« WINTERREISE » : CATHY WILKES, LOUISE BOURGEOIS, RONI HORN… XAVIER HUFKENS BRUXELLES

ART EXPOSITION. Louise Bourgeois, Thierry De Cordier, Roni Horn, Alice Neel, Cathy Wilkes – « Winterreise » – galerie Xavier Hufkens, 6 rue St-Georges | St-Jorisstraat Bruxelles – 22 janvier – 29 février 2020.

Xavier Hufkens lance son programme d’exposition pour 2020 avec une exposition de groupe mettant en lumière des œuvres de certains des artistes les plus iconiques de la galerie. Le titre, « Winterreise (Winter Journey) », est inspiré du cycle de chansons de Franz Schubert du même nom, un recueil de poèmes mis en musique. Dans le même esprit, la galerie présente une sélection de sculptures, peintures et dessins qui touchent aux thèmes de l’hiver, tels que la solitude ou l’immobilité ou la maternité.

Une sculpture informe de Louise Bourgeois (1911-2010) qui a été cousue ensemble à partir de morceaux de tissu se trouve dans une vitrine antique: une masse douce et semi-humaine de formes avec des accents de rose poudré et de bleu bébé, les couleurs associées aux nouveau-nés. Intitulée Child Devoured by Kisses (1999), cette œuvre tardive de Louise Bourgeois évoque une multitude d’antécédents historiques dans l’art, comme Saturne dévorant son fils de Francisco Goya (1821-1823) : une représentation surprenante de Chronos ( Romanisé à Saturne dans le titre) qui, selon la mythologie grecque, mangeait ses enfants à la naissance pour les empêcher d’usurper son pouvoir. De même, les contours de l’œuvre évoquent l’agneau dans Agnus Dei de Francisco de Zurbarán(1635-1640). La matérialité de la sculpture est un héritage de l’enfance de l’artiste: Bourgeois est née dans une famille de restaurateurs de tapisseries et certains de ses premiers souvenirs sont de sa mère cousant et raccommodant. Dans cette sculpture, Bourgeois évoque les souvenirs compliqués de sa propre jeunesse tout en évoquant l’horreur paradoxale d’être littéralement consumé par l’affection parentale.

Contemporaine de Louise Bourgeois, Alice Neel (1900-1984) est largement reconnue comme l’une des portraitistes les plus importantes du XXe siècle en Amérique. Comme cette dernière, elle était également fascinée par le corps féminin, la maternité et l’accouchement et a exploré ces thèmes dans des autoportraits viscéraux et des représentations de femmes enceintes, d’enfants, de groupes familiaux et de scènes domestiques. La nature intime de Bathing in a Furnished Room (1927) est typique de l’approche réaliste de Neel à la vie quotidienne et d’une difficile survie après un événement survenu dans ses premières années : l’artiste a perdu la plupart de son travail des années 1920 lorsque son ancien partenaire a détruit le contenu de son atelier en 1934. Les deux huiles, Young Boy (1941) et Irene (1947), datent plus tard mais sont exécutées dans les mêmes couleurs sombres et terreuses qui caractérisent le début de sa carrière.

La domesticité, la maternité et l’expérience féminine sont également étudiées par Cathy Wilkes (née en 1966). L’artiste est connue pour ses tableaux méticuleusement composés intégrant des objets trouvés, des textiles, des éléments sculptés et des œuvres en deux dimensions, comme l’estampe récupérée sur le mur. Dans Untitled (2019), qui a été créée pour la Biennale de Venise de l’année dernière, Wilkes niche un ventre gonflé dans une forme recouverte de tissu qui ressemble à un siège d’auto pour bébé. Une main isolée repose sur un bol à vaisselle en plastique. Au-dessus se profile une tour blanche avec deux ajouts contrastés: un morceau tactile de tissu opaque et un panneau fragile de verre gaufré. La sculpture de Wilkes s’apparente à un poème visuel associatif qui fait allusion à des états, des émotions et des relations invisibles, tout en étant entièrement ouverte à l’interprétation.

Roni Horn (né en 1955) utilise un langage radicalement différent – celui du minimalisme – pour créer des œuvres austères mais non moins poétiques. White Dickinson, A BLOSSOM PERHAPS IS AN INTRODUCTION, TO WHON, NONE CAN INFER (2006-2007) fait partie d’une série de sculptures présentant des extraits des lettres de la poétesse américaine du XIXe siècle, Emily Dickinson. Horn est attirée par la «  sensibilité accrue  » de sa prose et lui donne une forme solide en incorporant les mots dans l’aluminium. Appuyé contre le mur, le texte est lisible de l’avant et de l’arrière mais réduit en lignes lorsqu’il est approché de côté. Untitled (‘Mais le boomerang qui revient n’est pas le même que celui que j’ai lancé.’)(2013-2017) appartient à un corpus de sculptures en verre coulé qui sont liées par l’inclusion de citations littéraires dans leurs titres, en l’occurrence une ligne de Sputnik Sweetheart de Haruki Murakami. Ressemblant à un bassin d’eau en constante évolution, ce travail sensoriel fluctue avec la lumière: parfois opaque, parfois translucide. Il est à la fois texturé (là où les côtés ont touché le moule) et hautement réfléchissant (où le verre n’a été exposé qu’à l’air lors de la coulée). En donnant aux états transitoires une forme solide mais mutable, Horn suggère que rien n’est jamais vraiment fixé. Comme elle l’a déclaré dans le passé: «Ce n’est pas deux choses. C’est tout. C’est la synthèse; pas ceci et cela. C’est un état d’intégration. »

Les mots – et leur absence – ont une présence fondamentale dans la série Iconotextures de Thierry De Cordier (né en 1954) : un groupe récent de panneaux remplis de bandes de calligraphie bleu foncé qui finissent par céder la place à une tabula rasa, un vide absolu et vide . Les œuvres textuelles sont composées de définitions illogiques de Dieu. Oscillant entre l’absurde et le sacré, les mots deviennent le médium spirituel d’une image qui s’efforce de matérialiser l’invisible. Les grandes œuvres blanches sont finalement des surfaces vides qui forment, pour ainsi dire, un diptyque, suggérant la fin de la série. Quand les mots disparaissent complètement, De Cordier exprime la futilité d’essayer de définir Dieu en disant: «Rien, ou presque… Dieu c’est absolument rien, mais en très grand !

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Images: 1 : Cathy Wilkes – « Untitled » (2019), installation view at the Venice biennial 2019 – copyright the artist – 2&3 : Louise Bourgeois – « Child devoured by kisses », 1999 fabric, thread, stainless steel, wood and glass – 99,1 x 153,7 x 100,3 cm | 39 x 60 1⁄2 x 39 3⁄8 in. copyright the estate of Louise bourgeois – courtesy Xavier Hufkens Brussels

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