WONDERFUL WORLD / NATHALIE BEASSE : NOIR C’EST NOIR
DANSE : Wonderful world de Nathalie Béasse au Festival Faits d’Hiver.
Le festival de danse parisien Faits d’hiver donne chaque année depuis 1999 la possibilité à de jeunes compagnies de montrer leur travail en bénéficiant de toute la communication de cette manifestation. L’occasion pour cette poignée de chorégraphes d’obtenir l’exposition de leurs créations dans les théâtres parisiens.
Ce soir, c’est le Théâtre de la Bastille qui est occupé par Nathalie Béasse avec sa pièce dansée pour cinq hommes, à l’heure d’un meeting mortel. Entrées marathoniennes de ces fonctionnaires de bureau jusqu’à atteindre ce point de rendez-vous qu’ils n’ont en fait jamais trouvé. Les règles d’or du théâtre sont ici ignorées et les essais chorégraphiques, abandonnées en cours de route. Une pièce sans éclat, appauvrie par des successions de scénettes lentes et autres exercices physiques poussés, provoquant cette arythmie éreintante pour les acteurs.
Les efforts de certains dans leurs rôles respectifs sont immédiatement suivis par le public. Ce premier acteur à prendre la parole sera l’élu. Son talent de comédien ne peut nous détourner quand il communique ses histoires belges à ses collègues ou les appelle de tout son coeur dans une hilarante dépression bestiale. Il y a aussi ce danseur, qui s’abandonne à l’occasion dans un geste libre, répété mais qu’il n’aurait pas fallu lâcher de la cravate dans cette prise de parole sans labeur préalable, sans saveur, en dépit de son accent méditerranéen.
Le décor mis à nu, reconstitue une salle de réunion triste à mourir où les acteurs prennent souvent la parole de dos. Ils dansent à un autre moment avec un tissu vert, la couleur de mauvais présage au théâtre, annoncé ici. Béasse fait ainsi fi de ces quelques règles théâtrales qui ne relèvent pourtant souvent que du bon sens en mélangeant les styles et les langages sans en maîtriser aucune composante.
Wonderful world, ce monde merveilleux sous son appellation anglo-saxonne, aurait presque l’ambition de ces possibles quand démarre cette course folle du working-man contemporain angoissé. Mais la proposition est asséchée d’idées et le spectacle se transforme en exercices d’échauffement sportif. Quelques répétitions et autres procédés apparaissent intéressants mais une fois ces sujets accrochés dans leur posture, le décrochage passe inaperçu, la lumière se fait déjà sur un autre objet d’éclairage. Et s’enchaînent ainsi des histoires d’animaux qu’on ne comprend pas très bien, des discordes verbales puis des réconciliations chorégraphiques et vice-versa, un jeu de relais autour d’une chaise poétique de condamné, une installation boltanskienne de vêtements etc.
Noir, c’est noir chez Béasse. Une bande son musicale – muséale – vient approfondir le désespoir de cette représentation, là où la représentation du désespoir manque cruellement de consistance et de finesse, et ce jusqu’au dernier tableau. Les comédiens reviennent saluer leur public, émus aux larmes, après cet interminable noir de fin exempt d’applaudissement.
Audrey Chazelle
Wonderful World, de Nathalie Béasse – Festival Faits d’hiver – 23 > 26 JANVIER – 21H00 et jusqu’au 2 fév en dehors du festival (relâche le 27) – THÉÂTRE DE LA BASTILLE
Bon.
Moi qui avais adoré Happy Child…
Vous aviez vu Happy Child? Qu’en aviez-vous pensé?