HOMMAGE : RAIMUND HOGHE, LA BELLE ET LA BÊTE

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HOMMAGE A RAIMUND HOGHE,  danseur, chorégraphe, écrivain, disparu ce vendredi 14 mai 2021 « dans son sommeil ».

« Jeter son corps dans la bataille », a écrit Pier Paolo Pasolini. Ce sont ces mots qui m’ont inspiré à monter sur la scène. Mes autres sujets d’inspiration sont la réalité qui m’entoure, le temps dans lequel je vis, ma mémoire de l’histoire, les gens, les images, les sensations, la puissance et la beauté de la musique ainsi que la confrontation avec le corps – qui dans mon cas, ne répond aux idéaux conventionnels de beauté. Voir sur la scène des corps qui s’éloignent de la norme est important – non seulement du point de vue de l’histoire, mais aussi du point de vue de l’évolution actuelle qui tend à rabaisser le statut de l’homme à celui d’artefacts ou d’objets design. Et quant au succès : il importe avant tout d’être capable de travailler et de poursuivre son propre chemin – avec ou sans succès. Je fais simplement ce que j’ai à faire.
Raimund Hoghe

DANS SON SOMMEIL.

Ce vendredi 14 Mai 2021, on apprend la mort de Raimund Hoghe. On lit qu’il est mort « dans son sommeil » et, le lendemain de l’ascension, impossible de ne pas faire le lien entre cette fête chrétienne et son départ pour d’autres cieux qu’on lui souhaite cléments… Celui que le magazine Ballet-tanz consacrait « Danseur de l’année 2008 » a réalisé un exploit à nulle autre pareil… Une incroyable métamorphose scénique, la belle et la bête à lui tout seul.

On ne peut pas faire de nécrologie d’un artiste comme celui-ci sans parler un peu de soi tant sa démarche et ses œuvres étaient une expérience unique. Un rituel auquel on assistait, convaincu ou réfractaire…

S’il était sans doute connu en Allemagne pour son travail de journaliste à l’hebdomadaire allemand Die Zeit, il est arrivé sur les scènes françaises auréolé de son statut de dramaturge de Pina Bauch- entre 1980 et 1989 – , la grande chorégraphe allemande, elle aussi trop tôt disparue. A eux deux, ils ont apporté à l’art vivant une dimension sans précédent dans l’histoire de l’art scénique contemporain.

Pour ma part, la première fois que je l’ai vu, c’était en 1997, pour Geraldo’s solo, au théâtre de la Bastille à Paris. C’est peu de dire que ce fut une soirée spéciale. Un ovni. Personne, jamais, n’avait osé autant. La salle était stupéfaite. Dans le programme de salle du spectacle on lit, tiré du Guardian de Londres au sujet de Meinwärts, une autre pièce de Hoghe : « Hoghe partage avec Peter Brook et Robert Lepage la faculté rare d’interpeller la magie du théâtre par les moyens des plus simples. Il sait de façon instinctive comment relier l’espace, la lumière et la musique à quelque chose qui ne peut s’exprimer par aucune autre moyen ». En quelques mots, voici présenté tout un travail qui va, au fil des ans, s’imposer comme une œuvre majeure sinon centrale d’une autre façon de faire du spectacle vivant de nos jours.

Mais le plus surprenant, à l’heure on l’on parle d’inclusion et de #, c’est que, pour sa première apparition en France, on découvrait un être difforme par une bosse qui le distinguait sur une scène comme dans la vie. De petite taille, presque impossible d’imaginer ce qu’il allait tenter, l’exemple qu’il serait pour nombre de personnes différentes qui ne se permettent pas d’aller sur scène, de mettre des chaussures à sangle et talons hauts, de se glisser dans une robe de soirée et de se poser là sur le grand plateau du Théâtre de la Bastille en écoutant Callas à tue-tête, nous obligeant à le regarder, à accepter ce qu’il faisait sur cette scène ; et souvent c’était peu (2)… Le journaliste et critique Daniel Conrod écrira d’ailleurs à son propos : « il devient le dramaturge de sa propre étrangeté, le scénographe d’un corps radicalement autre, le sien, plus vaste que le monde… »

Cette sensation, je l’ai retrouvée dans le travail du metteur en scène italien Pipo Del Bono. Cette façon si poétique, si touchante de montrer les corps différents, malgré tout.

Plus tard, en 2005, je le verrais dans Swan Lake, 4 acts (Prix de la critique Française pour dans la catégorie « Meilleur spectacle étranger » en 2006) à propos duquel Hoghe disait : « j’ai écouté beaucoup de versions de l’œuvre de Tchaïkovski. J’ai choisi des versions très différentes que je ne diffuse pas intégralement. Je diffuse plusieurs fois les mêmes extraits mais dans des versions différentes. J’aime beaucoup la version dirigée par Pierre Monteux, qui avait quatre-vingt-cinq ans lors de cet enregistrement, c’est comme du Stravinski, on y entend toutes les notes ».

Hasard si Hoghe choisit ce drame de cette Odette transformée en cygne blanc et noir ? Sans doute pas, mais aussi une façon bien à lui de laisser sa trace dans le répertoire, avec une œuvre composite, faite de collages de différentes versions de la musique. Ce spectacle, il l’avait offert aux danseurs qui lui étaient proches comme Ornella Balestra qui sera inoubliable dans Histoires de danse – Tanzgeschichten ou Canzone per Ornella (1), Lorenzo de Brabandere, vu pour la première fois dans Young People, pièce que Raimund Hoghe lui avait dédiée. A tous, il demandait d’être « le plus simple possible » et c’est cette simplicité, ce rien, qui fera le scandale, divisant comme jamais les salles – et encore en 2018 au Cloitre des Célestins du Festival d’Avignon, des sorties intempestives de gens indisposés par le spectacle offert, qui n’arrivaient sans doute pas à dépasser la forme pour se laisser porter par le temps qui passait, lui et nous, face à face.

Annoncé comme « son rêve du Lac des Cygnes », cette deuxième rencontre me fit rentrer dans la catégorie de ses adeptes… En dix ans, entre 1996 et 2005 avec le soutien de Festival d’Automne à Paris, il aura su imposer et faire perdurer, malgré les diatribes et les quolibets, les cris et les sifflets des spectateurs agités, une certaine idée du spectacle qui s’apparente plus à une communion intime entre lui, ses interprètes et le spectateur.

Je garde en mémoire l’apparition spectrale d’Emmanuel Eggermont, véritable disciple et héritier de son idée de la scène, lors du Festival d’Avignon 2018 et qui, d’un geste simple du poignet, à peine posé dans l’espace, apportait toute la grâce et l’émotion que nécessitaient les spectacles de Raimund Hoghe, parti hier dans son sommeil et qui laissera un grand vide, un manque réel pour un espace mental à vivre dans une salle de théâtre…

Emmanuel Serafini

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DEUX SPECTACLES DE RAIMUND HOGHE : 

-Canzone per Ornella

Un air de Pina.
A près de Soixante dix ans et une carrière commencée sur le tard – sa première pièce personnelle date de 1989 -, Raimund Hoghe, portraitiste hors-pair, connu pour ses descriptions sensibles des petites gens comme des vedettes dans le journal allemand Die Zeit, remet sur le métier tout son vocabulaire artistique qui a fait son succès.
Avec cette nouvelle création Canzone per Ornella, c’est un hommage à la « primera ballerina » Ornella Balestera, avec laquelle il travaille depuis 2003 qui se prépare. Ni pas de danse spectaculaire, ni porté, à peine un duo avec lui et une leçon de danse particulière entre lune et étoiles…
Après 36, avenue Georges Mandel, présenté dès le 17 juillet dans ce même Cloitre des Célestins, on peut dire que le lieu est habité par les rituels de Hoghe dans cet espace déjà si chargé. Ainsi, il ne fait que mille tours avec son petit bocal à poisson duquel on distingue un petit bateau qui semble naviguer serré au fil de la marche lente mais dynamique du chorégraphe, exécutée pendant que les spectateurs prennent place…
On voit arriver au loin, à jardin, Ornella, juchée sur ses talons aiguille noirs, recouverte d’une couverture. Elle longe silencieusement le cloître. C’est là qu’on sait qu’il ne sera pas seul. C’est à ce moment qu’on se rappelle Ornella. C’est dans cet instant qu’on sait que cette pièce nouvelle ne sera pas différente et gardera ce goût appréciable néanmoins de déjà vu.
Ce qui est frappant dans ce trio, puisqu’un autre fidèle, le danseur et chorégraphe Luca Giacomo Schulte va les rejoindre, c’est la bande son du spectacle qui fait furieusement penser à celles – notamment des dernières pièces – de Pina Bausch… Pas de hasard. C’est donc un canevas de tubes aussi bien classiques que de variétés, augmentés de poèmes de Pier Paolo Pasolini qui donnent à cette succession de musiques un air de gravité – et là encore, dommage que cela ne soit pas traduit pour permettre au public de comprendre les différents états des artistes sur scène…
Contrairement à 36, avenue Georges Mandel, Raimund Hoghe ose la danse. Et les diverses esquisses de variations interprétées par Ornella Balestra relient cette pièce de Raimund Hoghe avec cet art.
Si Carmina Burana revient deux fois dans le spectacle, c’est que le morceau choisi est plein de fougue et donne d’emblée un rythme à la pièce. Ensuite, on assiste à une accumulation de tubes dans lesquels passent aussi bien Judy Garland – dont Hoghe est fan – que Victoria de Los Angeles et les mélodies Grecques. Mais surtout il y a Dalida (deux fois !) qu’on entend avec sa reprise D’Avec le temps mais surtout de Ciao amor cio qui marqua la fin tragique du chanteur – amant Luigi Tenco qui se suicida après l’avoir – mal – interprétée au concours de San Remo et le début d’une légende…
Ornella Balstera ose tout sur le plateau et elle peut se le permettre. Elle ose le mouvement des Cygnes dans Le Lac, jetés de bras avec une articulation déliée et puissante du poignet, reproduisant le battement d’une aile. Elle ose d’autres gestes, juchée sur ses talons, sans avoir besoin de pointes… gracieux. Sa silhouette frêle, ces talons, cette robe noire simplissime lui donne un air des femmes de chez Pina Bausch… Pas de hasard puisque Raimund Hoghe travaillera avec elle comme dramaturge pendant dix ans dès 1980. Double hommage ?
Si la danseuse se permet tout, le danseur Hoghe aussi et il surgit plusieurs fois avec des lunettes de soleil, notamment lors de la diffusion des poèmes de Pasolini, rappelant ces photos de lui. Emouvant. Raimund Hoghe se sent-il proche du poète homosexuel et maudit ?
On n’est pas sûr de bien comprendre la lettre des jeunes africains de Guinée lue en français par Raimund Hoghe si ce n’est que, souvent, ils arrivent par l’Italie, le pays de Ornella… mais le contenu fait penser à ces mails qu’on reçoit lorsque l’ordinateur d’amis est piraté… entre deux poèmes de Pasolini, forts et engagés, est-ce utile ?
Finalement, Canzone per Ornella n’est pas bien différente des autres pièces de Raimund Hoghe, même matériel dramaturgique, même volonté de concentrer les spectateurs sur les êtres avec, dans celle-ci, quelque chose de plus joyeux.
Un moment qui se laisse voir non pas en « cherchant à comprendre » mais à bien ressentir toute la générosité avec laquelle Raimund Hoghe a rendu hommage à son amie, la prima ballerina Ornella Balstera qui subit, de fait, une ovation méritée aux saluts… Une ovation aux vivant(e)s chez Raimund Hoghe ça ne fait pas de mal… Chapeau bas.
Emmanuel Serafini

 -36, avenue Georges Mandel

Callas and Raimund forever.
Autant le dire tout de suite, ceux qui s’attendent à un spectacle rythmé avec des pétards, des vrais chevaux du genre qui nous partîmes cinq cents et qui par un prompt renfort nous vîmes trois mille en arrivant au port avec dans le rôle titre un Gérard Philippe héroïque ou une Isabelle Huppert poignante en seront pour leur argent et même, s’ils ne sont pas prêts à jouer le jeu, qu’ils restent loin du Cloître des Célestins jusqu’à ce que Raimund Hoghe – qu’on peut doctement appeler « le pape » du minimalisme, du geste sobre, de la scéno dépouillée de tout, de la mise en scène à symboles avec tout ce qu’il faut de tiroirs pour que les meilleurs psychanalystes se cassent durablement les dents – ne l’approche pas…
Car, à quoi assiste-t-on finalement dans cette reprise de ce « 36, avenue Georges Mandel » créé par l’ancien scénographe de Pina Bausch : à une sorte d’hommage à la Callas avec la résurgence de gestes qu’elle aurait pu faire dans le célèbre appartement calfeutré de la diva rue Georges Mandel, justement.
Dans le Cloitre des Célestins d’Avignon encore baigné de la lumière tombante, Raimund Hoghe occupe toute la scène. Il n’a pas rassemblé son attirail de l’arte povera dans un seul et même endroit bien tassé. Non. Il a tracé, avec ses vestes et pantalons tenus par des petites pierres d’Avignon, un parcours qui va le mener d’un point à un autre comme pour invoquer la cantatrice dont la voix inimitable résonne dans le cloître…
Des tubes comme Casta diva mais aussi des réponses à des questions de journalistes, des points de vue sur l’art, sur son art, sur ses états – dommage que cela soit en anglais sans sur titre, le public non anglophone aurait alors un peu mieux compris les enjeux de cette pièce, mais bon.
Cette occupation volontairement étendue, presque sans dimension, accentue la solitude de Raimund Hoghe, sa vulnérabilité, lui, seul, bossu, aux yeux de tous sans fard ni artifices pour cacher sa différence.
Il y a quelque chose de primitif, de l’invocation de mânes de la cantatrice. Une énergie farouche à vouloir la faire revivre, à rappeler son souvenir non pas celui de sa grandeur mais celui de sa solitude, de sa fin, de sa chute comme pour l’apaiser, pour Maria repose en paix…
Les enregistrements diffusés de la voix de la chanteuse, avec les airs les plus célèbres et les gestes mesurés de l’artiste sur scène serrent la gorge. La voix si moderne encore de nos jours, le timbre si frais, le phrasé si profond et grave de la mezzo participe à cette volonté de se « resouvenir », comme disait Proust.
« Et je pourrais souffrir sans témoin » dit la Callas et c’est exactement ce qu’offre à voir Raimund Hoghe. Car le moment – ne parlons pas de spectacle, finalement – est autant une intimité avec lui qu’avec elle.
Alors bien sûr, les gens gloussent à voir ce petit homme difforme faire, sans emphase, des gestes simples sur un plateau si grand et rien d’autre… N’ont-ils rien compris ? Non, pas forcément, mais leur capacité à regarder des choses qui ne sont pas dans la norme des canons esthétiques n’est-elle pas ici questionnée ? Et si Raimund Hoghe était un bel éphèbe musclé, ma voisine aurait-elle autant gloussé lorsque de profil, ne dissimulant rien de sa différence, Raimund Hoghe, immobile, jambes fendues, se tient longuement aux yeux du public ?
Cette pure cérémonie n’est à sa place dans un si grand lieu – rappelons-nous que cette pièce a été créée à la Chapelle des Pénitents Blancs d’Avignon où elle était tout à fait dans son espace et cela contribue aussi au rejet du spectacle qui offense les gens, qui pensent à une provocation de la part de Raimund Hoghe, alors que c’est tout l’inverse, avec beaucoup de modestie, il rend hommage à la chanteuse.
Finalement, pour une édition sur « le genre » n’est-il pas normal qu’elle dérive vite sur la question de la norme esthétique et Raimund Hoghe fait grandement réagir de ce point de vue. Il nous livre à nous même, à notre propre capacité à regarder cet homme faire et faire si peu.
On est assis devant « 36 Georges Mandel » comme devant le temple Roiji de Kyoto méditant sur ce si peu, pensant aux mondes des vivants et des morts. Emouvant aussi que, longtemps après, Emmanuel Eggermont inimitable dans son geste de la main et la cassure de son poignet, sorte de muse du chorégraphe, soit encore là pour servir de chevalier à la rose à cet homme qui s’offre à notre vue.Comme dans le OFF, Raimund Hoghe, humble, range la scène pour la Compagnie suivante. Pas de Fly case non plus pour ce spectacle, deux sacs de papier kraft et le voilà reparti pour un autre voyage, une autre expérience… salut l’artiste…
Emmanuel Serafini


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TRIBUTE TO RAIMUND HOGHE, dancer, choreographer, writer, who died this Friday 14 May 2021 « in his sleep ».

Pier Paolo Pasolini wrote: « Throw your body into the battle ». These are the words that inspired me to take the stage. My other inspirations are the reality around me, the time in which I live, my memory of history, people, images, sensations, the power and beauty of music and the confrontation with the body – which in my case does not meet the conventional ideals of beauty. Seeing bodies on stage that deviate from the norm is important – not only from the point of view of history, but also from the point of view of current developments that tend to lower the status of humans to that of artefacts or design objects. And as for success: it’s all about being able to work and go your own way – with or without success. I just do what I have to do.
– Raimund Hoghe

IN HIS SLEEP.

On Friday 14 May 2021, we learnt that Raimund Hoghe had died. We read that he died ‘in his sleep’ and, the day after the Ascension, it was impossible not to make the link between this Christian holiday and his departure for other skies that we hope will be kind to him… The man whom Ballet-tanz magazine named ‘Dancer of the Year 2008’ achieved a feat like no other… An incredible stage metamorphosis, the beauty and the beast all by himself.

You can’t write an obituary for an artist like this without talking a little about yourself, as his approach and his works were a unique experience. A ritual which one attended, convinced or refractory…

If he was undoubtedly known in Germany for his work as a journalist for the German weekly Die Zeit, he arrived on the French stage with the aura of his status as dramaturge of Pina Bauch – between 1980 and 1989 – , the great German choreographer, who also died too soon. Between them, they brought to the performing arts a dimension unprecedented in the history of contemporary stage art.

For my part, the first time I saw him was in 1997, for Geraldo’s solo, at the Théâtre de la Bastille in Paris. To say that it was a special evening is an understatement. A UFO. No one had ever dared so much. The audience was stunned. In the programme for the show, the London Guardian wrote about Meinwärts, another of Hoghe’s plays: ‘Hoghe shares with Peter Brook and Robert Lepage the rare ability to engage the magic of theatre in the simplest of ways. He knows instinctively how to connect space, light and music to something that cannot be expressed in any other way. In just a few words, here is a whole body of work which, over the years, has become a major, if not central, work of another kind of performing arts today.

But the most surprising thing, at a time when we talk about inclusion and #, is that, for his first appearance in France, we discovered a being deformed by a hump that distinguished him on stage as in life. Small in stature, almost impossible to imagine what he would attempt, the example he would be for many different people who don’t allow themselves to go on stage, to put on strappy shoes and high heels, to slip into an evening gown and stand there on the great stage of the Théâtre de la Bastille listening to Callas at the top of his voice, forcing us to look at him, to accept what he was doing on that stage; The journalist and critic Daniel Conrod wrote about him: The journalist and critic Daniel Conrod wrote of him: « he becomes the dramatist of his own strangeness, the scenographer of a radically other body, his own, larger than the world… ».

I found this feeling in the work of Italian director Pipo Del Bono. This way of showing bodies that are different, despite everything, is so poetic and touching.

Later, in 2005, I would see him in Swan Lake, 4 acts (Prix de la critique Française for ‘Best foreign show’ in 2006) about which Hoghe said: ‘I have listened to many versions of Tchaikovsky’s work. I have chosen very different versions that I do not broadcast in their entirety. I broadcast the same excerpts several times but in different versions. I really like the version conducted by Pierre Monteux, who was eighty-five years old at the time of this recording, it’s like Stravinsky, you can hear all the notes.

Emmanuel Serafini

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Images: Raimund Hoghe – Photos Rosa Frank

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