FESTIVAL D’AVIGNON. « DERNIERS FEUX », LA PUISSANTE ET AUDACIEUSE CHOREGRAHIE DE NEMO FLOURET

79e FESTIVAL D’AVIGNON. « Derniers Feux » – Conception et chorégraphie Némo Flouret – Scénographie Philippe Quesne – Cour du Lycée St Joseph à 22h – 19 – 25 juillet 2025 – Relâche le 22 juillet.
Feux follets
Cette année, on peut dire qu’on a été gâtés, côté décors, aussi bien en tournettes qu’en échafaudages de tubes en acier. Dans la Cour d’honneur avec l’installation de gymnase blanc imaginée par Yannick Fouassier et Marlene Monteiro Freitas et ici, pour cette nouvelle création de Némo Flouret, avec le décor imaginé pour la cour du lycée St Joseph par Philippe Quesne qui dispose à jardin un rutilant échafaudage qui servira de support de batteries, de lieu de grimpe – on n’est pas loin du parcours dans cette pièce tant les danseurs montent et descendent de cette construction ! — Et d’espace d’affichage…
Un long et étonnant solo de trompette dans le noir profond de la cour du lycée, sorte de corne de brume en action pour rameuter tous les danseurs alentours avec, sortant des huit enceintes blanches en forme de pavillon, le bruit d’un vent qui sature les ouïes…
Et, contrairement à ce qui est annoncé, à savoir une pièce qui parle du début, d’un spectacle qui va commencer, on a d’emblée un feu d’artifice… Une machine pyrotechnique qui éclaire poétiquement le plateau et qui lance le spectacle. Une sorte de création à rebours qui commence par le début, l’apothéose.
Les danseurs surgissent. Ils sont rapides. On peine à les voir. Les uns sont en blanc, les autres en noir. Némo Flouret place tout de suite un trio en action qui résiste, voire entraîne l’agitation autour. Ventilo géants, lumières blanches très crues inondent le tapis de scène blanc…
On déménage. On pose. On déplace. Cartons immenses, tiges de bois, vêtements géants sur portants… Les costumes de Issey Miyake, imaginés par Satoshi Kondo, sont des combinaisons noires et blanches, des académiques vert amande, des sortes de sur-chaussures bleues ou rouges, des chemises ou des pantalons avec plusieurs manches…
Immédiatement, le son est saturé. Le mégaphone est couvert par la batterie qui est accrochée à la sculpture de métal à jardin et le musicien tape comme un sonneur. Les danseurs passent et repassent avec de longs morceaux de carton. Ils survolent le public avec des chemises géantes fichées sur des cannes en bois. Il y a quelque chose des géants des parades du carnaval dans le nord. Les drapeaux surgissent, petits fanions de couleurs munis de piques, comme pour jouer aux fléchettes. Un messager traverse la scène avec une, puis d’autres arrivent.
Et comme au gymnase Aubanel voisin où Mario Banushi réactive – sans le savoir, nous dit-on – Sul concetto di volto nel figlio di Dio (Sur le concept du visage du fils de Dieu) de Roméo Castelluci , on peut imaginer ici que Némo Flouret rend hommage à Nelken de Pina Bausch, avec ce lancé de drapeaux du haut de l’échafaudage qui fait furieusement penser aux œillets de cette pièce, eux aussi piqués sur la scène de la cour d’honneur naguère.
Les dix danseurs s’agitent, créent une scène avec des cartons immenses, décorés de petits drapeaux en triangle, et poussent de la face jardin au lointain cour les danseurs en action qui vont rebondir dans d’épuisantes traversées de la scène.
Un seul moment de répit et de calme vient soulager nos oreilles et nos yeux pendant qu’une ombre chinoise, juchée sur le haut de l’échafaudage, tente d’allumer un feu follet et, comme le disait Corneille, ce grand calme prépare un dangereux orage et, prophétique, la danse reprend de plus belle.
Dans un festival dont tous les spectacles sont annoncés par les trompettes de Maurice Jarre, Némo Floret, en ouvrant son audacieuse et puissante chorégraphie par un solo de trompette, nous réinvite à la fête.
Plutôt que des « derniers feux », ce sont plutôt ceux d’un début prometteur où le rythme comme le souffle n’a pas manqué de nous mener aux rives des œuvres de Fellini dont il dit qu’elles l’ont inspiré.
Un moment qui va crescendo et qui ne laisse rien retomber. Des danseurs qui portent le projet sans s’essouffler. Une cour du lycée St-Joseph, finalement, magnifiée… des derniers feux bien lancés.
Emmanuel Serafini


Photos C. Raynaud De Lage / Festival d’Avignon






















Bon sang, on n’a vraiment pas vu la même chose.
C’était nullissime !
Vraiment, j’ai eu honte de faire partie de ce public, dont manifestement le « metteur en scène » ne s’est jamais soucié.
Une proposition artistique au ras des pâquerettes – au contraire justement de Mario Banushi, qui, lui, signe un chef d’oeuvre avec Mami.
Et je ne vous dis pas l’état de mes oreilles en sortant de ce vacarme !
Non, vraiment : nous n’avons pas vécu la même chose !!
« MAMI », complètement pompé sur Castellucci, vous aimez vraiment ça, la contrefaçon ? Vous souscrivez aux plagiaires ? Bravo ! Au moins, le « Derniers Feux » que vous n’aimez pas (problème d’allergie à l’innovation, à la Danse contemporaine inventive et couillue ?) est une vraie création, pas un plagiat…
Je n’avais pas compris que Banushi était un plagiaire. 😂
Mais vous avez le droit de le penser.
Sinon, non : aucun problème avec la danse contemporaine.
J’ai vu Every-Body-knows, et pour le coup, là, c’était de la danse !
Un spectacle intense, profond, puissant.
Rien à voir avec ce truc « couillu »… 😂
Bon festival à vous.