée avec une salle entièrement peinte par lui. C’est la grande force de ces deux expositions, car là où des artistes par leur radicalité pourraient nous heurter, les commissaires ont placé des œuvres d’Othoniel qui nous donnent la possibilité de sortir de ce tunnel en admirant ces pains de verres, oranges ou verts, qui permettent des échappées dans ce musée aux murs blancs et clos.
Donald Judd se marie bien aussi avec Othoniel dont les oeuvres semblent ici comme se répondre. Brice Marden apporte et soutien aussi les œuvres de Othoniel qui sont ainsi plus fortes et plus majestueuses, notamment l’effet de contraste est saisissant dans la salle peinte par Niele Toroni, au rez-de-chaussée, où les briques de verre posées au sol, d’un bleu qui donne envie de s’y plonger. Ressourçant.
Juste dans la salle d’après, attardez-vous sur la photo de Nan Goldin, autre égérie du Musée, qui a ressorti sa photo de Bruce in the smoke, formidable témoignage de l’art de cette photographe du quotidien, souvent mise à l’honneur dans le Musée.
On retrouve aussi les œuvres de Robert Ryman ou encore des pièces de Mircea Cantor, Roni Horn qui sont autant de piliers de la collection, mais qu’on regarde toujours avec autant de curiosité…
Dans l’une des ailes du Musée sont rassemblées des œuvres de Spencer Finch, de Joan Jonas avec cette vidéo qui date de 1968 et qui met en scène le vent, celui qu’on espère aussi à Avignon par cette canicule et qu’on craint dès qu’il surgit avec sa force dévastatrice…
Lettrages au mur dans le couloir, mêmement au livre de Pétrarque datant de 1555, et on passe dans la grande salle illuminée d’une lumière du jour puissante et où Susanna Fritscher expose Flügle Klinigen. Impressionnant.
Mais, je dois le confesser, la pièce qui a le plus retenu mon attention est celle de Žilvinas Kempinas avec son installation Fountains ou des ventilateurs sont posés au sol et auxquels sont reliés des bandes magnétiques qui sont aussi en cercle, comme une sorte de limite à ces puissants mouvements au sol.
On doit aussi signaler le sublime catalogue de cette exposition « même les soleils sont ivres » à la fois une mémoire de cette exposition et un jeu de piste entre découpage des feuilles et poèmes laissés à notre découverte.
Emmanuel Serafini


Images : vues de l’exposition – Photos Collection Lambert / DR






















Le meilleur du lieu: Les impromptus de Cindy van Acker!