SARAH SZE, « DE NUIT EN JOUR », FONDATION CARTIER
Sarah Sze « De nuit en jour » – Fondation Cartier, Paris – Du 24 octobre 2020 au 7 mars 2021.
Toujours fidèle aux artistes, et 20 ans après la première exposition qu’elle lui a consacrée, la Fondation Cartier pour l’art contemporain invite à nouveau l’artiste américaine Sarah Sze à créer une exposition immersive en dialogue avec les espaces transparents du bâtiment iconique de Jean Nouvel.
Internationalement reconnue pour son œuvre défiant les frontières entre peinture, sculpture et architecture, Sarah Sze assemble des objets du quotidien et des images en mouvement dans des installations d’une étonnante délicatesse et complexité. Dans cette nouvelle exposition, l’artiste explore la manière dont la prolifération des images – imprimées dans les magazines, glanées sur le web ou prises depuis l’espace – engage et transforme, dans la vie de tous les jours, notre relation aux objets, au temps et à la mémoire. Brouillant les frontières entre intérieur et extérieur, mirage et réalité, passé et présent, les œuvres exposées font perdre au visiteur tout repère et toute notion de temps en raison de leur nature à la fois architecturale, filmique et sculpturale.
« En tant qu’artiste, je pense à l’effort, au désir, et à l’envie constante que l’on a, au fil des années, de donner un sens au monde qui nous entoure à travers les matériaux. Et de tenter de trouver une sorte d’émerveillement, mais aussi une certaine futilité résidant dans cette très fragile quête » -Sarah Sze.
En pénétrant dans la première salle d’exposition, le visiteur est attiré par une installation monumentale aux allures de planétarium semblant flotter dans l’espace, une structure sphérique suspendue faite d’acier inoxydable et de bambou. Cette sculpture se compose d’objets, de lumières, de sons, de photographies imprimées et de vidéos projetées sur de petits morceaux de papier déchirés. Grâce à des vidéoprojecteurs rotatifs, des images animées jaillissent sur les parois de verre de la Fondation, transformant le bâtiment en une lanterne magique au gré de leurs collisions, de leurs changements d’échelle, de leur disparition et de leur réapparition.
« Le bâtiment de la Fondation Cartier relève d’un jeu sur le brouillage des limites : ne pas savoir exactement ce qui est là et ce qui n’y est pas, où ça commence et où ça se termine. » -Jean Nouvel, architecte.
Nombre de ces vidéos, prises par l’artiste au moyen de son iPhone ou collectées sur internet, représentent des éléments intemporels de la nature – la terre, le feu, l’eau – et portent notre attention sur des phénomènes naturels tels que le mouvement des nuages, l’éruption d’un geyser ou encore la croissance d’une plante. D’autres vidéos montrent la transformation de matériaux – par exemple une craie ou de la mousse coupées en morceaux – proposant une expérience visuelle qui éveille notre sens du tactile dans nos vies saturées d’images. Ces contenus disparates sont juxtaposés afin que le spectateur, à travers la vision et la lecture des images, participe activement à l’interprétation de l’œuvre.
« C’est par l’abstraction de la figure du monde que Sarah Sze mène à l’exactitude ».
Bruno Latour, sociologue, anthropologue et philosophe des sciences
S’étirant sur toute la circonférence du bâtiment, ces images mènent le visiteur vers un second espace où ils découvrent une sculpture de forme concave réfléchissante dont on ne saurait dire si elle émerge du sol ou si elle est au contraire tombée du ciel. Sa surface fragmentée en acier reflète des fragments d’images et d’objets, et donne le sentiment d’un paysage fracturé. Un pendule oscillant au-dessus d’elle vient frôler cette surface dans un mouvement irrégulier.
Inspirées du planétarium et du pendule – des modèles scientifiques conçus dans notre quête de connaissance du cosmos –, les sculptures de Sarah Sze tentent de représenter les insondables concepts de temps et de mémoire. Les images diaphanes et fragmentaires de l’installation apparaissent et disparaissent, se désintègrent et s’évaporent, à l’instar des images floues et décousues qui peuvent surgir de notre mémoire.
En 1999, la Fondation Cartier pour l’art contemporain a été la première institution française à consacrer à Sarah Sze une grande exposition personnelle.
Sarah Sze a représenté les États-Unis à la Biennale de Venise en 2013 et nombre de ses œuvres ont rejoint les collections d’institutions prestigieuses dont le Museum of Modern Art et le Whitney Museum of American Art à New York, ou encore le San Francisco Museum of Modern Art.
Parmi ses récentes expositions : Sarah Sze au Copenhagen Contemporary, Danemark, en 2017 ; Sarah Sze. Centrifuge à la Haus der Kunst de Munich, Allemagne, 2017-2018 ; Sarah Sze : Afterimage à la galerie Victoria Miro à Londres, Royaume-Uni, 2018 ; ou encore Sarah Sze à la galerie Gagosian à Paris, 2020.
Commissaire : Leanne Sacramone, assistée de Maëlle Coatleven
Images: Eléments de prototype en studio, 2018 © Sarah Sze – Photo © Sarah Sze Studio.