ANDY WARHOL « LIFE, DEATH AND BEAUTY » : EXPOSITION D’OUVERTURE DU BAM A MONS
ANDY WARHOL, LIFE, DEATH AND BEAUTY / EXPOSITION D’OUVERTURE, au BAM à MONS (Belgique) / 5/10/2013-19/01/2014.
le BAM, un musée rénové prêt à recevoir des expositions d’ampleur internationale : Depuis son inauguration en 1913, le BAM à Mons (Belgique) a subi plusieurs modifications architecturales et techniques.L’objectif des rénovations est de permettre au musée d’accueillir des expositions d’ampleur internationale, notamment dans le cadre de « Mons 2015, Capitale européenne de la Culture ».Pour la ré-ouveture en octobre, une grande exposition Andy Warhol.
Derrière la façade des images et la surface de la peinture, Warhol affirme une esthétique basée sur le rapport vie-art- mort. La recherche du bonheur à travers la célébrité, le succès, l’argent et l’apparence font partie de certains des concepts de base de l’éthique existentielle d’Andy Warhol. Warhol utilise les changements de la société des années 80 et dérive vers une immense esthétisation, dont les caractéristiques principales sont le culte du corps, l’obsession de la célébrité, la dépendance envers les médias. Warhol induit ainsi comment tout est imprégné de la peur de la mort que l’individu cherche à exorciser.
Considéré par beaucoup comme le poète du consumérisme, si ce n’est comme le défenseur de fausses valeurs liées au star système, en réalité Warhol n’a jamais manqué d’exprimer de profonds sentiments religieux, savamment cryptés dans son travail mais bien identifiables dans une vision singulière de son corpus d’oeuvres.
Deux ans avant sa mort, Warhol commence à travailler à ce qui est sans doute l’oeuvre la plus complexe de sa vie, The Last Supper. Gianni Mercurio, commissaire de l’exposition, interprète cette oeuvre comme le résultat final d’un long parcours intime dont les origines remontent sans doute à son enfance, « sa prime jeunesse ».
Si l’on regarde sous divers angles, les thèmes et les sujets abordés par Warhol, on peut alors souligner les nombreuses implications liées à la dimension religieuse. Cette exposition ouvre ainsi des perspectives originales sur le travail de l’artiste, qui plus qu’aucun autre a influencé l’esthétique des dernières générations.
icônes
Warhol choisit ses propres « characters » dans l’univers des images dont se nourrit la culture populaire américaine: à partir d’un panthéon de stars aux visages mythiques, des marques de produits de grande consommation, jusqu’aux objets du quotidien de l’américain moyen – comme le papier peint à motifs floraux – : l’icône pop devient le moyen d’accéder à l’esprit du temps.
Les icônes de Warhol constituent un symbole sensuel de la célébrité en opposition avec la vie réelle, en particulier avec la vie féminine: Marylin qui se suicida en 1962 et Jackie Kennedy – représentée de façon splendide à l’égale des stars du cinéma sur un fond rouge (Red Jackie) – , contraste tragique avec l’image reprise par les journaux durant les funérailles du président Kennedy.
Dans les décennies suivantes, d’autres personnages célèbres furent représentés par Warhol, mais les icônes les plus significatives furent Lénine, réalisé en 1986 quelques années avant l’écroulement soviétique, et le chef d’état chinois, Mao Tse-Tung, représenté sur le Livre rouge.
Portraits
Dans les années septante et quatre-vingt, acteurs, metteurs en scène, écrivains, artistes, personnages de la finance et de l’industrie et même les étoiles de la jet set internationale, peut-être ignorants des réflexions de l’artiste et désireux d’arrêter le temps, font la queue pour obtenir un portrait réalisé par Andy Warhol.
L’interminable série des portraits sur commande nait d’un polaroid. Sur l’image finale, imprimée en diverses versions sérigraphiques par ses collaborateurs, Warhol fait des interventions, maquillant lèvres et yeux avec des touches de couleurs, car « c’est la façon d’utiliser les couleurs qui rend un portrait attirant ». Warhol, conscient au fond de la précarité des choses terrestres, offre une immortalité à bon marché et ainsi, ses sujets sont soumis à une intervention de design physique et symbolique.
Selfportraits
Warhol a effectué des autoportraits durant toute sa vie et l’autoportrait occupe une position centrale dans tous ses travaux.L’autoportrait pour un artiste devrait représenter une sorte de miroir de l’âme, être un révélateur de qualités et d’aptitudes qui ne sont pas toujours évidentes. Warhol dans les premiers autoportraits effectués en travaillant sur l’image prise dans un Photomaton, fait confiance à une machine pour s’auto-représenter, pour être sûr d’effacer tout aspect introspectif. Quelques-uns des autoportraits présents dans l’exposition dérogent visiblement à ce parti pris; dans ceux-ci, Warhol insère en effet des éléments narratifs troublants : une scène d’étranglement et, surtout sa propre image à côté d’un crâne. La pratique du portrait et de l’autoportrait atteint ainsi son apogée car, aux dires mêmes de l’artiste, elle constitue le portrait par excellence : le crâne, la représentation la plus fidèle et impersonnelle de tous les portraits possibles.
Religion
«Je voudrais rappeler un aspect de sa personnalité qu’il cacha à tout le monde à l’exception de ses amis les plus intimes: son côté spirituel. Mais ce coté existait et il est la clé de la psyché de l’artiste.» C’est avec ces mots que le critique d’art John Richardson initia l’éloge funèbre qu’il donna en 1987 à l’occasion des funérailles d’Andy Warhol. Richardson dévoilait pour la première fois au monde l’existence d’un important côté secret chez Warhol, une profonde religiosité, et il faisait allusion à une vie marquée par une « sainte simplicité ». De même, toujours d’après Richardson, l’oeuvre artistique de Warhol devait être lue à travers la clé de lecture fondamentale de l’art religieux.
On notera aussi qu’aucune oeuvre n’a été autant étudiée et reproduite en centaines de variantes que ne l’a été La Cène, cycle d’oeuvres auquel il commença à travailler deux ans avant sa mort, et qui fait d’Andy Warhol l’artiste américain qui aura le plus traité dans l’absolu le thème de la religion.
Mort
La mort est probablement le thème principal qui sous-tend toute l’oeuvre de Warhol. Dès 1962, elle apparait dans ses travaux : présente physiquement dans « Car Crash » ou dans « Suicide », tandis qu’elle flotte cachée dans le vide monochrome de « Electric Chair ».
Il dit avoir voulu représenter dans ces oeuvres « the death in America » mais la « mort américaine » est présente aussi dans des images insoupçonnables, comme les portraits : avec ses interventions « cosmétiques » sur ses sujets, derrière le glamour éternel qui exorcise l’angoisse de disparaître, se cache le côté obscur du tant célèbre « american way of life ».
Vanishing
La dernière décennie de l’artiste s’ouvre avec des oeuvres qui dénotent une recherche chromatique sophistiquée et une élégance formelle insolites pour Warhol, qui, en revisitant l’histoire de l’art crée un dialogue avec le phénomène postmoderne de ces années.
Le choix de Warhol de proposer sa propre interprétation de certains chefs d’oeuvres de l’art classique, comme la Vénus de Botticelli ou l’Annonciation de Leonardo, révèle toutefois une attention particulière à ce qu’il y a d’ « immortel » dans les oeuvres d’art des grands maitres, qu’il rend actuelles en en dépeçant le squelette, en les démembrant même, et dans lequel il introduit des symboles contemporains, pour à la fois les revitaliser et les désacraliser. Ce travail a pour but d’éliminer cette distance temporelle qui a rendue ces oeuvres tellement célèbres mais également denses de mystère d’un point de vue interprétatif.
Mons : 5/10/2013-19/01/2014 Andy Warhol, life, DeATh AnD BeAuTy
Visuel : Warhol, Red Jackie 1964 / Copyright Andy Warhol Museum