FARAH ATASSI AU GRAND CAFE, CAC DE SAINT-NAZAIRE

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Farah Atassi / Grand Café, CAC Saint-Nazaire / 11 octobre au 4 janvier 2015.

Parlons de Farah Atassi comme d’une artiste de la citation, une « sampleuse » de la forme, une invocatrice de l’histoire de l’art. Elle réinterprète les modèles représentatifs d’une époque afin de créer des perspectives contemporaines. Les motifs sont empruntés à Mondrian, à la géométrie de l’abstraction, aux architectones de Malévitch, aux avant-gardes européennes et aux utopies modernistes. Les multiples références historiques n’ont chez Farah Atassi, rien d’anachronique ; elles sont maîtrisées et rythment ses compositions.

Le Grand Café présente les deux dernières années de recherches de l’artiste. Douze toiles sont exposées, certaines inédites et d’autres traversent des périodes de révélations et de transitions créatives. Les trois salles de l’exposition, segmentent de manière judicieuse, l’évolution, de la technique, de la géométrie et de l’esthétique de Farah Atassi. Le Grand Café, peu habitué à présenter de la peinture atteint un juste équilibre artistique en proposant une véritable expérience in situ.

Plusieurs « séries » se distinguent par influences de motifs dans cette exposition. La seule série assumée en tant que telle est Tabou ; trois ensembles géométriques basés sur le même triangle central ; l’un d’influence Bauhaus, l’autre aux motifs bavarois et enfin, tiré du film de Fritz Lang, Les Nibelungen. Ce déploiement de répétitions géométriques met en exergue des espaces de projection très forts où des blocs modulaires sont posés, méticuleusement, au centre des compositions. Ces objets sont principalement des représentations de jouets de constructions inspirés des créations de Ladislav Sutnar[1] qui évoluent dans la production de l’artiste vers des formes plus abstraites. Dans ses dernières peintures, Farah Atassi devient créatrice de ses propres motifs. Les architectures modulaires se transforment alors en sculptures d’inspiration cubiste[2].

Farah Atassi se dit « fascinée par les formes simples et universelles »[3]. C’est dans cette fascination que se révèle son outil de construction picturale, la grille. D’abord développée comme un motif pixellisé, la grille fonde soudain, les lignes de travail, les décochements de perspectives et de nouvelles formes architecturées à la frontière du suprématisme. L’artiste exécute des condensés de collages en laissant apparaître sur la toile le scotch utilisé pour tracer sa grille.

Totem, microarchitecture, ville fiction, maquette, culture géométrique, folklore amérindien et oriental, décor de cinéma… Toutes les peintures de Farah Atassi appellent à l’imagination et à la référence multiple. La force des éléments empruntés au textile, à la sculpture et aux arts décoratifs fait de l’artiste une véritable funambule de la peinture. Ses équilibres sont toujours habiles entre, abstraction et figuration, architecture et motif, réalisme et illusion d’optique, citation et création.

Où s’arrête l’espace d’exposition quand les peintures de Farah Atassi sont au mur ? Cette interaction entre le Grand Café, happé par la multitude de micro-univers géométriques, et les espaces fictionnels et irrationnels de l’artiste, ouvre un passage vers de nouvelles perspectives.

Léo Bioret

[1] Illustrateur tchèque, pionnier du design d’informations, (1897-1976).
[2] Ornamental Folding, 2014, huile sur toile, 185×140 cm, courtesy galerie Xippas, Paris.
[3] Dossier de Presse, Farah Atassi, Grand Café, 11.10 – 04.01.2015.

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– Vue de l’exposition Farah Atassi au Grand Café, centre d’art contemporain, Saint-Nazaire / octobre 2014 – janvier 2015 Theatre objects, 2014, huile et glycéro sur toile, collection privée / © Marc Domage

– Vue de l’exposition Farah Atassi au Grand Café, centre d’art contemporain, Saint-Nazaire
octobre 2014 – janvier 2015 / de gauche à droite : Rec Room, 2012, huile sur toile, Modern toys II, 2013, huile et / glycéro sur toile, Space for objects, 2013, huile et glycero sur toile / © Marc Domage

– Vue de l’exposition Farah Atassi au Grand Café, centre d’art contemporain, Saint-Nazaire / octobre 2014 – janvier 2015 / de gauche à droite / Tabou III, 2013, huile et glycéro sur toile, collection privée, Paris / Tabou I, 2013, huile sur toile, collection privée, Paris / Tabou II, 2013 huile et glycéro sur toile, collection Frac Aquitaine, Bordeaux / © Marc Domage

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