FESTIVAL D’AIX 2026 : ROMEO CASTELLUCCI, SEPT ANS DE REFLEXION… ET PUIS REVIENT

FESTIVAL INTERNATIONAL D’AIX EN PROVENCE 2026. Au programme, quatre opéras dont une création mondiale, et la reprise du génial « Requiem » de Mozart par Romeo Castellucci. Du 2 au 21 juillet 2026, Aix en Provence.
La dernière programmation de Pierre Audi : une manière de testament artistique, avec en bonus le magnifique « Requiem » de Romeo Castellucci et trois autres opéras montés par de brillants metteurs en scène.
Voici ce qu’il faut retenir après l’annonce du pré-programme du prochain festival d’Aix, qui se tiendra du 2 au 21 juillet : le retour inespéré de Castellucci et de son sublime « Requiem » de Mozart, à jamais gravé dans toutes les mémoires. Créé à Aix en 2019*, cet opus magistral du metteur en scène italien a fait date, éblouissant le public du Festival lors de ses premières représentations.
Cette oeuvre majeure du maestro Romeo Castellucci a beaucoup voyagé depuis 2019 et du coup, à plusieurs reprises, a vu l’équipe artistique qui le servait à l’origine modifiée et évoluer. Mais elle conserve son orchestre de la création initiale, sous la direction du brillant chef de 2019, Raphaël Pichon, entouré de la grande soprano Mélissa Petit, et de la mezzo Beth Taylor, entre autres chanteuses et chanteurs exceptionnels.
Mais ce qu’il faut souligner également, et c’est encore le testament de Pierre Audi, l’ancien directeur hélas décédé en mai 2025, c’est l’offre généreuse au public d’Aix de trois autres opéras de très haute tenue, tous trois créés par des metteurs en scène au talent incroyable que sont Barrie Kosky, Clément Cogitore ou encore Valentina Carrasco, servis par des directions musicales au sommet de l’art.
La création contemporaine sera bien présente encore, comme il est de tradition à Aix, sous l’impulsion de Pierre Audi, car outre le « Requiem » de Castellucci, voici cet « Accabadora » de Francesco Filidei et El Cimarrón « donné pour la première fois au Festival d’Aix-en-Provence à l’occasion du centenaire de Hans Werner Henze (1926-2012) » et brillamment mis en scène par Valentina Carrasco.
Autre moment majeur de cette édition 2026, « La Femme sans ombre » de Strauss sur une mise en scène créative du grand Barrie Kosky, sous la direction musicale du maestro Klaus Mäkelä, sera sans aucun doute un événement inoubliable.
Continuons avec une « Flûte enchantée » de légende, passée incontournable dans un festival lyrique à l’origine dédié à Mozart, oeuvre immortelle, cette fois dans une nouvelle mise en scène originale de Clément Cogitore, servie par une pléiade d’artistes remarquables, avec la Cappella Mediterranea du chef Leonardo Garcia-Alarcon.
Enfin, signalons deux opéras en version concert, qui n’amoindrissent en rien leur vertu, même si nous préférons tous les versions mises en scène et « habillées » aux versions purement orchestrales : « Les Vêpres siciliennes » et « Le Château de Barbe-Bleue », donnés tous deux avec des distributions exceptionnelles et à la baguette des chefs d’envergure.
Et bien sûr, comme toujours à Aix, de nombreux concerts et récitals dont ceux de Benjamin Bernheim, avec la pianiste Qiaochu Li dans un programme invitant les compositeurs emblématiques que sont Massenet, Bizet, Duparc, Puccini, Verdi et Berlioz… mais aussi les indispensables Sonya Yoncheva, Michael Spyres, Ailyn Pérez… Bref de quoi réjouir les oreilles exigeantes des nombreux aficionados d’Aix.
Une superbe programmation de transition que Pierre Audi a laissée en guise d’offrande artistique au public d’Aix et à son successeur dans ce poste délicat, Ted Huffman, lequel, même s’il est un jeune metteur en scène de très grand talent -venu cinq fois sous Pierre Audi présenter ses propres créations- devra néanmoins se montrer à la hauteur de la direction et de la programmation d’un festival de pointe, à la renommée internationale, que le pugnace directeur défunt d’Aix avait su transformer, on peut même dire ressusciter… Ce monument festivalier historique d’entre les festivals mondiaux d’Art Lyrique, étant tombé avant Pierre Audi dans un doux endormissement, certes confortable, à l’instar d’autres comme les Chorégies d’Orange ou Bayreuth… Un événement devenu un peu poussiéreux, facile, s’essoufflant et tournant en rond, se reposant sur ses lauriers de jadis…
Mais c’était avant la reprise en mains énergique de Pierre Audi, qui a su transfigurer cet emblématique festival, aujourd’hui enfin redevenu ce qu’il était, par la grâce, l’engagement, le talent et les intuitions visionnaires d’un directeur hors-pair : ce phare mondial de la modernité de l’Art lyrique et de l’audace créative.
Marc Roudier
*LIRE L’ARTICLE SUR LE « REQUIEM » DE CASTELLUCCI LORS DE SA CREATION EN 2019 : https://inferno-magazine.com/2019/07/08/a-aix-romeo-castellucci-celebre-la-vie-avec-son-requiem-de-mozart/




Images: 1 à 4: « Requiem » de Romeo Castellucci, – 5: Pierre Audi – Photos Pascal Victor / Festival d’Aix





















