« NO PARADERAN », LES INJURES C’ETAIT AVANT, Mr. BERRETTINI…

«No Paraderan» de Marco Berrettini

Lausanne, correspondance.

«No Paraderan» de Marco Berrettini – A l’Arsenic, Centre d’art scénique contemporain, Lausanne – les 22-23-24 juillet 2021.

Quinze ans plus tard, le public s’est ramolli, n’est-ce pas Monsieur Berrettini ?

Le spectacle « Parade » de Cocteau et Satie en 1917 a choqué le public et la critique. Il a aussi préfiguré le mouvement surréaliste.

En 2004, le show de Marco Berrettini, « No Paraderan », a lui aussi scandalisé le public parisien du Théâtre de la Ville. Cela peut paraître étrange actuellement. Est-ce son nihilisme d’un spectacle idéal qui est mal passé? Ce tollé a même provoqué la dislocation de la troupe ! La pièce a-t-elle été remaniée ? Néanmoins, cette volonté de ne pas aguicher le public en paradant semble en tous cas plus admissible en 2021. Les spectateurs en ont vu d’autres et apprécient.

C’est la voix de Dean Martin, one sixties’great crooner, qui ouvre ce show à l’américaine. Les gars sont en smoking noeud pap’, boivent des coups et se tapent dans le dos, les femmes ne sont pas en reste, clope au bec et coupe de champ’ à la main. Tout cela sans exclure du tout la présence des spectateurs, «Bonsoir public!».

Tout se déroule devant (ou derrière?) le rideau fermé, en une sorte d’ostensible aparté. Ce rideau rouge, qui commence par prendre toute la place, est presque un personnage qui va se distancier peu à peu du spectacle. Un spectacle ou une répétition ? Un service-boy rempli de verres et de bouteilles, unique élément matériel de la scénographie, est pris d’assaut durant toute la représentation, tandis que les interprètes se permettent sans vergogne de discuter bruyamment entre eux pendant qu’une comédienne déclame le monologue de Phèdre. Non, ils ne paraderont pas.

Une candide princesse aux grands yeux écarquillés plus scintillants que son diadème ; une remarquable danseuse de variété dont la grâce élastique subjugue ; une chanteuse de charme moulée dans une robe fourreau; un comique bégayant faussement ahuri ; une illustre comédienne ; un craquant cabotin italien ; un beau parleur ; un excellent danseur ! des pointures !

«Mais où donc où est passé cet artiste?» se demandent-t-ils ponctuellement. Justement, ces 7 artistes y vont chacun.e de leur talent. Mine de rien, l’ensemble de la troupe, et tour à tour chacun.e de ses membres, déploie des trésors de trouvailles dansées, jouées, mimées, chantées ou encore parlées. C’est joyeux, divertissant, drôle, bien rendu. Cette apparence foutraque n’est que poudre aux yeux, les sketches des un.e.s et des autres assurent et épatent, les jeux de mots fusent, heu, pas toujours du meilleur goût…et le public se sent inclus dans cette joyeuse ambiance.

Imperceptiblement, le plateau s’est agrandi, le rideau laissant place au spectacle. Pourtant, ce seront des adieux que les artistes déposeront aux pieds du public, lui proposant en ultime cadeau, une prestation personnelle : une chanson, un cri, un mime…

Pourtant il en est un qui n’obtiendra pas du public ce qu’il lui a demandé. Les injures, c’était avant. Peut-être était-ce tout l’inverse que les spectateurs désiraient lui offrir.

Martine Fehlbaum,
à Lausanne

Avec :  Marco Berrettini, Jean-Paul Bourel, Valérie Brau-Antony, Ruth Childs, Bruno Faucher, Chiara Gallerani, Gianfranco Poddighe, Antonella Sampieri.

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