FAIS UN EFFORT POUR TE SOUVENIR. OU, À DÉFAUT, INVENTE / EXPOSITION A BETONSALON

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FAIS UN EFFORT POUR TE SOUVENIR. OU, À DÉFAUT, INVENTE / Une proposition du PEUPLE QUI MANQUE / Bétonsalon / Paris / Jusqu’au 13 avril 2013.

L’exposition FAIS UN EFFORT POUR TE SOUVENIR. OU, À DÉFAUT, INVENTE est organisée par Le Peuple qui Manque et s’attache aux formes narratives déployées par les artistes féministes/ queer pour repenser la forme du récit historique.

« Nous qui sommes sans passé, les femmes / Nous qui n’avons pas d’Histoire […] ». Les premières paroles de l’hymne du Mouvement de Libération des Femmes nous rappellent bien le processus de déhistoricisation dans lequel les femmes ont longtemps été prises. En 1970, la poétesse américaine Robin Morgan proposait alors, dans l’anthologie de textes féministes Sisterhood is powerful , le néologisme de herstory pour qualifier un programme de reconstruction et pourrait-on même dire, littéralement, d’invention d’une « Histoire des femmes ». En jouant sur une forme de féminisation du mot « histoire », ce néologisme, dans son prescriptivisme linguistique, révélait le caractère sexué de l’historiographie. Au-delà d’une simple célébration de telles ou telles figures de femmes oubliées, l’ herstory allait poser, plus ambitieusement, les prémices d’une réécriture féministe et queer de l’Histoire, à rebours d’une Histoire positiviste qui, non seulement s’avérait incapable de révéler la présence des minorités, en tant que sujets politiques, dans la texture de l’Histoire, mais produisait davantage encore les conditions mêmes de leur subalternité (Guha, 1988 ; Preciado, 2005).

Produire ce féminisme, et pourrait-on dire, cette queerisation de l’Histoire, reviendraient alors, en premier lieu, à modifier épistémologiquement la discipline historienne et plus particulièrement ses mises en récit et ses formes narratives. C’est alors par l’invention ou le déploiement de nouvelles technologies d’écriture (telles que la mythologie, l’auto-histoire-théorie, la fictionnalisation d’archives, le reenactment , la superposition ou la dislocation temporelle) que les écrivains, poètes, artistes (post)féministes de l’exposition « Fais un effort pour te souvenir. Ou, à défaut, invente. » mettent en crise les mises en forme normalisées du savoir et du récit historique linéaire. Ils-elles disloquent ainsi les frontières artificielles entre histoire privée et collective ; faits et affects ; archiviste et producteur(trice) de l’archive et assument la position située de l’historien(ne), comme un lieu d’énonciation spécifique. Plus encore, certaines de ces révisions se distinguent par leurs schémas anti-chronologiques, procédant par chiasmes temporels et réminiscences, ou usant de stratégies parafictionnelles. Les artistes inventent alors des archives ou des personnalités fictives pour suppléer aux généalogies manquantes. L’exposition se déploie entre les silences de l’Histoire et la nécessité de produire celle-ci lorsqu’elle vient à manquer.

LE PEUPLE QUI MANQUE 
Kantuta Quirós et Aliocha Imhoff sont commissaires d’exposition, chercheurs et critiques d’art. Fondateurs de la plate-forme curatoriale le peuple qui manque créée en 2005 à Paris, laboratoire de réflexion entre art contemporain et théorie critique, ils ont conçu des manifestations (expositions, symposiums internationaux, festivals, rétrospectives, rencontres, cartes blanches, etc.) pour de nombreux centres d’art et institutions. Parmi leurs projets récents ou à venir (2010-2013) : A Thousand Years of Nonlinear History (Centre Pompidou, 2013) ; L’artiste en ethnographe (symposium international, Musée du Quai Branly et Centre Pompidou, 2012) ; Atlas critique (exposition, Parc Saint Léger, 2012), ou encore Que faire ? art/film/politique (évènement, Centre Pompidou, Palais de Tokyo, Beaux-arts de Paris, Labo- ratoires d’Aubervilliers, Khiasma, Cinéma le Méliès, Maison Pop’, 2010). Ils préparent actuellement, l’un et l’autre, une thèse de doctorat en esthétique et sciences de l’art à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

http://www.lepeuplequimanque.org

Jusqu’au 13 avril 2013 / Une proposition d’Aliocha Imhoff et Kantuta Quiros (le peuple qui manque) avec : Gloria Anzaldúa, Pauline Boudry & Renate Lorenz, Giuseppe Campuzano, Theresa Hak Kyung Cha, Carola Dertnig, Cheryl Dunye, Renée Green, Marge Monko, Roee Rosen, Monique Wittig 

Bétonsalon – Centre d’art et de recherche 9 esplanade Pierre Vidal-Naquet Rez-de-chaussée de la Halle aux Farines 75013 Paris

Visuel : Pauline Boudry / Renate Lorenz, N.O. Body, 2008 Installation, film (16 mm /DVD 15 min) et 47 photographies © Les artistes, Ellen De Bruijne, Amsterdam et Marcelle Alix, Paris

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