FESTIVAL D’AVIGNON. « SILENT LEGACY », LAUREL ET HARDY
76e FESTIVAL D’AVIGNON. SILENT LEGACY – MAUD LE PLADEC et JR MADDRIPP – Cloitre des Célestins – Les 20 – 22 et 25 et 26 juillet 2022.
LAUREL ET HARDY
Pour son retour à Avignon l’été, Maud Le Pladec réveille le Cloitre des Célestins et signe une œuvre manifeste où le Krump croise la danse contemporaine, un mariage qui ne fait pas toujours bon ménage, là si !
Sur scène, un petit bout de femme, pas plus haute que trois pommes, tout de blanc vêtue, fait son entrée dans une découpe de lumières blafardes. Elle contracte les côtes. Elle pousse son mini plexus vers l’extérieur. Elle bombe le torse. Elle tend les bras vers le public. Elle fouette l’air de façon véhémente. Elle contracte la mâchoire et même si elle mime une rage dont on espère qu’elle ne l’a pas saisie, sa présence captive car elle ne semble ni effrayée, ni impressionnée… Adeline Kerry Cruz déploiera un Krump, bien puissant, les pieds ancrés dans le sol… stable, active… elle sera rejointe par le krumper JR Maddripp, mondialement connu dans sa discipline et qui va non seulement nous éblouir de son Krump rageux mais entamer un duo tendre avec Adeline Kerry Cruz, affublée d’une tunique à franges et qui ne résiste pas à la force de JR qui joue avec elle comme un chat avec une sourie… Il la place sur ses trapèzes. Elle reste longuement en place sans bouger… elle se met debout et il ne plie pas…
Au passage au noir, un corps git au sol devant la petite Adeline Kerry Cruz. C’est Audrey Merilus, filiforme, faisant penser à une sculpture de Giacometti, gisant au sol dans un savant contre-jour… Le mouvement démarre calmement. Audrey Merilus enlace la petite fille. Les néons s’allument. Un jeu de lumière commence. La voix de l’enfant résonne, elle est métallique, elle est reprise par des machines qui la renvoie puissamment… C’est le moment que choisi Audrey Mérilus pour répondre par une danse très libre, avec des gestes déliés. C’est calé sur la musique au millimètre. On sent que Maud Le Pladec a tout réglé dans les moindres détails… Le cloître est baigné de lumières et elles accompagnent ce solo prodigieux car il est très ambitieux de tenir seule une si grande scène, tout en longueur et cet exploit, Audrey Merilus le tient au prix d’un engagement sincère, sans rien lâcher. A aucun moment elle abandonne la réponse aux autres. Reprenant sa position initiale, comme dans des starting blocks, elle semble prête à reprendre à tout moment, alors que passe lentement Adeline Kerry Cruz… la relève est assurée. Cette pièce ouvre vers un espoir qu’une nouvelle génération s’apprête à envahir les plateaux…
Emmanuel Serafini
Jubilatoire, semble-t-il !