INFERNO

FOCUS : Rocio Marquez / avec Alfredo Logos / en concert accoustique au Festival Flamenco de Nîmes / Samedi 19 janvier 2013 à 17h / Paloma, Nîmes.

Rocio Marquez, la déjà star flamenca sera à Nîmes, illuminant de sa grâce de cantaora lumineuse le 23e Festival flamenco. Elle donnera pour l’occasion un récital acoustique exceptionnel, accompagnée du grand Alfredo Lagos le 19 janvier au Paloma, la nouvelle salle de concert de Nîmes

Remarquée en france en 2010, lors de son passage aux « Suds à Arles » où Marie-José Justamond l’avait invitée -intuition remarquable de la programmatrice de ce grand festival world- la cantaora a tout de suite conquis son public par sa voz cristalline et brillante, une maestria ébouriffante et un sens profond du grand cante.

Il faut dire que la cantaora née à Huelva en 1985 a de sérieux atouts : Tout d’abord, c’est une extraordinaire chanteuse, qui maîtrise parfaitement son art et tout le répertoire de la tradition. Elevée aux peñas flamencas où elle fait ses premiers pas, elle connaît son flamenco mieux que quiconque. Et puis, il faut bien le dire, outre sa voix solaire et ce charisme évident sur scène, elle rayonne d’une beauté éblouissante.

Si Rocio n’est pas d’origine gitane, elle n’en possède pas moins la fibre magique, et tout le duende dont elle fait montre en désarmerait d’autres, bien plus gitanes qu’elle. La lauréate remarquée du prix du chant flamenco le plus prestigieux, la Lámpara Minera 2008, chante depuis son enfance, fréquentant les cours de la Peña Flamenca de Huelva. Déjà à 9 ans, elle gagne le prix « Fandangos » de Huelva. En même temps, elle fait ses études au conservatoire de la ville, et à 11 ans, participe aux “Menudas Estrellas”, remportant l’étoile de bronze. Plus tard, elle obtiendra le premier prix “Artistas Noveles“. Tout cela la conforte et lui permet d’élargir son répertoire.

Un parcours extrêmement bien balisé, qui lui aura permis de franchir tous les degrés jusqu’à la consécration de prix prestigieux, et sa découverte en France au Festival les « Suds à Arles » en 2010. Depuis, la lumineuse cantaora n’a cessé de poursuivre une carrière remarquée, balisée par quelques coups d’éclats comme dernièrement, ce disque qui sort ces jours-ci, six mois après sa publication en Espagne. « Claridad« , un disque-hommage à ses racines andalouses et flamencas, ouvre sur une Jota de Aroche, un style typique de Huelva. Sa voix laina, claire et cristalline, y fait merveille, nous évoquant une autre grande du flamenco, la sublime Estrella Morente.

Mais Rocío Márquez a aussi du caractère : elle a fait la Une des journaux espagnols avec un concert improvisé dans une mine de charbon, pour soutenir les mineurs en grève. Son engagement en Espagne est connu, notamment auprès des Indignados qu’elle soutient, luttant elle aussi contre le gouvernement d’austérité qui affame le peuple espagnol. De même, elle se bat pour redonner au Flamenco sa légitimité politique de chant de souffrance et de lutte, contrairement à ce que certains révisionnistes de l’histoire voulaient nous faire croire, désignant cet art noble comme inféodé au franquisme, sous le fallacieux prétexte que le sinistre général aimait le genre. Un des pires mensonges de l’histoire récente de l’Espagne… Les Gitans et le Flamenco ont toujours été du côté des opprimés, brimés, déportés dans les camps de la mort nazis, soumis aux pires exactions depuis toujours. Rocio Marquez n’oublie pas, et elle tient à nous le faire savoir. Olé, Rocio !

Marc Roudier
Suivez le Festival flamenco de Nîmes 2013 avec notre dossier spécial : https://inferno-magazine.com/category/festival-flamenco-nimes-2013-2/