INFERNO

Mutations / Créations #4 – Festival Pluridisciplinaire – IRCAM, Centre Pompidou, le 104, Paris – du 26 février 2020 au 20 avril 2020.

Si il existe un lieu où la création contemporaine se fabrique et se partage en France, c’est l’Ircam : l’Institut de Recherche et de Coordination Acoustique/Musique.

L’Ircam, situé dans un immeuble tout en hauteur, à côté de Beaubourg, pas loin de là où les statues de Niki de Saint Phalle lancent leurs jets d’eau circulaires, a organisé conjointement au 104 à Paris et au Centre Pompidou, une série d’événements du 28 février au 20 avril, rassemblés sous le nom de « Mutations/Créations #4 ».

Ce rendez vous d’artistes, de scientifiques, de musiciens, danseurs, plasticiens, architectes graphistes, tous chercheurs, venus de l’europe entière, d’Australie, de Chine et du Moyen orient, se sont succédé pour présenter et évoquer les résultats de leurs travaux et les questions émergeant de la confrontation entre intelligence artificielle et création artistique, en lien avec l’exposition sur « Les Neurones » accueillie à Beaubourg jusqu’à Avril 2020.

Des multiples utilisations du deep learning, et de la robotique appliqué au graphisme, aux fleurs, aux rêves, à la danse, et jusqu’aux questions éthiques qu’implique l’utilisation d’une telle technologie, ont été abordées dans un premier temps.

Puis au Cent quatre le week end dernier, se sont succédé les présentations de sortie des artistes travaillant dans le cadre de « Start residencies ». On a pu ainsi admirer plusieurs travaux en vrac dont une goutte d’eau lévitant dans l’air, portée par les ondes, un parcours dans la ville sonorisé et coloré par les flux recueillies lors du sommeil de l’artiste en ses murs. Beaucoup d’interactions entre les sens et la matière ainsi que de nombreux débats ou les artistes ont pu expliquer leur travail au sein d’institutions comme l’hôpital, ou les labos scientifiques.

Enfin cinq jours d’ateliers à l’Ircam même, deux pour rendre compte des problématiques des résidences art et science, et trois pour la recherche musicale, où des informaticiens et musiciens pour la plupart, sont venus communiquer leurs travaux et découvertes dans un esprit de partage intégral avec leurs outils pour la plupart en open source.

Les journées clôturées par un concert dans la grande salle de Beaubourg ont mis en évidence le travail sensible de Aaron Einbond et Advise Sinovia, les visions de Jose Miguel Fernandez et Raphaël Foulon, et l’univers graphique de Eric Raynaud.

Ce qu’on peut en tirer c’est que grouille dans les sous sols et les étages de l’Ircam un formidable potentiel de créativité applicable dans beaucoup de domaines, allant du spectacle vivant aux jeux informatiques, en passant par le design et la mode. Qu’il n’est plus possible de regarder un spectacle sans se poser la question maintenant d’une perception qui demande à être multiple ou transcendée par les échanges et les correspondances entre les sens, et l’émergence d’une intelligence artificielle dans notre système de représentation faisant basculer le monde dans des dimensions plurielles..

Une dimension augmentée comme les hommes et femmes que nous serons demain.

Cela il serait bon que les artistes du spectacle vivant s’en emparent vraiment, profitent des opportunités que l’Ircam leur amène sur un plateau pour exercer leur créativité dans les champs un peu arides de la science et de la technique. C’est une porte à pousser qui ne demande qu’à l’être car par bonheur la plupart des manifestations de l’Ircam sont peu chères ou gratuites, et l’accueil simple et fraternel.

Claire Denieul

Ircam,
1 place Stravinsky
75004 Paris

À venir: la création contemporaine Russe au miroir des années 20
31 mars à 16h à l’Ircam.

Image: Self Reflected in violets, Greg Dunn © Greg Dunn