ANNE IMHOF, « NATURES MORTES », PALAIS DE TOKYO

 

anneimhof faust

ANNE IMHOF – Natures Mortes  – Palais de Tokyo, Paris – 22 mai-24 octobre 2021 

Au printemps 2021, Anne Imhof investit les espaces du Palais de Tokyo pour réaliser une exposition qui s’inscrit dans la continuité d’une série de Cartes Blanches, initiée par Ugo Rondinone en 2007 puis déployée avec celle de Philippe Parreno en 2013, Tino Sehgal (2016), Camille Henrot (2017) et Tomàs Saraceno (2018). Anne Imhof, qui bénéficie actuellement d’une reconnaissance internationale, couronnée notamment par le Lion d’or obtenu à la Biennale de Venise avec Faust en 2017, a été montrée au Palais de Tokyo dès 2015 avec sa pièce performative Deal présentée dans le cadre du festival Do Disturb. En parallèle avec l’exposition, elle créé une nouvelle œuvre performative d’envergure, Natures Mortes.

A travers cette nouvelle Carte Blanche, le Palais de Tokyo souhaite montrer l’amplitude et la nature protéiforme de la pratique d’Anne Imhof. Cette exposition d’envergure, à ce jour plus vaste projet réalisé par l’artiste, présentera à la fois son travail en tant que peintre, dessinatrice et sculptrice – encore méconnue en France – issue de ses recherches sur la dramaturgie des corps et la composition sonore. Rage, Deal, Angst, Faust ou encore Sex, les titres des œuvres d’Anne Imhof s’affirment comme des mots-clés puissants, telles des allégories révélatrices de ses réactions intimes face à la société. Inspirée de l’œuvre de Picabia “Natures Mortes : Portrait de Cézanne, Portrait de Renoir, portrait de Rembrandt”1, l’exposition Natures Mortes, conçue par Anne Imhof au Palais de Tokyo, affirme d’entrée de jeu l’entropie.

Voici ce qu’en disent les deux commissaires :

Après avoir assiégé le pavillon allemand avec son chef-d’œuvre Faust récompensé par le Lion d’or à la Biennale de Venise en 2017, Anne Imhof prend possession de l’ensemble du Palais de Tokyo, pour composer une œuvre totale et polyphonique. Elle y fait fusionner l’espace et les corps, la musique et la peinture, ses œuvres et celles de ses complices, dont l’artiste plasticienne et compositrice Eliza Douglas, et de la trentaine d’artistes invités. Formée à la Staatliche Hochschule für Bildende Künste-Städelschule à Francfort, l’une des plus prestigieuses écoles d’art en Allemagne, et immergée dans la scène musicale et nocturne de la ville, l’artiste s’est imposée en une dizaine d’années comme une figure majeure de l’art contemporain au travers d’une œuvre radicale.

Au sein de l’architecture du Palais de Tokyo mise à nu, dont elle exhume la fragile ossature et dont elle révèle la topographie, elle inscrit une architecture de verre qui démultiplie et génère de nouvelles perspectives. Des points de fuite, des béances invitent à plonger dans l’obscurité, jusqu’aux entrailles du Palais de Tokyo, son underground. Investissant le monde des spectres et de l’occulte, en un désenchantement provocant et festif qui évoque Rimbaud et sa Nuit de l’enfer, l’œuvre d’Anne Imhof réveille les mythes et les peurs. Des objets inanimés, des fleurs fanées, des bougies consumées, des canettes au liquide qui s’évapore, sollicitent tous les sens et rappellent que si la nature morte trouve son origine dans le thème de la vanité religieuse, cette représentation allégorique du temps qui passe et de la mort peut aussi être une célébration du vivant et s’affirmer comme la matrice où l’art conjugue les pulsions de vie et de mort, de jouissance et d’angoisse, de mélancolie et d’énergie. Les poings levés (en allemand, Faust signifie « poing »), les corps arqués, les âmes damnées font vibrer ces énergies souterraines libérées.

L’architecture du palais transfiguré par l’artiste en palais des glaces devient l’espace où les temporalités se télescopent, où, à travers les jeux infinis de reflets, d’apparition et de disparition, se construit un espace intermédiaire entre l’intérieur et l’extérieur, et où de nouvelles images émergent. Comme dans l’œuvre alchimiste de Sigmar Polke, pour lequel l’art n’est pas une forme achevée mais en perpétuel devenir, et à l’image de sa magistrale série Axial Age (2005-2007), où la peinture se fait architecture et scène, l’exposition d’Anne Imhof est une forme en mouvement, instable, irriguée par les corps. L’artiste invite à parcourir l’intervalle entre le vivant et le non vivant, l’ombre et la lumière, le passé et le présent, l’immobilité et l’action, l’intensité et le désenchantement, et à inventer sa libre trajectoire au sein de cette vaste scène ouverte et hors limite. Hantée par la peinture, le cycle fugace de la vie et les déflagrations du temps présent, elle compose ces Natures mortes – memento mori de l’ici et maintenant – où la vie tapie dans l’obscurité est prête à jaillir.

EMMA LAVIGNE VITTORIA MATARRESE
Commissaires de l’exposition

Anne Imhof est née en 1978 à Giessen en Allemagne. Elle vit et travaille à Berlin et Francfort (Allemagne). Après avoir étudié à la Städelschule (Francfort, Allemagne), elle réalise en 2013 sa première exposition personnelle « Parade » à Portikus (Francfort, Allemagne). Depuis, l’œuvre d’Anne Imhof ont été montrée notamment à l’Art Institute de Chicago (2019), Tate Modern (Londres, 2019), Hamburger Banhof (Berlin, 2016), Kunsthalle Basel (2016), MoMA PS1 (New York, 2015) et au Carré d’Art – musée d’art contemporain de Nîmes (2014). Elle a également participé à de nombreuses expositions collectives et festivals dont au MMK Frankfurt (2019 et 2014), Tai Kwun (Hong Kong, 2019), La Biennale de Montréal (2016), Centre Pompidou (Paris, 2015) et au Palais de Tokyo (Paris, 2015). Anne Imhof a représenté l’Allemagne à la 57e Biennale de Venise en 2017 où elle a remporté le Lion d’Or pour la meilleure participation nationale avec sa performance Faust. Elle a également remporté l’Absolut Art Award (2017) et le Preis der Nationalgalerie (2015).

1 Œuvre réalisée en 1920 pour célébrer la publication d’un Dada-Les manifestes

——————-

Palais de Tokyo invited Anne Imhof to realise an exhibition occupying all its spaces in the spring of 2021. This project continues a series of Cartes Blanches, beginning with Philippe Parreno in 2013 and followed by Tino Sehgal (2016), Camille Henrot (2017) and Tomàs Saraceno (2018) thereafter. Anne Imhof, whose international recognition includes the Golden Lion at the Venice Biennale in 2017, has exhibited at Palais de Tokyo as early as 2015 with DEAL, presented as part of the festival Do Disturb.

With this Carte Blanche, Palais de Tokyo wishes to highlight the amplour and protean character of her practice. For this first large-scale exhibition in France, she will combine performance, painting, music and installation works. From April, she will be stripping bare the spaces of Palais de Tokyo while inviting the public to a topographical experience, a spiral descent into the building’s entrails. Anne Imhof will thus open up new perspectives onto the spaces, but also onto her practice, placing it in a broader aesthetic and conceptual tradition, which connects it to other historical and contemporary artists. Her own works will be put into dialogue with pieces by guest artists which will punctuate the show.

For her Carte blanche, Anne Imhof will create effects of resonance and duplication amid an open architectural space, transformed into a vast sonic body and an inhabited labyrinth. She deconstructs the hierarchical systems it embodies so as to generate new images in which the live, visual arts, music and architecture merge.

Curators : Emma Lavigne and Vittoria Matarrese

Anne Imhof was born in 1978 in Giessen, Germany. She lives and works in Berlin and Frankfurt (Germany).

After studying at the Städelschule (Frankfurt, Germany), in 2013 she put on her first solo exhibition “Parade” in Portikus (Frankfurt, Germany). Since then, Anne Imhof’s work has been shown in particular at the Art Institute of Chicago (2019), the Tate Modern (London, 2019), the Hamburger Banhof (Berlin, 2016), Kunsthalle Basel (2016), the MoMA PS1 (New York, 2015) and the Carré d’Art – Musée d’Art Contemporain in Nîmes (2014). She has also taken part in a large number of group exhibitions and festivals, including the MMK Frankfurt (2019 and 2014), Tai Kwun (Hong Kong, 2019), La Biennale de Montréal (2016), the Centre Pompidou (Paris, 2015) and the Palais de Tokyo (Paris, 2015).

Anne Imhof represented Germany at the 57th Venice Biennale in 2017 where she won the Golden Lion for the best national participation, thanks to her performance Faust. She has also been awarded the Absolut Art Award (2017) and the Preis der Nationalgalerie (2015).

anneimhof3

images: 1- Faust à la Biennale de Venise 2017 – photo © Nadine Fraczkowski – 2- Anne Imhof, Faust (2017), vue d’installation 57ème Biennale de Venise – Photographie : Ugo Carmeni – Courtesy de l’artiste et du Pavillon allemand

 

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

  • Mots-clefs

    Art Art Bruxelles Art New York Art Paris Art Venise Biennale de Venise Centre Pompidou Danse Festival d'Automne Festival d'Avignon Festivals La Biennale Musiques Palais de Tokyo Performance Photographie Théâtre Tribune
  • Archives