INFERNO

FESTIVAL D’AVIGNON 2013 : Avant-Programme de la 67e édition / La sélection d’INFERNO / du 5 au 26 juillet 2013.

Ce 18 mars, Vincent Baudriller et Hortense Archambault, dont c’est la dernière programmation, présentaient à Avignon salle Benoit XII l’avant-programme de cette 67e édition, dont les deux artistes associés sont Stanislas Nordey et Dieudonné Niangouna.

Une édition marquée fortement par un retour du théâtre documentaire et engagé, mais aussi bien sûr par l’Afrique dont le Congolais Dieudonné Niangouna, artiste associé de ce 67e festival, nous permettra d’approcher les forces vives et découvrir une multitude de créateurs du continent.

Cette prochaine édition est donc la dernière pour le duo de directeurs qui depuis dix ans oeuvrent à ce festival dont ils auront largement contribué à accroître la notoriété internationale, invitant des artistes du monde entier et ouvrant aux disciplines connexes du théâtre comme la performance, la poésie contemporaine et bien sûr la danse qu’ils ont largement soutenue tout au long de ces années.

Que faut-il retenir a priori de cet avant-programme ? Tout d’abord, comme nous le soulignions en préambule, la forte présence d’un théâtre documentaire, en tout cas de formes engagées dans une certaine réalité sociétale et les interrogations qui ne manquent pas de résurgir dans la création contemporaine. Ainsi des artistes du continent africain qui tous, plus ou moins, proposent des oeuvres profondément marquées par les réalités socio-économiques et politiques de leurs pays respectifs.

Une tendance accentuée par les travaux d’artistes comme Jérôme Bel, qui dans sa création pour le Festival intitulée « Cour d’Honneur », judicieusement donnée dans ladite Cour, donnera parole aux spectateurs et interrogera cette notion même de spectateur de théâtre…

La bonne nouvelle est le retour de l’immense Angélica Liddell avec une création « Todo el cielo sobre la tierra » et un autre spectacle « Ping Pang Qiu », deux oeuvres qui, n’en doutons pas, imprimeront de leur force cette 67e édition.

Philippe Quesne et son Vivarium Studio sont eux aussi de retour, et c’est tant mieux. Leur création « Swamp club » sera attendue tout comme le formidable Jan Lauwers qui monte en première en France « Place du Marché 76 » au Cloître des Carmes.

Antoine Defoort & Halory Goerger montreront un « Germinal » peu conformiste, c’est le moins que l’on puisse dire, et Falk Richter propose son « Rausch » au Lycée saint-Joseph, deux spectacles à ne pas manquer.

Quant à Ludovic Lagarde, il donnera sa propre version de Lear avec « Lear is in tawn » à la Carrière Boulbon, sa création 2013 pour le Festival, certainement quelque chose à ne pas rater non plus. Tout comme  l’excellent Faustin Linyekula qui proposera son « Drums and Digging » au Cloître des Célestins dont les deux platanes en devant de plateau confèrent à ce lieu déjà magique une aura toute particulière…

Nicolas Truong met en scène son « Projet Luciole » autour du rapport qu’entretient la philosophie avec le théâtre et vice-versa. Nous attendrons avec impatience ce qu’il pourra faire de cette fertile interrogation, donnée en la Chapelle des Pénitents Blancs.

C’est à Stanislas Nordey que reviendra le redoutable honneur d’ouvrir ce 67e Festival dans la Cour d’Honneur, avec une création d’après Peter Handke… « Par les Villages » est un théâtre « ouvrier » selon les voeux de Nordey, on verra bien ce qu’il en fera… En attendant d’aller le voir comme acteur dans « L’Argent », une pièce de Anne Théron sur un texte du lumineux et regretté Christophe Tarkos, ce grand poète qui nous manque.

Sophie Calle elle aussi est de retour et elle reprendra le principe de ce qui l’a fait découvrir lors de ses débuts à savoir ses « Chambres d’hôtel », publiées dans le quotidien Libération dans les années 8O. Cette performance intitulée « Chambre 20 » se déroulera à l’Hôtel de La Mirande de 15 au 19 juillet, où l’artiste recevra en personne son public dans sa propre chambre….

Moins de danse que d’habitude, mais on remarquera l’excellent Christian Rizzo qui propose au Lycée Aubanel une création intitulée « D’après une histoire vraie », dont on peut s’attendre à ce qu’elle colle au fil rouge de cette édition…

Katie Mitchell est là elle-aussi, son « Voyage au bout de la nuit » devrait être une curiosité. Tout comme le formidable Krzysztof Warlikowski qui inaugurera La FabricA, le nouveau lieu de répétitions du Festival -et nouvelle salle de spectacles- avec son « Kabaret Warzawski ».

Enfin Dieudonné Niangouna donnera sa création « Shéda » à la Carrière de Boulbon, et nous ne doutons pas que ce lieu magique pour le théâtre révélera l’oeuvre de Nianguna, qui nous a habitués à de fort belles choses…

Pour cette dernière programmation, les directeurs du Festival ont également convié les artistes associés des précédentes éditions, en tout cas ceux qui le pouvaient, à venir pour un « one shot » d’une soirée à Avignon, qui pour une lecture, qui pour une oeuvre donnée un soir. Cela se passera à l’Opéra-Théâtre et nous aurons, entre autres, le plaisir de revoir Romeo Castellucci, Jan Fabre, Thomas Ostermeier, Josef Nadj, Pippo Delbono, Alain Platel…  ces créateurs exceptionnels qui ont enchanté le Festival toutes ces années Archambault-Baudriller. Des soirées-événements, dont on se souviendra certainement…

Nous reviendrons en profondeur dans Inferno sur toutes ces propositions au fil du printemps, jusqu’à début juillet. En apéritif de l’ouverture de ce 67e Festival d’Avignon qui s’annonce sous les meilleurs auspices.

Marc Roudier

L’avant-programme complet devrait être disponible ce soir 18 mars dès 20h. sur le site du Festival : http://www.festival-avignon.com

Visuel : Angélica Liddell : Ping Pang Qiu / Photo A. Liddell