LA SCULPTURE CONSTRUITE DE PER KIRKEBY
Sculptures en brique (1966-2016) de Per Kirkeby – Cour vitrée du Palais des études des Beaux-Arts de Paris – du 20 octobre au 22 décembre 2017.
Dans la cour vitrée du Palais des études des Beaux-arts de Paris, les sculptures en brique de Per Kirkeby ont trouvé leur écrin. Cet artiste, qui pratique aussi bien le dessin, la sculpture que l’architecture, propose ici une exposition qui se découvre comme un parcours qui conduit à différentes perceptions de l’espace. Ses sculptures ont souvent pris place dans l’espace public, places, jardins… de villes européennes. Ici, elles jouent avec l’architecture et les éléments de décor de ce lieu, qui a longtemps servi pour accueillir des sculptures, des moulages en plâtres, copies d’après l’antique qui servaient de modèles pour l’apprentissage du dessin. Du plan à l’élévation, du vide au plein, différents états de construction se découvrent au fil de la déambulation.
Les sculptures Grenoble I, II, III suggèrent de possibles construction en devenir ou des traces d’une ville perdue. Combinaison de cercles et de carrés, au ras du sol, jeu de formes géométriques, ces œuvres appellent à la notion de plan, de dessin, à une logique mathématique. Per Kirkeby met en lumière les particularités de ces formes, expérimente les principes de l’assemblage, de l’association pour une invention infinie de nouvelles compositions.
Un ensemble de sculptures, Stèles, réalisées entre 1966 et 2016, ponctuent l’espace comme des élévations. Empilement de briques, ces œuvres font directement écho au vocabulaire architectural. Elles invitent le visiteur à en faire le tour, à se promener…
Dès l’entrée, une sculpture pénétrable, un labyrinthe, sollicite le regard du visiteur. Incité à y entrer, il s’engouffre dans un espace étroit, corridor de brique et peut ressentir la trouble sensation, le jeu d’être pris au piège. Cette œuvre est à la limite entre l’architecture et la sculpture. De plus, elle forme un prolongement des éléments architecturaux de la cour, entre espace clos et espace ouvert. Per Kirkeby s’en défend d’ailleurs : « Mes œuvres ne sont pas des bâtiments […]. Elles sont gratuites ». Elles nécessitent la traversée des visiteurs pour véritablement exister.
Ainsi, cette exposition se donne à voir comme une cité entre construction et déconstruction, de fondations jusqu’à des espaces construits. Les œuvres de Per Kirkeby mettent en lumière le lieu, elles s’y fondent presque, comme si elles avaient toujours été présentes.
Pauline Lisowski