JULIEN BLAINE : EXPLICA©CTION
Les seventies : l’épanouissement de la performance… Quand je l’ai abandonnée au milieu des années 2000, j’ai écrit un texte d’explica©tion : ce texte est toujours inachevé : un (ou +) post scriptum s’y ajoute à chaque saison (ou presque) Voilà où il en est à ce jour (inédit à partir du PS n°37) :
Introdaction
C’est à partir de ce texte ou en rapport avec ce texte ou en opposition à ce texte (ci-dessous) que le plus important courant de la poésie contemporaine s’est positionné, que ce soient les poètes de la première génération encore fortement impliqués selon les avant-gardes historiques (futurisme, dada, cobra ou fluxus) : poésie concrète, poésie visuelle ou poésie sonore ; puis ceux de la génération suivante qui développèrent leur poésie par l’articulation aussi bien celle des voix que celle des corps (happening, poésie élémentaire, poésie action) qui amèneront la poésie essentielle de la fin du XXe siècle et du début du troisième millénaire : la performance Enfin ceux de la nouvelle génération qui restent dans leur corps et qui disent par la bouche et écrivent par leur langue ou celles et ceux qui ont prolongé leurs vieilles prothèses, magnétophone et microphone par les ordinateurs et les nouveaux outils électroniques.
La performance* C’est un corps dans un espace et c’est un son dans un corps, ce son est celui de mon corps ou celui de cet espace, c’est un son de nature : voix, viande, &c. ou un son d’artifice : musique, bruits, &c. Puis c’est un geste du corps et un mouvement de cet espace et comment jouent ensemble le geste du corps et le mouvement de l’espace. Le mouvement de l’espace est proprement celui de l’espace mais aussi du peuple de cet espace : du public. Là, tout va bouger : le corps, l’espace, le son, le geste… Et la rencontre sera ou s’évaporera. Là, aux entrepôts frigorifiques, sous les voûtes dans cet espace en bord de Seine aux frontières d’une friche industrielle qui sera une université parisienne (l’université Denis-Diderot) la rencontre s’est établie… Quant à l’enseignement : l’université future ne pourra jamais faire mieux. ————————————————– octobre 2002
*Post-Scriptum c’est un art désespéré
P.S. no 2 Si je dis « à ce jour », c’est comme s’il y avait une lueur d’espoir, or l’obscurité est totale. Néanmoins, « à ce jour », toute révolte contre l’injustice comme tout combat pour la justice – ce qui n’est pas la même chose –, celle des hommes, celle qui fait la différence avec la barbarie des animaux domestiques, ont été un échec. L’administration américaine made in USA (héréditaire et désormais truquée) et l’administration russe made in URSS (mais oui ! mon pote Poutine ! en URSS !) règnent règnent sur le monde aidées par leurs chiens et leurs faucons deux bêtes faciles à apprivoiser
P.S. no 3 En ce début de millénaire la performance est guettée par 4 dangers : 1/ le gag trop intelligent 2/ le gag trop idiot 3/ la saynète théâtrale 4/ le monologue pour cabaret à touristes 1 risque : 1/ la longueur et 2 réalités : 1/ les critiques hors média et hors style s’emparent, désormais, de cette discipline et, hors de cette culture, la définissent néanmoins (en tant qu’ingénieurs d’un appareil critique d’une machine hors circuit) 2/ ceux qui pratiquent ça parce que ce serait être à la mode… et 5 con tenus néfastes 1/ l’engage ment simpliste et altruiste 2/ le sexuelle ment nu ou opaque 3/ les symboliques et les ri tu els pisse de chat et caca-boudin 4/ la mise en scène de l’antipathie spontanée et radicale des artistes entre-deux (entre deux âges, entre deux styles, entre deux &c.) à l’égard des autres artistes (jeunes et vieux, physiques ou technologiques, &c.) 5/ le retour au happening, gutaï et autres spectacles avec participation obligatoire du public.
P.S. no 4 En ce début de millénaire la performance est partout avec le théâtre, la danse, la musique, les arts plastiques et c’est tant mieux… Mais elle est aussi enseignée dans les Écoles d’Art et là c’est tant pis. Pauvres écoliers qui se retrouvent face à des jeunes femmes ou des jeunes hommes voire des vieilles femmes et des vieux hommes qui sont loin de leur corps et de leurs actes, loin de leur vie et de leur désir, loin du risque et du plaisir, loin de la haine, de la révolte et de l’amour, et qui conduisent ces écoliers de colloques en séminaires sur les autoroutes du savoir mort.
P.S. no 5 En ce début de millénaire, moi, après 42 ans passés à en faire (des perfs c. à d. des poëmes en chair et en os) j’arrête, j’arrêterai fin 2004. Je vous dirai et je vous dis : ça commence à Marseille à la Friche de la Belle-de-Mai le 18 novembre 2004. Après, je me planquerai dans les résidus : livres, disques, films, expos et autres traces ordurières.
P.S. no 6 Finalement, je fais des expositions pour publier des livres : des livres, pas des catalogues. Le livre dans l’espace donne le livre dans le livre. Et après je peux lire le livre, le lire de tout mon corps, en chair et en os…
printemps – été – automne – hiver 2003
P.S. no 7 Désormais, mon corps n’est plus à la mesure de mon ambition…
P.S. no 8 À part Balint Szombathy qui, bien que plus jeune, fait plus vieux que moi, j’étais le benjamin de la fournée de l’E.P.I. Zentrum Der Lange Atem (Zbigniew Warpechowski et Jerzy Beres de Pologne, Janet Haufler de Suisse, Sten Hanson de Suède, Balint et moi), rencontre à l’initiative de Boris Nieslony… Alors oui ! Je me suis dit : « Oui ! Je pourrais, comme eux, comme elle, continuer à performer, montrer mes rides et mes plis, mon souffle court et mes muscles flasques, ma peau flétrie et mes poils blancs et nos infirmités (comment écrivais-je « ça », jadis, dans mes Bimots ? : Poumons / goudronnés – Cartilages / déconjugués – Reins / ensablés – Foie /engorgé – Vaisseaux / encrassés – Peaux / rides – cheveux / blancs – Poils / gris – Muscles / douleurs -Viscères / douleurs – Squelette / douleurs – Cervelle / mémoire) La vieillesse est déjà une performance si elle est exhibitionniste. Mais c’est une perf, à partir d’un âge certain, à la portée de tous. J’ai vu Isou en slip Kangourou, Esther enrubannée de scotch transparent, et la grosse et vieille queue de Jerzy peinte aux couleurs de la Pologne, et moi, en ai-je assez fait, nu, des « Appels au linge » ! L’ange et L’un seul ou le lange et le linceul… Donc, désormais je resterai vêtu, et assis, calme, derrière une table, pour lire clair, sobre, digne (à la rigueur : debout), vrai. Le texte, lui, sera à poil & au poil – c’est du moins mon souhait et ma volonté. Je laisse à mes amis et à mes ennemis, à mes chers infirmes plus ou moins diminués, leurs textes dits, agités & datés.
P.S. no 9 J’ai été souvent ridicule et normalement grotesque de 1962 à 2004 (inclus)…
P.S. no 10 (le + & le – ) C’est bien, que j’arrête la perf. (le poëme en chair&en os et à cor&à cri ) : de 5 à 5 000 personnes spectatrices-auditrices, je n’ai toujours qu’un public de 2 personnes : l’une qui dit : « Vous êtes obligé d’hurler tout le temps ?* » et l’autre qui me confirme que j’ai inventé le poëme olfactif**. ——————– * il vocifère, il faut s’y faire ** Ecfruiture
automne 2004
P.S. no 11 Voilà plus de quarante ans que je voyage à travers le monde pour voir du pays, rencontrer les gens, et je ne visite que des auditoires.
P.S. no 12 Si j’étais sincère (vrai-ment), je dirais que j’arrête la perf aussi, surtout, à cause du trac qui me brûle l’estomac et me ligote le cœur les jours qui précèdent et me rend insomniaque la nuit d’avant. automne 2005
P.S. no 13 Militant, prêcheur, représentant, depuis 1962 j’ai dit et remué ma poésie tout autour du monde, j’ai agi devant des foules et des déserts. Je voulais convaincre par la confrontation avec eux, avec elles, avec tous. Les mettre en face de la poésie en chair & en os et à cor & à cri. Mais le monde est large, long, épais, dispersé ; trop traversé, trop desservi. Et le monstre qui m’écoute, qui me voit n’a que deux oreilles mais mille langues : je renonce. hiver 2005
P.S. no 14 Celui que j’ai oublié dans toutes les précédentes publications de cette note : éliminer de la performance « l’esprit potache » qui a pris naissance dans le livre de Georges Duhamel, Les copains, et que l’on voit souvent resurgir chez les meilleurs d’entre nous.
P.S. no 15 (las ! : docte & magistral) Éviter aussi d’être l’un de ces artistes misérables qui rament toute une vie vers la célèbre-autre-rive-d’en-face pour faire du sur-place. Soyez où vous êtes ou sachez où vous allez.t. printemps 2007
P.S. no 16 Pour mes déclara©tions je ne veux désormais, aucune béquille ni musicale ni électronique.
P.S. No 17 Pour le peu qui m’en reste, Eddy a changé ma vie, Eddy est un vénitien qui a rejoint, jadis, sa chérie à Marseille. Sa mère tenait le café de la Giarina dès l’entrée de la Biennale et Eddy a grandi – tous les deux ans – parmi tous ces artistes biennalisés… Il a repris le café restaurant du mac ( musée d’art contemporain de Marseille), c’est de famille ! Et après ma dernière presta©tion avec une sono dégueulasse, des ordinateurs qui calent et éclatent, des sons qui meurent, Eddy est venu vers moi : “Tu as une présence géniale, tu es un artiste énorme : tu ne dois plus accepter de travailler dans de telles condition avec du matériel pourri et des techniciens incapables” avec un délicieux relent d’accent italien et de l’agréable flagornerie dans les adjectifs du propos. Ma si ! Je ne travaillerai plus dans des conditions techniques modestes &/8 médiocres. printemps 2009
P.S. No 18 Écrire avec expression, donc dire ou faire avec expression et par conséquent éviter ce qui est déjà a déjà été mieux écrit, mieux dit ou mieux fait auparavant avec une expression parfaitement exprimée. Exprimée à fond, sous toutes ces manifestations. (expression : locution & démonstration)
P.S. No 19 J’ai dit : “ Bye-bye la perf. “ et je m’y tiens. Je n’ai pas dit : “ Bye-bye les déclara©tions “ “ Bye-bye les concerts et les improvisa©tions “ “ Bye-bye les expositions, les installa©tions et les dé monstra©tions “ “ Bye-bye les publica©tions “ Je suis désolé d’attrister ainsi celles&ceux ami(e)s chéri(e)s neufs ou moribonds qui pensaient que j’avais dit : “ Bye-bye à tout ! “ été 2009 P.S. No 20 La performance devient un art de citations et encore la méconnaissance ou la mais-connaissance des intervenants ne leur permet pas de savoir ou d’affirmer qui ils citent ! Je suis vieux et trop connaissant voire reconnaissant.
P.S. No 21 Le vieux nomade aspire désormais à une neuve sédentarité… D’ailleurs où que j’aille, je rencontre des amis que je connais déjà et qui me connaissent aussi – mieux que je ne les connais, sans doute – ou d’autres plus jeunes qui nous ressemblent… automne 2009
P.S. No 22 Je ne lis plus, je feuillette parce que ce que je fais, c’est le fait d’écrire…
P.S. No 23 À 67 ans achevée, je vois bien que j’ai raté ma vie sportive ! Printemps 2010
P.S. No 24 Aux rencontres de performers, j’y vais souvent et j’y assiste en spectateur ou en déclaractant et je m’y ennuie. J’ai dû en faire chier plus d’un (+ d’1)
P.S. No 25 Tant que je ne vis pas mes 68 ans, je ne les ai pas.
P.S. No 26 ça ne vaut même pas le coup de se suicider : ça ne chagrinerait et n’intéresserait personne. printemps 2010
P.S. No 27 Bye bye la perf. c’est bye bye la perf. : adieu à mes performances mais je suis toujours vivant et il m’aura fallu 5 (cinq) ans pour que cet « adieu » soit enfin réalisé ! vraiment efficace. Il y a toujours eu quelqu’un ou quelqu’une à qui je n’ai pu refuser de m’y remettre encore un coup…
P.S. No 28 Encore plus que les touristes et les estivants, les performeurs et performeuses n’ont de cesse de photographier et de se faire photographier
P.S. No 29 Peu m’importe l’appréciation des critiques et des conservateurs, des galeristes et des marchands et autres animateurs culturels. Je suis sur de mon fait. été 2010
P.S. No 30 Mon travail, c’est une question de vocabulaire : Il m’aura fallu un demi siècle pour établir ce vocabulaire, mon propre vocabulaire fait de mots, de gestes et de choses. Et c’est à partir de ces vocables, de ces mouvements, de ces choses, identiques, fixés ; Que j’ai pu établir diverses phrases et des compositions variés.
P.S. No 31 Par exemple (parmi trop d’exemples) : avec la poésie sonore on a ouvert une porte sur une grande salle remplie de sales cons en train d’élaborer leurs conneries au milieu de leurs fils, fiches et boites à trous…
P.S. No 32 Je ne suis qu’un humble maître d’école de Cours élémentaire qui essaie de vous apprendre à lire.
P.S. No 33 Aurais-je pu être ça, ça que je suis et ça que je fais si j’avais été sédentaire ? automne 2010 P.S. No 34 Un demi siècle d’essais ne font pas une réussite : dans l’écriture, dans la poésie, dans l’installa©tion, dans la monstra©tion, dans la performance, j’ai tout essayé et je continue ! mais un demi siècle d’essais ne font pas une réussite.
P.S. No 35 Nous sommes si peu à exister que je ne cesse de me demander pourquoi, pour qui, nous faisons encore ou plus simplement, pourquoi, pour qui nous continuons à vivre ?
P.S. N° 36 Depuis que j’ai arrêté mes perf.s on ne cesse de m’inviter pour que j’explique pour quoi j’ai arrêté ! Alors je fais des déclara©tions… Hiver 2011
P.S. N° 37 À partir de quel âge est-on trop vieux pour devenir terroriste ? Printemps 2011
P.S. N° 38 Nous avons gagné : les performeurs du dimanche ont remplacé les peintres du dimanche !
P.S. N° 39 Le public c’est qui ? C’est quoi ? Ca signifie qui et quoi ? Quel pronom possessif stupide dans une telle sentence ! dérisoire affirmation…
P.S. N°40 Alors tout le monde se photographie mutuellement et réciproquement comme s’ils vivaient un grand moment historique… Pathétique !
P.S. N° 41 La priorité, jadis, au temps de la marine a voile, était au bateau qui était
sous le vent… sous le vent (!) Hui, au temps des énormes cargos et des monumentaux paquebots, la priorité estau navire qui prend le plus de temps a s’arrêter (règle «du moins manœuvrant»)… A celui qui doit rester surson erre. Voila, j’ai arrêté (décision) la performance en 2006 et j’ai arrêté(dans les faits) la performance en 2012> Je suis un gros cargo>
P.S. N°42 la perf . au jour J, le jour d’avant c’est bien – utile – le jour pendant c’est mieux le jour d’après c’est bien (nécessaire) Après… Apres : je tourne en rond, je bois seul en attendant un nouveau jour J (et ça de 1962 à 2012 : 1/2 siècle) Vacuité (sens multiple) En même temps et néanmoins, je désire ces moments de vacuité absolue
P.S. N°43 Nous sommes quelques uns, ainsi, dominés par notre langue mais ceux qui neconnaissent pas notre langue – ici ou ailleurs – peuvent nous « saisir » par lesarticulations que nous mettons à la prononcer.
P.S. N°44 Alors, je suis allé au Moma, c’était fin octobre 2011, je suis allé au 2ndétage, il y avait : Fluxus Editions – Thing/thought, 1962/1978. Nous tous : de la poésie concrète, visive, élémentaire, en action (du happening ala performance) sommes contemporain de ce “mouvement”, au jour près ! Il va falloirnous surveiller de très près et vérifier nos travaux présents et futurs… En effet, avec le recul leur univers et leurs réalisations paraissent si dérisoires, sifutiles, si inintéressants en un mot si crétins. Ils ont mal compris les leçons des avant-gardes historiques : futurisme, dada,cubisme (par exemple), ils n’en ont saisi que l’aspect rigolade… Fluxus c’est juste une parodie lugubre de la mauvaise face de cette histoire.
P.S. N°45 L’assassinat de John Lennon par Mark David Chapman commandité par Yoko Ono est-il un acte Fluxus ? Si oui, des trois qui est l’artiste Fluxus ?
P.S. N°46 Je suis allé – là-bas-partout – et tous ceux qui devaient me voir m’ont vu. Lesautres n’ont qu’a venir me voir.
P.S. N°47 Une mort digne de Blaine ! N’est-ce pas : terrible nouvelle ! Anne-marie Villeri vient de me faire savoir que notre ami Bruno Mendonça est décédé ce matin à l’hôpital des suites d’une « Chute » dans son escalier. Je n’ai aucune autre information pour l’instant… C’était un grand performeur !
P.S. N°48 C’est le jour des morts (02.11.2011) que je fis cet étrange constatation : mon annonce d’en finir avec la performance et la disparition d’une big bit of my libido furent, en moi et chez moi, contemporaines à la minute près. Mais quoiqui entraina l’autre ? J’ai mis 9 ans à repérer & établir ce rapprochement ! automne 2011
Julien Blaine (2002/2011)
«Simplement pour dire
qu’en ouvrant l’œil
simplement pour dire
qu’en ouvrant l’œil
vous verrez des Poèmes Métaphysiques
au quotidien – partout :
dans les trains, dans les aéroports, dans les
hôpitaux, dans les forêts, sur les routes…
dans les notices, les modes d’emploi, les
posologies, les plans, les lexiques, les cartes,
les guides…
et ailleurs encore…»
Bibliographie :
• WM Quinzième (Ed. Les Carnets de l’Octéor) 1966
• Essai sur la Sculpturale (Ed. Denise Davy) 1967
• Paragenesi (Ed. Sampiero) 1968
• Petit précis d’Érotomanie (Ed. Agentzia) 1969
• Processus de déculturatisation (Ed. Tête de Feuilles) 1972
• Elefanti e primi testi (Ed. Geiger) 1977
• Passé/Futur (Ed. Factotum Art) 1979
• Reprenons la ponctuation à zéro (Zérosscopiz Ed. NèPE) 1980
• Énoncé du problème (Ed. Loques) 1981
• 13427 poëmes métaphysiques (Ed. Évidant) 1986
• L’ (Ed. Akenaton) 1988
• Poëme métaphysique n° 12897 (Ed. Spectres Familiers) 1988
• Via Italia (Ed. Rara International) 1990
• Bimot (Ed. Évidant) 1990
• Fioriture – illustrations Joël Hubaut (Ed. Delacrem) 1992
• Calmar (Ed. Spectres Familiers) 1993
• Bamileke (Giona Ed.) 1995
• Parodies & Brouillons (Adriano Parise Ed.) 1995
• L’Arc c’est la Lyre (Ed. Al Dante) 1998
• Gloria Mundi (Ed. Al Dante) 1998
• Pagure (Ed. Al Dante) 1999
• La fin de la chasse (Ed. Al Dante & Safaribooks) 1999
• Comment sortir la phrase de sa gangue (Ed. Al Dante) 2001
• Kyé de N & de M (VOIX éditions) 2002
• Se constituer vrai/ment Grand Père (Éd. le Bleu du Ciel) 2003
• L’impromptu de Valenciennes (Éd. de l’école des beaux-arts de Valenciennes) 2004
• L’éventail n°1 – 1959/2004 avec Antoine Simon (Éd. NèPE) 2005
• En dansant la Sumida – avec Valentine Verhaeghe et Viviane Duverfgé (Éd. NèPE) 2005
• Bye-bye la perf. (Éd. Al Dante & Adriano Parise) 2006
• Cuba – Cola (Éd. Inventaire/Invention) 2006
• Poëmes Vulgos (Éd. Al Dante & Adriano Parise) 2007
• Manuel de poésie contemporaine (Éd. Al Dante ) 2009
• Bimot (Éd. Al dante) 2011
• Mes âneries dans le Berry (Éd. Al Dante) 2011
![prg2009_julien_blaine[1]](https://inferno-magazine.com/wp-content/uploads/2011/12/prg2009_julien_blaine1-e1323006334960.jpg?w=640)
Dès le début des années 60, Julien Blaine propose une poésie sémiotique qui, au-delà du mot et de la lettre, se construit à partir de signes de toutes natures. Forcément multiple, il se situe à la fois dans une lignée post-concrète (par son travail de multiplication des champs sémantiques, en faisant se côtoyer dans un même espace des signes – textuels, visuels, objectals – d’horizons différents) et post-fluxus (dans cette attitude d’une poésie comportementale, où est expérimentée à chaque instant la poésie comme partie intégrante du vécu). Mais avant tout, la poésie s’expérimente physiquement : elle est, d’évidence, performative. Ses performances sont nombreuses, qui parfois le mettent physiquement en péril (Chute, en 1983, où il se jette du haut des escaliers de la gare Saint-Charles à Marseille : violence de cette dégringolade incontrôlable, et la réception, brutale, au sol, quelques centaines de marches plus bas… puis Julien Blaine met son doigt sur la bouche et, sous l’œil d’une caméra complice cachée parmi les badauds médusés, murmure: « chuuuuut ! ». Mise en danger du corps, et mise en danger du poète, qui toujours oscille entre grotesque et tragique, dans une posture des plus fragile, car « le poète aujourd’hui est ridicule». Performances, livres, affiches, disques, tract, mail-art, objets, films, revues, journaux… sa production est multiple, mêlant éphémère et durable, friable et solide. Pas un outil, un médium qui ne lui échappe. Mais rien qui ne soit achevé, arrêté. Car pour Julien Blaine la poésie est élémentaire, tout ce qu’il produit est fragment, indice d’un travail toujours en cours, document d’un chantier poétique à chaque instant renouvelé. Tous ces « résidus » doivent être lus en soi et en regard de ce qui nous entoure. 




















