A BRUXELLES, « NOVELTY LTD. », NOUVEAU TIR DE POESIE BALISTIQUE

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Novelty Ltd. : Douglas Eynon & Erwan Mahéo – La Verrière, Fondation d’Entreprise Hermès,Bruxelles – commissaire Guillaume Désanges – 18 janvier – 25 mars 2017.

Ce nouvel épisode du cycle Poésie balistique, initié par Guillaume Désanges à La Verrière transforme radicalement l’espace d’exposition de la Fondation d’Entreprise Hermès à Bruxelles. Le scénario du projet s’affiche de manière frontale sur une grande pièce en tissu qui scinde le volume du white cube. L’aspect balistique de l’œuvre créée pour l’occasion par Erwan Mahéo, minimaliste et fonctionnelle, semble s’imposer au premier regard, avant que la linéarité prétendue qu’un fil conducteur annonce sur le firmament ne bute sur des arrêts poétiques. Il est question d’un fantôme, d’un jardin, de Dark Water, d’une Caverne, d’un Nœud Gordien ou encore d’un Electrical Problem.

Dimension spatiale et temporalité se conjuguent sur la même surface plane. On se surprend à reconnaitre le plan de la verrière qui donne son nom à l’espace d’art ou encore à sonder un feuilleté architectural qui retrace les différentes étapes d’une recherche menée conjointement. Des fenêtres ménagées dans le rideau ouvrent déjà d’autres perspectives, esquissent des jeux de regard, affirment la théâtralité sournoise du dispositif, attisent la curiosité pour l’envers du décor, cet autre monde pris en charge par Douglas Eynon, qui couve derrière la paroi « qu’un courant d’air suffit à déstabiliser ».

Pour cette exposition consacrée à l’environnement artistique bruxellois en pleine effervescence créative depuis quelques années déjà, Guillaume Désanges réunit deux plasticiens de générations différentes, l’un français, l’autre anglais, dont les parcours se sont déjà croisés dans la capitale belge. Novelty Ltd. parvient à déjouer par des petits gestes furtifs la dualité qui risquait de s’imposer comme structurante, cultive une porosité subtile, tout en préservant la spécificité de chaque univers esthétique.

Un couloir nous entraine plus loin, les apparences d’une entreprise du secteur tertiaire semblent encore préservées. La moquette blanche et ouatée qui le tapisse, ainsi qu’une porte condamnée derrière la vitre opaque de laquelle se pressent de manière étouffante les feuilles grasses d’une improbable forêt tropicale, préparent déjà la bascule.

L’installation immersive de Douglas Eynon abolit toute distance. Chaque pas crisse désormais sur le sol recouvert d’une strate de tôle aux coutures apparentes, patchwork miroitant qui véhicule de manière subliminale quelque chose du trouble des palais de glace. Cette peau métallique gagne en volume pour construire un improbable tabernacle au centre de l’espace. A l’intérieur l’électricité et l’élément aquatique sont conjugués dangereusement dans les fluctuations d’une ampoule qui suinte à basse intensité. L’impression de bascule dans une réalité parallèle est amplifiée par la prégnance des sensations physiques suscitées par les matériaux choisis et par les éléments sculpturaux qui ne cherchent pas à dissimuler leur fabrique. Un étrange commerce s’accomplit silencieusement à travers la membrane de l’œuvre textile d’Erwan Mahéo, entre intentions et intuitions, affects et désirs. Le pari de la poésie balistique tient à la qualité de cette surface entre.

Smaranda Olcèse

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