BIENNALE DE LYON : YOANN BOURGEOIS, DE LA LEGERETE AU FLOTTEMENT

18e Biennale de la Danse de Lyon : Yoann Bourgeois – « Histoires naturelles, 24 tentatives d’approches d’un point de suspension » – Musée Guimet, Lyon.

De la légèreté au flottement.

C’est promis, on retiendra la leçon. Pour faire (re)découvrir un lieu oublié comme un vieux Musée ou autres, en confier l’ouverture à un artiste, de préférence « de cirque » et vous aurez une sorte de seconde vie qui (re)commence… un moment où même les peintures craquelées, les parquets usés ont du charme…

Yoann Bourgeois a donc mis son nez dans le Musée Guimet laissé à l’abandon et qui va devenir « les ateliers de la danse » avec une future grande salle de 500 places, deux studios de 350 et 300 m2, le tout livré en 2021 par l’architecte Pierre Hebbelinck qui vient de remporter le concours pour ce lieu tant attendu par la Maison de la danse de Lyon…

Et déjà avec cette performance « in situ » dont Yoann Bourgeois à le secret on se met à rêver du potentiel du lieu…

On entre dans une salle qui fait l’impression d’un vieux Musée où on ne sait pas bien ce qui y était conservé. Dedans sont installés des objets recouverts de longs draps beiges qui seront dévoilés au fur et à mesure de l’histoire que va nous conter la Compagnie… Juchés sur les hauteurs de la salle, à la tête d’un orchestre de percussion Raphael Defour joue de la batterie… inadvertance, chaise bancale et chute sur le toboggan, sorte de grande piste de skate qui était insoupçonnable sous son drap collé au balcon et qui resservira comme un couloir indispensable pour aller au contact du public, qui est laissé libre et s’installe chaque fois près des performances…

On retrouvera tout au long de la soirée les topics de Yoann Bourgeois, qui une chaise désarticulée qui s’écroule toute seule – la première fois l’effet est drôle et saisissant – qui des grandes scènes sur moteur permettant toutes sortes de figures grâce à la force centrifuge de l’objet, faisant prendre aux corps sans difficulté des positions étranges, qui de profonds récipients d’eau dans lesquels se plonge avec grâce et douceur une artiste de blanc vêtue et, bien sûr, un escalier et un trampoline sans lesquels ce ne serait pas du Yoann Bourgeois.

De cette association de figures déjà utilisées – naguère, on parlait de numéros de cirque – il y a une réelle poésie qui se dégage de l’ensemble. Le choix de musiques avec des lieder de Schumann ou Schubert permet une rêverie tout à fait adaptée à ce lieu qui semble lui-même surpris de revoir tant de monde.

Cette série de petites scénettes redonne aussi au public le goût des extrêmes avec cette vitesse ou cette instabilité qui permettent des équilibres provoquant des empathies dignes des figures du patin à glace, de ce moment où, concentrés sur un triple axel, on espère que les patineurs vont retomber sur leur jambes…

Le moment le plus étonnant restera cette quille humaine jetée dans la salle qui se déplace dans tout l’espace, frôle le public et l’enchante. Le couple qui court sur la voix poignante – toujours – de Nina Simone vient parfaire un pur moment de poésie qui permet un double effet sur le public : découvrir un lieu, découvrir un art… bonne idée d’y aller voir un peu les deux.

Emmanuel Serafini

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