L’ENTERREMENT (FESTEN… LA SUITE), OU UNE COMEDIE SUR LA PEDOPHILIE

L’ENTERREMENT (Festen… la suite) / texte Thomas Vinterberg, Mogens Rukov  / texte français, mise en scène et lumière Daniel Benoin / durée 1h50 / Jusqu’au 10 novembre 2012 / Théâtre du Rond Point.

Dix ans sont passés depuis les faits terribles de Festen. Le pédophile, le père monstrueux est mort, et toute la famille se retrouve pour l’enterrement. Malgré la funeste occasion, la famille est heureuse de se réunir depuis aussi longtemps.

Toute la famille est contaminée par cet enthousiasme, sauf Christian, le fils abusé, qui a survécu tant bien que mal aux traumatismes de son enfance. La mère, elle qui n’avait pas voulu dénoncer les crimes de son mari pour sauver l’unité de la famille est désormais une vielle matrone gaie et alcoolique. Le frère Mikael est heureux d’avoir trouvé une nouvelle et jolie maitresse. La sœur hystérique a désormais une famille pleine de bambins. Au début de la pièce, cette famille bizarre assiste aux obsèques, calmement, en apparence.

Mais à l’apéro, on boit trop, et on se lâche ; les souvenirs et les pulsions les plus terrifiantes remontent à la surface. Finit par arriver ce qui devait arriver : le pire, un brin prévisible, il faut bien le dire. L’histoire se répète : l’enfant violé est devenu, à son tour, un pédophile. Le passé revient comme une malédiction à laquelle on ne peut échapper. Mais au contraire du père, qui incarnait autrefois le Mal absolu, ce frère est un frère adoré qui ne peut être un monstre. La figure d’ogre, du pédophile, prend ici un visage plus humain. Toute la famille semble prête à oublier, sauf le père de l’enfant. Malgré le drame, la pièce ne se transforme pas en tragédie mais reste toujours dans les cadres de la comédie…Peut-être un peu macabre mais toujours une comédie.

La pièce défile sur ce drame sans surprise narrative. L’histoire manque de suspense et ennuie un peu, mais la mise en scène est remarquable et pleine de bonnes idées : le retour du fantôme du père, sur un écran vidéo, et son interaction avec les vivants sont des moments terrifiants et presque émouvants. Il nous fait sentir le poids du passé, des absents sur le présent.

Camilla Pizzichillo

Photo © Giovanni Cittadini Cesi

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