BIENNALE CHARLEROI DANSE. « DELIRIOUS NIGHT », LES BACCHANALES DE METTE INGVARTSEN

BIENNALE CHARLEROI DANSE. « DELIRIOUS NIGHT » – METTE INGVARTSEN – Samedi 18 octobre 2025 à 20h30 – Les Ecuries de Charleroi, navette depuis Bruxelles.
LA DANSE TELLURIQUE
La dernière fois que j’ai croisé le travail de la danoise Mette Ingvartsen, c’était à la 12ème Biennale de danse de Venise avec To come (Extended) et, déjà, il avait fallu s’accrocher au fauteuil tant elle secoue les acquis chorégraphiques, renverse la baraque, met les spectateurs à rude épreuve, sans parler des danseurs qui doivent être sur pile ou que sais-je…
To come (Extended) était aussi une pièce pour une quinzaine de corps en académique bleu de la tête au pied, anonymat assuré… Ici pour cette Delirious night, c’est aussi le cas, du moins presque, puisque les danseuses et danseurs surgissent masqués du lointain, têtes de morts, têtes de loups ou de lions… Le plateau fait de praticables en tube d’acier et scène de bois et métal avec des ponts lumières pour mettre les projecteurs, des guirlandes et des bâches argentées où sont inscrits des slogans tels que « attitudes passionnelles »…
Là où dans To come (extendend), Mette Ingvartsen rapprochait les corps dans toutes les positions connues du Kâmasûtra, ici ils sont tous torses nus. Ils se lancent dans une débauche des gestes ne respectant aucune ligne, trompant les ensembles par des soli comme des boules de feu dans un billard…
Mette Ingvartsen aime la chair et elle met souvent les danseurs ou tout nus ou torses nus comme dans cette nouvelle pièce créée pour le Festival d’Avignon. C’est sans doute chez cette chorégraphe le moyen de revendiquer la liberté, celle des corps et des esprits…
Outre les danseurs, tous engagés comme jamais dans cette pièce d’une heure pile, il faut signaler la performance du batteur qui tient le choc pendant cette heure sans presque s’arrêter, livrant des pulsations démoniaques sur cette scène du lycée St Joseph qui n’en demandait pas tant…
Baigné dans une lumière verte au début, le rouge déboule via des guirlandes de fêtes foraines. Une énergie tribale, primitive nous gagne à les voir s’épuiser sur scène. Une danse tellurique, d’urgence, anime cette pièce. On est proche de la transe parfois, des bacchanales aussi… Le spectacle nous laisse fourbus, mais plein de vie et d’une joie revigorante…
Emmanuel Serafini
Photo C. Raynaud De Lage / Festival d’Avignon





















