INFERNO

76e FESTIVAL D’AVIGNON. « TUMULUS » – François Chaignaud et Geoffroy Jourdin – La FabricA – Les 20, 21 – 23 – 26 juillet 2022.

A CŒUR JOIE

Dès le début de cette cérémonie chorégraphico-musicale la chose est étrange et habitée… On assistera à une sorte de rituel, mi chant mi danse, le tout parfaitement exécuté et qui enveloppe d’une douce torpeur, nous plongeant dans une rêverie médiévale, un peu les Riches heures de François et Geoffrey, illustrées par des séquences belles et enluminées…

De la salle, descendant vers le plateau, une bande de treize personnes engoncées dans des doudounes réajustées, des manteaux longs qui donnent chaud pour eux, tant la chaleur est étouffante cet été à Avignon. La lumière est faible et bleue, comme une nuit qui s’en vient. La procession arrive sur le plateau… elle se colle et entonne a cappella un requiem en mémoire du compositeur Josquin Desprez, très célèbre au 16ème siècle, le tout sans autre support que la voix pure et brute de l’Homme… C’est très beau.

Ce Tumulus va nous plonger ailleurs et ce monticule d’herbe sera l’ère de jeu de cette troupe baroque, faite de chanteurs de la Compagnie Les cris de Paris, animée par Geoffrey Jourdin et de danseurs que dirige François Chaignaud.

Finalement, peu de différence entre les deux groupes tant le travail de fusion est réussi. Leur application à ne pas distinguer les chanteurs des danseurs permet aux uns et aux autres de toujours surprendre.

Cette colline verte, témoin de nombreux assauts, va accueillir de Dies Irae comme des comptines anglaises Lullaby, my sweet littel boy… Munis de frondes, les uns rythment le chant et la danse des autres.

Dans des costumes, finalement, chatoyants et dorés où jambières et guêtres sont les signes des accoutrements possibles de l’époque, les deux associés responsables de ce projet, ont offert une plongée dans un monde féérique, fait de chimères et de croyances. Une pure beauté esthétique et des voix magnifiques ont bercé cette après-midi estivalière… c’est déjà ça !

Emmanuel Serafini

Photo C. Raynaud de Lage / Festival d’Avignon