TUETANO / ANDRES MARIN : UN FLAMENCO DUR ET ÂPRE AU PARFUM SEXUEL RETENTISSANT

TUÉTANO / Andrés Marín au Festival Montpellier Danse les 23 et 24 juin 2012.

Le magnifique théâtre de l’Agora, qui a été remis à neuf l’année dernière, ne recevra pendant cette édition de Montpellier Danse que trois spectacles dont Tuétano d’Andrés Marín.

La feuille de salle décrit un chorégraphe renouvelant totalement le genre du Flamenco… Ce que l’on peut trouver sur la feuille de salle de chaque spectacle d’Eva Yerbabuena, d’Israel Galvan ou même de Belén Maya. Il est étonnant de voir que dans le Flamenco TOUS les chorégraphes vivants sont TOUS révolutionnaires … A bien des égards, ce spectacle sera plus rétrograde que révolutionnaire.

Tuétano s’ouvre sur la voix off d’un texte d’Antonin Artaud autour du corps. Toute la pièce en sera émaillée, se posant de jolies questions sur notre rapport au corporel et à l’intellectuel, et la primauté de l’un sur l’autre. Le plateau est recouvert de terre à l’exception de quatre cercles de différentes grandeurs, une allée centrale ainsi qu’un carré en fond de scène, entourés de micros. Andrés Marín, chorégraphe et unique danseur de cette pièce, viendra occuper tour à tour chacun de ces espaces pour danser son Flamenco, rigide et dur, mais empli d’un parfum sexuel retentissant.

Le spectacle évoque quelque chose du chaos annonçant le début (ce qu’il a souhaité montrer) ou la fin du monde (ce que l’on a vu) dans une atmosphère très sado-maso (tout le monde est habillé en cuir, des coups de fouets résonnent et le danseur qui porte un masque au début du spectacle s’attache à une table sur laquelle on lancera des couteaux). Sur des sonorités de guitare distordue, en pantalon de cuir moulant et souvent torse nu, Tuétano prend des tournures de défilé égocentrique où chacun des interprètes (un guitariste, une chanteuse, une danseuse et un lanceur de haches et de couteaux) fait son show dans son coin.

Si la pièce conserve le côté très guindé et sec de la tradition flamenca, elle en perd la chaleur humaine et la générosité. Une grande table (symbole de la réunion, du vivre ensemble) est retournée pour faire apparaître un miroir dans lequel Andrés Marín se regarde. Peut-être se trouve-t-il merveilleux, nous pas, surtout quand il fait intervenir des poules sur scène. Autant Marie Agnès Gilot peut atteindre la grâce en dansant avec un cygne, autant Rafaël Djaïm fait une proposition déroutante en dansant avec un faucon, autant la venue de deux poules et d’un coq déféquant est légèrement ridicule, sans compter que cela donne une piètre vision des rapports homme/femme… Au moment des saluts, quelques bravos tempèrent les faibles applaudissements de la salle.

Bruno Paternot

Tuétano d’Andrés Marín a été donné les 23 et 24 juin 2012 au Théâtre de l’Agora dans le cadre de Montpellier Danse / Compañia Andrés Marin / Chorégraphie, direction artistique et scénique : Andrés Marín / Collaboration spéciale chant : Tomasa Guerrero “La Macanita” / Collaboration spéciale danse : Concha Vargas / Artiste de cirque : Jordi Aspa – Escarlata Circus / Guitare électrique : Rafael Pipio Ibañez.

MONTPELLIER DANSE / Du 22 juin au 7 juillet 2012 / Montpellier / Site : http://www.montpellierdanse.com/

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