INFERNO

L’archi-célèbre photographe Martin Paar est mort chez lui à Bristol le 6 décembre dernier. Il avait 73 ans. Ses clichés saturés de couleurs, montrant la banalité du monde ordinaire et celle des gens tout aussi ordinaires qui le peuplent, ont fait le tour du monde.

Une icône pop qui aimait les plages, un de ses sujets de prédilection, les gens aux vêtements criards, les nappes de pique-niques coiffées des reliefs d’un festin bucolique… Et surtout un style, une patte de photographe reconnaissable entre toutes. Tout comme ses sujets, Paar était un gars sans histoire, un homme tranquille, peu disert, mais qui savait rester aimable, même si son humour discret mais grinçant, typiquement british, se teintait souvent d’une arrogance légère.

Léger, le photographe l’a été toute sa vie, choisissant ses sujets avec soin, glanés souvent au bord de ces plages anglaises qu’il fréquentait assidument pour ses prises de vues. Des plages comme celle de Brighton, bien ringarde comme il les aimait, avec ses relents de fête foraine, de donuts et de barbe à papa.

Un grand artiste au look « d’ornithologue amateur ringard », comme le décrivait avec humour son éditrice. Un type normal, qui abritait dans sa tête toutes les couleurs d’un monde confit dans sa normalité, le sublimant avec une palette puissante. Les photographies de Martin Paar resteront à jamais l’illustration parfaite de ce que les gens ordinaires et ce qui les entoure sont d’une beauté incroyable.

Marc Roudier

Toutes les images copyright succession Martin Paar