THE CRADLE OF HUMANKIND : STEVEN COHEN PEINE A CONVAINCRE

FESTIVAL D’AVIGNON 2012 : THE CRADLE OF HUMANKIND (Le Berceau de l’Humanité) / STEVEN COHEN / du 22 au 25 juillet 2012 à 22 h. / Salle de Vedène.

Steven Cohen présente au Festival sa création 2011, montée l’an dernier au Festival des Antipodes à Brest, un opus anti-apartheid émouvant, pour lequel il a invité la nounou de son enfance Nomsa Dhlamini, une vieille dame dont la présence exceptionnelle illumine le plateau. Malheureusement, si cette oeuvre touchante s’offre comme un véritable acte d’amour, elle pêche par une dramaturgie bancale et des lourdeurs symboliques qui plombent ce qui aurait pu être un très beau manifeste.

Dommage, donc, car ce « Berceau de l’humanité » non seulement part d’une bonne idée, mais à priori présentait toutes les garanties d’une bonne pièce : un thème plutôt engagé, un bel espace scénographié, un soin tout particulier apporté à l’aspect visuel, et la présence au plateau de deux personnages tout à fait extraordinaires, le performer lunaire Steven Cohen dont on aime habituellement sans réserve le travail, et cette dame âgée vraiment charismatique, poignante dans sa nudité pudique.

Le problème vient d’une quasi-absence de dramaturgie, qui fait de ce « Berceau » un montage de tableaux sans réelle cohérence ni récit. Une suite de séquences -fort belles par ailleurs- dont nous avons beaucoup de mal à saisir le fil qui les relie. Pourtant, il y a de belles idées dans cette mise en scène, tout comme le performer, dans sa posture d’amour et de reconnaissance filiale à l’endroit de sa vieille nounou, est réellement touchant et convaincant.

Malheureusement cela ne suffit pas, et il semble que Steven Cohen se laisse submerger par ses propres émotions, absorbé qu’il est par son histoire autobiographique et une volonté par trop manifeste d’afficher ses bons sentiments.

Ainsi de ces naivetés anti-racistes, ou de ces lourdeurs symboliques qui émaillent le spectacle. Cette « Marseillaise », par exemple, que Cohen nous inflige frontalement, alors que sa nounou a les fers aux mains. Oui, nous avons été une horrible nation colonialiste, comme nous avons participé à la traite d’esclaves. Peut-être un peu plus de subtilité dans le maniement des images élèverait-il le propos, alors qu’ici ce ne sont que poncifs et vieux clichés.

Steven Cohen est un performer exceptionnel, il est fait pour des oeuvres courtes et percutantes. En montant ce « Berceau de l’humanité », il a peut-être un peu préjugé de sa capacité dramaturgique. C’est tout à fait regrettable, d’autant que cette oeuvre ne manque ni de charme ni de véritables qualités visuelles et émotionnelles.

Marc Roudier

Visuel : The Cradle… / Steven Cohen / Photo DR

Comments
One Response to “THE CRADLE OF HUMANKIND : STEVEN COHEN PEINE A CONVAINCRE”
  1. paricultures dit :

    Spectacle programmé également l’automne dernier au centre Pompidou dans le cadre du festival d’Automne, passé totalement inaperçu. Je me souviens d’un ennui mortel

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

  • Mots-clefs

    Art Art Bruxelles Art New York Art Paris Art Venise Biennale de Venise Centre Pompidou Danse Festival d'Automne Festival d'Avignon Festivals La Biennale Musiques Palais de Tokyo Performance Photographie Théâtre Tribune
  • Archives