INFERNO

TRIBUNE : Au Louvre, Beyoncé mesure son couple à l’Histoire
par Raja El Fani

Les Carter, le couple régnant du Hip Hop et au-delà, Jay Z et Beyoncé, ont dévoilé samedi dernier leur clip surprise Apeshit tourné au Louvre de nuit et ils n’y croient pas eux-mêmes : « I can’t believe we made it », chante Beyoncé triomphante. Mais l’impact reste symbolique, les pièces maîtresses du Louvre sont figées dans leur immortalité malgré la recherche chorégraphique (signée Sidi Larbi Cherkaoui). Du Sphynx millénaire à la Victoire ailée de Samothrace et la Vénus de Milo, de la Joconde de Léonard aux toiles monumentales de David, Géricault et Delacroix, dans ce décor sublime qui est notre patrimoine et ce qui nous identifie tous, le couple feint de pouvoir se mesurer à l’Histoire.

Contrairement à ce qu’on veut nous faire croire, la réinterprétation version Afro des icônes de la Culture occidentale est purement esthétique, la valeur universelle de chefs-d’œuvre comme la Joconde transcende déjà la couleur de la peau. Le monde a besoin d’un nouveau modèle culturel que notre société n’a pas encore produit. Mais l’obsession romantique de Beyoncé, qui cherche depuis longtemps à consacrer son histoire d’amour, est l’écho pop d’un idéal plus grand en devenir. L’image d’un couple célèbre qui se tient par la main dans n’importe quel contexte c’est la force de l’union, une promesse de changement collectif, si leur amour, comme celui de Roméo et Juliette, brave à lui seul tous les interdits et devance son temps. Un bouleversement global, c’est le prix d’une place dans l’Histoire.

Raja El Fani