POLLY FINDLAY MONTE « MACBETH » AU BARBICAN : HORREUR ET RAVISSEMENT

Londres, correspondance.

« Macbeth », Shakespeare, mes Polly Findlay pour la Royal Shakespeare Company, Barbican Theatre, Londres, jusqu’au 18 janvier 2019.

Horreur et ravissement.

La Royal Shakespeare Company est de retour pour sa tournée hivernale au Barbican avec ce Macbeth mis en scène par Polly Findlay. En tête d’affiche, Christopher Eccleston, connu notamment pour son rôle de prêtre dans The Leftovers incarne un Macbeth écartelé entre des sentiments contradictoires aux émotions peu nuancées et davantage gouverné par sa femme. Si la trame et le texte restent bien fidèles à l’originel, Polly Findlay renouvèle cependant intelligemment la vision que l’on a de la fameuse pièce écossaise.

Injectant de nombreuses références aux films d’épouvante et d’horreur : les trois sorcières deviennent ici trois petites filles aux costumes identiques (robe rouge avec col Claudine, chaussettes blanches montantes, non sans quelque peu rappeler les jumelles de The Shinning) leurs voix d’enfants se trouvent distordues en écho, des spectres hantent les Macbeth sur fond de lumière spectrale bleue parfois entrecoupée de noirs soudain, bruit de fracas métalliques brutal ou encore musique dissonante offre une plongée dans l’horreur, la folie.

L’espace scénique central est redoublé d’un espace caché en fond de scène, tour à tour dévoilé, par un rideau transparent et d’un autre espace au-dessus dévoilant les anti-chambres ou les scènes d’apparats ce qui permet un jeu de dupes, de personnages cachés, dévoilés, observés à leur insu, vient renforcer l’aspect lugubre de la mise en scène.

Le dispositif scénique principal, centre plateau, rappelle une antichambre glauque, sorte de hall d’hôtel, d’hôpital abandonné, au-dessus de laquelle se déroulent les scènes de réception, de chasse à l’homme. Sur ce plateau principal, des chaises, alignées en fond de scène de part et d’autre du rideau ainsi que des plantes et un distributeur d’eau minérale, y figurent une sorte de salle d’attente de la mort des différents personnages, et surtout celle de Macbeth dont le temps est décompté sous forme d’horloge à compte à rebours numérique, non sans rappeler Les Tragédies Romaines d’Ivo Van Hove.

Le clou de cette mise en scène reste cependant, et sans nul doute, la présence constante d’un personnage sur scène. Tour à tour gardien effroyable, le fameux Portier dans la pièce, il devient également un membre du personnel de nettoyage sinistre, décomptant les morts, et le temps qui s’écoule sur un tableau à la craie, commentant l’action, et surtout incarné avec brio, sobriété et drôlerie grinçante par Michael Hodgson.

Ce qui est frappant dans cette mise en scène c’est la volonté de décentrer l’attention : les Macbeth ne sont plus uniquement le point focal de l’action mais bien leur folie, leurs cerveaux malades, ce que les différentes esthétiques et références aux films d’horreur, dont le personnage terrifiant du portier, soulignent inlassablement imprégnant la pièce d’un je ne sais quoi de sépulcral, de suspense voire même de fantastique et de visions d’horreur empruntés aux films d’épouvante, la présentant sous un éclairage nouveau et lui offrant un nouveau regard.

Delphine Leroux
à Londres

Photos copyright Production Barbican

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