« L’OISEAU-LIGNES », UN INSTANT SUSPENDU DANS L’ESPACE ET LE TEMPS

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Lausanne, correspondance.

«L’Oiseau-Lignes» de Chloé Moglia / Marielle Chatain – Du 10 au 18 janvier 2020 au Théâtre de Vidy-Lausanne.

Qui d’autre que l’oiseau pour défier la loi de la gravitation? Lors de son «poème graphique sonore», Chloé Moglia met en place une performance aussi vertigineuse qu’harmonieuse.

Ligne de vie, ligne de fuite, ligne d’amarrage, ligne de force, ligne d’horizon ou ligne mélodique. Autant de lignes thématiques que l’on peut imaginer dans l’accomplissement de ce spectacle. C’est d’ailleurs par le dessin qu’il débute. Une introduction plastique qui encadre la performance et propose une forme de concept.

Les sonorités électroniques d’un assemblage de lignes rythmiques et mélodiques viennent jalonner les gestes et les postures, créant une atmosphère tantôt grave, tantôt légère, ponctuée de chants d’oiseaux (création de Marielle Chatain, jouée en alternance par Carla Pallone).

Un grand bloc rectangulaire amovible barre le fond de la scène. Il fera office de tableau noir, un support sur lequel l’artiste pose des traits aimantés, dessinant des signes cabalistiques qu’elle va ensuite repositionner en une ligne courant de l’alpha à l’oméga. Puis, rapidement esquissés à la craie, la musicienne et l’acrobate dessinent et entremêlent des figures humaines et animales, ébauchant un tableau du vivant.

Avec une grâce qui fait oublier l’immense effort accompli, Chloé Moglia se hisse sur le panneau mobile et le traverse lentement, multipliant les postures et les amplitudes, tout en arabesques et bascules corporelles.

Puis, se suspendant à une fine structure en forme de ligne fixée dans les cintres, l’artiste parcourt toute sa longueur précautionneusement, délicatement, artistiquement. Passant d’équilibres statiques à des enroulements autour de la ligne, la pesanteur semble ne plus avoir aucune prise sur ce corps aérien. Un point de suspension en promenade, comme l’a dit Paul Klee.

Soutenue uniquement par la musique et une force musculaire insoupçonnable, elle se meut sur cette ligne fragile, dont certains tronçons se rompent, et avance inexorablement vers son dénouement.

Un spectacle qui invite à une totale déconnexion, un moment où nos neurones miroirs s’installent eux aussi dans l’apesanteur, un instant suspendu dans l’espace et dans le temps.

Martine Fehlbaum,
à Lausanne

Photo Vinvella Lecocq

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