BIENNALE CHARLEROI DANSE. « COMBAT DES LIANES », RESTAURER L’ÂME DE L’HUMANITE

BIENNALE CHARLEROI DANSE. Combat des lianes – Chorégraphie Zora Snake – Donné au Théâtre National à Bruxelles du 23 septembre au 04 octobre 2025 – Également le 11 octobre 2025 aux Écuries de Charleroi pour la Biennale Charlero Danse – Durée 1h30.

Après « L’Opéra du villageois » la saison dernière qui mettait en lumière le pillage colonial des œuvres d’art avec une performance fortement remarquée, Zora Snake revient avec « Combat des lianes ». À travers cette dance l’artiste immerge le public, captivant son attention sur la problématique de la déforestation. Menace terrible qui pèse sur les autochtones de l’Afrique centrale et que rien ne semble pouvoir arrêter. On sait combien Snake aime à explorer les thématiques de la domination en tout genre. À travers ses mouvements et ceux des danseurs et musiciens évoluant sur scène, les corps entremêlés, ici, comme des lianes, voire un cordon ombilical, pénètrent les sens du public. Fascinant ! Pas une mouche qui vole, l’attention est à son comble, l’interrogation, la réflexion aussi.

Bien avant d’arriver dans la salle, sur le parcours qui y mène, les spectateurs plongent déjà dans l’univers d’une forêt. Arrivés sur place ils sont accueillis et invités à découvrir, voire à toucher, ce qui les entourent. Ils font désormais partie de la « communauté ». Sous une ambiance tamisée, l’esprit des arbres, symboles de sagesse, les enveloppent, les enlacent. L’impression est forte, une sensation bienfaisante, l’expérience totalement immersive. L’impact de la déforestation prend déjà un sens clair : les souches et les grumes des arbres abattus sont partout. Des copeaux de bois aussi. L’esprit de la forêt, est représenté par un personnage géant dont le corps semble être une hutte.

Puis la bâche argentée qui couvre les sièges peu à peu disparait, le public s’assoit, les pulsations rythmiques, les percussions commencent, la musique ampli l’espace, fait battre les cœurs. Peu à peu les âmes semblent naître du corps de l’Esprit qui accompagne le peuple Baka et dansent, se tortillent, se rebellent, manifestent leurs douleurs. Les mouvements s’inspirent de l’influence chamanique, ils sont à la fois harmonieux, désordonnés, puissants, les danseurs sont comme des passeurs entre les humains et les esprits, explorant la manière de percevoir la forêt, voire, de l’habiter, de l’aimer, de la comprendre et surtout, de la défendre. La musique envoûtante, endiablée, mêlent différents styles, tels les percussions traditionnelles ancestrales ou un genre d’électro. La rage face au désastre environnemental qu’impacte fortement la déforestation se ressent puisement. Le but ? aller vers la guérison. Nous sommes nature, la connexion est intrinsèque, authentique. La forêt et l’humain ne font qu’un.

Zora Snake, artiste engagé, performeur de la rébellion, à la recherche de la justice et de l’harmonie des peuples et de la nature. Il met l’accent sur l’urgence de réagir face au désastre de la déforestation et de ces conséquences dramatiques ; sur l’absolue nécessité de protéger la population Baka et tous les autres. Le public est d’ailleurs invité à apporter avec eux une offrande (des produits non périssables) que les spectateurs déposent près de l’arbre ou de la rivière entre deux dance.

Zora Snake, à travers la dance, parle de son exploration avec une partie de l’équipe artistique de Combat de lianes à l’Est du Cameroun où il s’est rendu en janvier 2025, chez les communautés Baka. Ces communautés « accordent une importance essentielle à la bienvenue des peuples d’ailleurs qu’elles ne jugent pas différents. ». Ils les accueillent avec des chants polyphoniques au rythmes des percussions. Ils sont en complète harmonie avec la nature. Une belle leçon d’humilité et d’humanité que l’on aimerait voir plus souvent en occident.

Longue ovation debout du public pour ce spectacle.

Julia Garlito Y Romo

*Pour les personnes qui n’ont pas eu l’occasion de voir ce spectacle au Théâtre National, une autre date est prévue, le 11 octobre 2025 Zora Snake et sa troupe de danseurs et musiciens se produiront aux Écuries de Charleroi Danse

Photos Marin Driguez

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