GANESH VERSUS THE THIRD REICH : INFINI THEÂTRE…

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Ganesh Versus The Third Reich / Back to Back Theatre / Mise en scène Bruce Gladwin / le Maillon, Strasbourg / s’est joué du 4 au 5 avril 2013 / Au Théâtre de La Villette du 10 au 13 avril 2013.

Le théâtre du Maillon à Strasbourg a accueilli en ses murs les 4 et 5 avril derniers la compagnie australienne Back To Back Theatre avec la pièce « Ganesh Versus The Third Reich » mise en scène par Bruce Gladwin. C’était la première en France, la pièce se jouera au théâtre de la Villette à Paris du 10 au 13 avril 2013. Retour sur une pièce qui met à mal notre rapport au théâtre classique.

Ganesh Versus The Third Reich a plusieurs particularités. La première est le sujet : opposer une déité hindoue à Hitler. La seconde est que trois des acteurs sur cinq sont des handicapés mentaux. Et la dernière est que l’on voit la pièce se créer et les acteurs débattre entre eux du déroulement de celle-ci, de leurs personnages entre chaque scène : «En présentant « Ganesh Versus The Third Reich », nous cherchons, d’une part, à observer comment des individus perçus comme des marginaux de toutes sortes peuvent commenter et répondre et, par extension, être plus solidement intégrés dans une société pluraliste. Notre travail vise à créer dialogue et tolérance. Nous n’avons pas cherché à représenter Ganesh mais l’interprétation que le jeune homme fait de Ganesh. Notre pièce montre à la fois sa pièce « Ganesh Versus The Third Reich » et un second récit – la fabrication du premier récit – et éclaire les problèmes moraux et éthiques impliqués dans la création d’une telle histoire.»

L’intrigue repose sur le vol par Hitler d’un symbole sanskrit, le Svastika, qui, en étant incliné, est devenu la croix gammée nazie. Ganesh, dieu de la sagesse, de l’intelligence, de la prudence et de l’éducation s’oppose à son père, Shiva, qui veut détruire le monde suite à ce détournement d’un attribut du bien pour faire le mal. Afin de l’en empêcher, missionné par sa mère Pârvatî, il part à la recherche du Svastika et rencontre en chemin un jeune juif qui va l’accompagner jusqu’à Berlin afin de le reprendre à Hitler.

Sur la scène, des rideaux sont suspendus fermés : progressivement, pendant le temps de la pièce, ils vont être tour à tour déployés afin de planter les différents décors de la pièce : une forêt, une maison, un train, la porte de Brandebourg à Berlin, etc.. Le décor est planté, la mission de Ganesh connue dès le départ par des rideaux et des ombres chinoises. La figure du rideau est détournée de son utilisation classique : ici la scène se termine quand le rideau s’ouvre…

Ensuite, deux des handicapés mentaux vont négocier leur participation à la pièce : quels rôles pourraient-ils jouer ? Ils souhaitent un vrai rôle : ils seront donc juifs, l’un deux tiendra même celui d’Hitler à la fin. Il est étonnant et intéressant que, pour jouer dans une pièce où il est question de nazisme, des personnes handicapées aient été invitées à participer. En effet, ce sont les personnes considérées à l’époque comme déviantes, les homosexuels, les malades mentaux et les juifs qui étaient persécutés et disséminés, qui, ici, sont mis en avant et semblent plus importants que les deux acteurs ne souffrant pas de handicaps.

Souvent, quand aucun rideau n’est tiré, les acteurs jouent alors son propre rôle et s’appellent par leurs noms réels : Mark Deans, Simon Laherty, Scott Price, Brian Tilley et David Woods. Ils sont, avec Marcia Ferguson, Bruce Gladwin, Nicki Holland, Sarah Mainwaring et Kate Sulan, les auteurs de cette pièce, dans laquelle une large place est laissée à l’improvisation. Ils ont composé avec et en fonction des handicaps d’acteurs non professionnels, ils les ont vraiment pris en compte et ont créé avec eux tout en en montrant les limites : Scott (à vérifier), l’un des handicapés mentaux, tire ainsi la sonnette d’alarme à un moment donné : selon lui, les deux autres handicapés n’arrivent pas à faire la différence entre réel et fiction et demande de faire attention à cela.

Rideaux tirés : la pièce se joue. Rideaux rangés : les acteurs parlent entre eux, s’apostrophent, s’insultent, discourent, parlent de la pièce, de leurs rôles, de son importance. Dans un premier temps, on est dans l’apologie du théâtre : auto-persuasion que ce qui est entrain de se créer est fondamental, que cela va être révolutionnaire, on est face à un discours dithyrambique et auto-congratulatoire. Mais l’ego de chacun est très présent, des contradictions apparaissent, le spectateur est invisible et nié, on lui présente ce qu’il ne devrait jamais être amené à voir : les coulisses d’une pièce où les esprits s’échauffent et où tous les débordements sont possibles. Les rapports dégénèrent et, au final, le fou n’est pas celui que l’on présupposait. Rideau !

Cécile R.

Au Théâtre de La Villette du 10 au 13 avril : http://www.villette.com/fr/agenda/theatrealavillette-ganesh-versus-reich.htm

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Photos DR / Copyright Back to Back Theatre

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