FESTIVAL TRANSAMERIQUES 2017 : MANUEL ROQUE, « BANG BANG »
Montréal, envoyé spécial.
FESTIVAL TRANSAMERIQUES 2017 – MANUEL ROQUE – BANG BANG
Toc Toc.
Manuel Roque ne semble pas être un mauvais garçon. Il n’est pas mauvais danseur non plus. Il a dansé pour Marie Chouinard ou Paul André Fortier… mais est-il pour autant un bon danseur de ses propres pièces ?
Après Data, intégralement dansé sur Le Requiem de Fauré, il revient au FTA avec Bang Bang, un – énième ! – solo où, avec les mêmes tics corporels, une attention centrée sur lui qui ne dépasse pas le troisième rang. Il travaille sur la pulsation, sur le rythme des basses, d’où le titre…
Le soliste – c’est un peu cet effet que donnent ses solos – entre par le fond de la salle, se place et la musique commence. Alors, il saute. Il effectue des flexions des genoux, dresse son buste et ainsi de suite. Evidement, au bout d’un moment, il est en nage. Manuel Roque pense d’ailleurs que c’est le signe que l’excellence est atteinte… Il changera à la fois de style de sauts, de trajectoire. Il jettera sa sueur sur le plateau. Il jouera tout cela dans un flot d’effets de lumières où tout y passe du contre jour à la peine ombre… en vain.
Dans le dossier qui nous est remis, Manuel Roque tient à ce que la pièce ne soit pas « hypnotisante » pour le spectateur. On le remercie, mais, il n’y a pas de danger. Manuel Roque s’observe tout le temps. Il aime se contempler. Tout en faisant beaucoup d’efforts, il est « extérieur ». Il paraît toujours confondre ses états avec le sens… C’est d’autant plus frappant que dans le même festival, on a pu assister à la performance d’un Benoit Lachambre qui, dans une économie de moyens, quasiment sans rien faire, du moins sans tenter de faire sentir qu’il cherche à ne rien faire, Lachambre embarque une centaine de personnes avec une présence simple, joyeuse, ludique mais intense et habitée… Manuel Roque s’écoute danser. Il est satisfait de ce qu’il fait et d’ailleurs le succès qu’il a à Montréal lui confirme qu’il est sur la bonne voie. Dans son texte d’intentions, il dit vouloir avec cette pièce se défaire de la danse des autres dont il est le porteur de fait ayant été leur interprète… il ferait bien de mieux s’entourer car il est dans une démarche hyper auto-centrée et faute d’être Bang Bang, cette pièce fait surtout toc et même toc toc. Un moment de grâce s’installe brièvement et il est dû à l’intrusion d’une voix OFF qui devrait guider le danseur – chorégraphe mais il passe à côté. I feel beter now dit cette voix ; ça a failli être notre cas.
Emmanuel Serafini