AI WEIWEI : « EVIDENCE », AU MARTIN-GROPIUS-BAU, BERLIN

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Correspondance à Berlin.
AI WEIWEI « Evidence » / Martin-Gropius Bau, Berlin / Jusqu’au 7 juillet 2014.

Le Martin-Gropius-Bau à Berlin présente jusqu’au 7 juillet 2014 une exposition de grande ampleur de l’artiste chinois Ai Weiwei intitulée « Evidence » – qui signifie preuve en français.

Sous l’invitation de Gereon Sievernich, le directeur du musée, Ai Weiwei a conçu une exposition politique et très personnelle, liée à son pays natal et à sa vie d’artiste dissident. Interdit d’exposer en Chine et privé de sortir du territoire, il subit des pressions permanentes du gouvernement chinois. Seules ses oeuvres sont autorisées à voyager, ce qui lui permet tout de même de continuer à être exposé à l’étranger et donc de s’exprimer. L’artiste dévoile à travers ses œuvres la situation en Chine, les tensions avec le gouvernement chinois qui le place en posture d’ennemi public et le surveille nuit et jour dans ses moindre mouvements.

Sa récente arrestation et séquestration pendant 81 jours dans un lieu tenu secret est l’un des événements qui a eu le plus d’écho à l’international. Pour l’exposition « Evidence », Ai Weiwei a reproduit à l’identique sa cellule pour dénoncer les conditions inhumaines de sa détention, surveillée en permanence par deux gardes et des caméras sous une lumière allumée 24 heures sur 24. (pièce montrée à la dernière Biennale de Venise en 2013 NDLR).

Il expose également les ordinateurs, clés usb, appareils photo et caméras confisqués par les autorités chinoises, ainsi que les restes de son atelier à Shanghai – qu’il intitule ironiquement « Souvenir de Shanghai » – qui fût démolie juste après son inauguration, suite à une déclaration de l’artiste déplaisant au gouvernement.

Artiste activiste, assigné à résidence, pour monter cette exposition Ai Weiwei a dû travailler en étroite collaboration avec le directeur du lieu pour pouvoir concevoir à partir de son atelier en Chine la mise en espace de ses œuvres dans les 3000m2 du Martin-Gropius-Bau, dont plusieurs sont inédites.

L’œuvre la plus monumentale, « Stools », rassemble 6000 tabourets en bois et occupe la majestueuse cour vitrée du musée. Ces tabourets abandonnés lors des déplacements de ses propriétaires sont des pièces rares de la période Ming (1368-1644) d’un design sobre et rural. Réunies, ces pièces quasiment identiques mais chacune porteuse des marques d’un individu et d’une histoire, forment un parterre de formes rondes aux tonalités vibrantes créant un ensemble indéniablement esthétique.

On retrouve tout au long de sa carrière cette fascination pour les objets anciens, représentatifs d’une époque et d’un savoir-faire. Dans l’une de ses récentes œuvres Han Dynasty Vases with Auto Paint (2014), Ai Weiwei décide de recouvrir des vases de l’époque Han (202 avant JC – 220 après JC) par des vernis de voitures à la mode en ce moment en Chine, laissant le regardeur méditer face à cette confrontation d’éléments contradictoires.

Ai Weiwei a toujours affirmé l’influence très forte de Marcel Duchamp et son concept du ready-made sur son travail, que l’on retrouve particulièrement dans ses premières œuvres de sa période New Yorkaise également présentées dans l’exposition. L’utilisation ou la reproduction d’objets sont toujours porteurs de sens pour l’artiste. Malgré leur premier abord très séduisant, les objets que Ai Weiwei reproduit ou sélectionne évoque une histoire, un contexte géopolitique ou personnel.

Il réalise notamment pour l’exposition les îles Diaoyu en marbre, issu d’une carrière près de Beijing avec lequel est également construit le mausolée dédié à Mao. Ces îles, appelées Senkaku au Japon, sont sous contrôle japonais mais revendiquées depuis des années par la Chine, créant des tensions dépassant la seule sphère de l’océan pacifique. L’artiste se veut dénonciateur et cristallise le conflit sous une forme artistique.

L’aspect esthétique et tellement séduisant de ses œuvres en fait parfois oublier le caractère subversif et contestataire de son auteur, mais il faut garder en tête l’oeuvre provocatrice d’Ai Weiwei, la série de photographies « Study of Perspective » dans lesquelles il place son doigt d’honneur face aux monuments et symboles de la société.

Charlotte Perrin,
à Berlin

Pour l’évènement la Deutsche Bahn propose un aller-retour à 39 euros (2eme classe) à utiliser sous trois jours de toutes les gares en Allemagne vers Berlin, valable avec la preuve d’achat d’un billet de l’exposition. Si vous résidez en France et souhaitez visiter cette exposition incontournable, n’hésitez pas a traverser la frontière pour profiter de cette offre. Ce sera l’occasion de venir voir l’exposition et la capitale allemande qui regorge d’événements culturels a découvrir

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Visuels copyright Ai Weiwei 2014.

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